Analyse : FOCUS Lecture environnementale de la ville-oasis : Mise en valeur du patrimoine architectural II

 Par Najet Hédili *
Tendance de disparition du savoir-faire ancestral dans les métiers
de la construction
La rareté de maîtres-artisans constructeurs, menuisiers, forgerons et autres spécialistes s’explique par la faible demande. Les usagers optent pour des choix constructifs «modernes».Imitation de ce qui se fait ailleurs. Or une imitation sans maîtrise devient une singerie. Ce que l’on croit moderne est en effet une caricature du modèle. En revanche, si la modernité de certains matériaux et de nouvelles technologies est maîtrisée et utilisée à bon escient, elles peuvent contribuer à la mise en valeur de l’architecture patrimoniale. L’expérience de Dar el wedi à Nafta en est un exemple. L’actualisation des techniques de construction et leur adaptation aux aspirations légitimes de confort ont donné une originalité et excellence aux solutions apportées. A citer l’exemple des câbles tenseurs réglables utilisés pour permettre au bâtiment de bouger. En fait,par les grandes chaleurs, les murs bougent, les câbles leur permettent cet écart sans qu’il y ait rupture. Ainsi que l’exemple de l’installation de sanitaires modernes et revêtement en faïence.

Lecture globale du tissu urbain des villes-oasis 
Les noyaux historiques des villes–oasis ne constituent qu’une partie des villes actuelles. Ces villes se sont développées autour de grands axes de circulation qui relient la ville à la région et à la capitale. Dans les cinquante dernières années, ces villes ont subi des changements, fruits de décisions politiques diverses. Ceci a eu des conséquences urbaines lourdes sur la configuration des villes et sur le paysage urbain.
Autant en Occident, l’avènement de l’ère moderne et le passage de la société médiévale à la société industrielle et post-industrielle se sont faits à l’échelle du temps ; autant nos sociétés ont subi l’onde de choc sans connaître les phénomènes générateurs de ces changements structurels. La rapidité de cet apport exogène a engendré des failles profondes dans nos sociétés. Ajouté à cela les effets d’une vision dévalorisante de tout ce qui est local. Cet héritage de l’ère coloniale est l’un des nombreux problèmes identitaires non réglés. On ne peut mettre en valeur un patrimoine matériel ou immatériel auquel on ne croit pas ; tant qu’il n’y a pas eu de réconciliation avec nous-mêmes, avec notre identité une et multiple.

Conclusion 
Le but de cette intervention est la mise en valeur du patrimoine architectural et urbain des villes oasiennes ; ainsi que le savoir-faire des métiers du bâtiment et de l’artisanat
La valorisation de l’utilisation des matériaux, leur adaptation aux aspirations actuelles et l’amélioration de leurs performances par la recherche.
Rétablir l’échange entre les villes–oasis dans le Maghreb, la Méditerranée et à une échelle plus grande.

Création d’un centre de recherche des villes-oasis regroupant les pays participant au congrès régional sur le développement des oasis Ce centre régional de recherche aura pour mission :
• Etude et recherche sur les oasis et leur environnement
• Recherche sur les changements climatiques et leur impact sur les ressources hydriques et naturelles des oasis
• Recherche agronomique sur les oasis et sur les maladies des palmiers
• Mise en valeur des ressources humaines pour une meilleure fixation des populations oasiennes sur place
• Mise en valeur du patrimoine architectural artisanal et le savoir-faire local
• Recherche sur les matériaux de construction et leur amélioration
• Accompagnement des populations pour un comportement écologique responsable
• Mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel du monde oasien.
*Architecte urbaniste

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