Célébration de la Journée internationale des réfugiés : «Les réfugiés entre reconnaissance et oubli» à la Cinémathèque tunisienne : Babylon, le parti pris de l’image sur la parole

Une exposition, un cycle de films et une table ronde (22 juin) constituent les différents volets de la célébration de la Journée internationale des réfugiés, organisée chaque année le 20 juin. L’événement a été ouvert avant-hier à la Cinémathèque de Tunis. Trois intervenants ont participé à son montage : la Cinémathèque, le Conseil tunisien pour les réfugiés et l’Association Arthémis.
L’exposition, présentée du 18 au 23 juin, regroupe des peintures et des costumes traditionnels, réalisés par des demandeurs d’asile et des réfugiés en Tunisie, une Yéménite, une Iraquienne et un Syrien.
Concocté par les responsables de la Cinémathèque et notamment par son directeur, Hichem Ben Ammar, le cycle de film qui se poursuit jusqu’à la fin de la semaine s’intitule : «Les réfugiés entre reconnaissance et oubli». Provenant de onze pays, les longs métrages, documentaires et fictions programmés traitent des questions de l’exil et de l’asile.
Le cycle s’est ouvert avec le film documentaire «Babylon» d’Alaeddine Slim, Ismail Louati et Youssef Chebbi.

Un documentaire filmé sans chichi
Durant deux heures, le film «Babylon» tourné au printemps 2011 restitue un moment clé de la répercussion de la révolution tunisienne sur la géopolitique de la région. Au moment où, par effet de contagion, une révolution éclate en Libye. Fuyant les combats qui s’intensifient dans ce pays entre les révolutionnaires et les troupes loyalistes de Kadhafi, plus d’un million de réfugiés, de toutes nationalités et d’autant de langues, affluent en Tunisie. Un camp devenu la ville de toutes les nationalités, de toutes les langues, notamment d’Afrique et d’Asie, mais également de toutes les ONG d’aide humanitaire, jaillit alors de terre sous la haute protection de l’armée tunisienne. Avec modestie, humilité et humanisme, la caméra des trois réalisateurs suit l’évolution de la vie du camp de Choucha du début jusqu’à la fin de cette saison d’exil tunisien. La structure du film rappelle les chapitres d’un livre qui défilent sur des thématiques liées à l’existence des réfugiés : «secourir», «se nourrir», «se nettoyer», «se divertir», «chanter et danser», «jouer», «s’engueuler», «se révolter», «partager», «communiquer», «prier», «polluer l’environnement», «partir»…
Le parti pris des trois réalisateurs consiste également à faire un film avec un minimum de paroles et point de traduction des rares dialogues. Seule compte la langue des images comme au temps du cinéma muet. Comme le veulent le sens et l’essence du septième art.
Que subsiste-t-il huit ans après de cette tranche d’histoire tunisienne où s’est exprimée toute la générosité d’un peuple nouvellement en révolution ? Probablement les déchets plastiques qui jalonnent encore cette zone proche du poste frontalier tuniso-libyen. Et les images fortes et inoubliables d’AlaeddineSlim, Ismail Louati et Youssef Chebbi.

Laisser un commentaire