Ils ont dit

Houssin Rhili, expert économique

« La production du phosphate a baissé de 2,8 millions tonnes par an entre 2011 et janvier 2022. Cette année, les indicateurs sont encourageants, après la production de 1,4 million de tonnes, au cours du premier semestre, et ce, malgré l’arrêt de l’unité de lavage du phosphate de Redeyef, qui produit entre 500 et 600 mille tonnes de phosphate par an. La croissance du rythme de production a permis de couvrir tous les besoins du Groupe Chimique, qui dispose d’une réserve de 9 mois et ne sera pas obligé d’importer du phosphate. La reprise de la ligne ferroviaire reliant Redeyef à Om Larayès, suspendue depuis 2017, a permis de transporter de grandes quantités de phosphate. Tous ces facteurs ont permis de constituer une réserve considérable par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), et de relancer l’exportation du phosphate commercial, après une rupture de 10 ans, notamment vers la France, l’Allemagne, le Canada et vers d’autres marchés asiatiques, dans la mesure où le phosphate tunisien peut être directement exploité sans avoir besoin de le transformer. La Tunisie peut profiter de la crise russo-ukrainienne et se positionner sur le marché international pour doubler sa production, combler le déficit de la CPG et exporter entre 800 mille et un million de tonnes de phosphate commercial ».

Bassem Neifar, analyste financier

« Nous n’avons pas atteint le niveau de l’année 2019 en termes de valeur ajoutée. Si la crise en Ukraine se poursuit et les prix continuent leur montée en  flèche, l’Etat sera contraint d’affecter une importante partie du budget pour subventionner le pétrole et les céréales, engendrant ainsi la régression de l’investissement public. Cette croissance demeure assez minime et ne peut ni créer de nouveaux emplois ni de la richesse ou fournir les ressources financières nécessaires pour financer les besoins du pays ».

Belhassan Chiboub, directeur général de l’électricité et de la transition énergétique au ministère de l’Industrie

La révision à la hausse des tarifs de l’électricité concerne les personnes dont la consommation dépasse les 200 kWh, soit environ 15% des clients de la Steg (environ 500 mille clients). Cette hausse ne concerne, ainsi, que les grands consommateurs de l’électricité et du gaz, selon ses dires, sans toucher les autres clients et catégories sociales. Le prix du kWh est passé de 176 à 218 millimes en tenant compte des subventions de l’Etat, qui ont atteint 5.200 millions de dinars. Une somme équivalente aux budgets des ministères de la Santé et des Affaires sociales. La loi de finances a été élaborée sur l’hypothèse d’un prix de baril de pétrole à 75 dollars, alors que son prix a dépassé la barre de 100 dollars. C’est la conjoncture actuelle qui a poussé le ministère à revoir le prix de l’électricité, tout en prenant en considération certaines catégories sociales. Le secteur de la production énergétique reste le plus grand consommateur du gaz naturel que la Tunisie importe d’Algérie. Cela ne pose pas de problème sauf si la demande dépasse les quantités habituellement importées de l’Algérie, ce qui est actuellement le cas. Les importations du gaz naturel algérien ont augmenté dernièrement de moitié ».

Laisser un commentaire