BILLET | La règle des « cinq secondes»…

Le football, comme on le vit aujourd’hui, a perdu une bonne partie de son âme et beaucoup de son innocence. Des équipes comme l’Espérance, l’Etoile, le Club Africain et le Club Sportif  Sfaxien donnent  de plus en plus l’impression de ne plus jouer dans la même cour. Elles n’ont plus la même vocation, ni la même motivation. Les arguments auxquels elles s’attachent ont aujourd’hui d’autres noms, d’autres significations.

L’obligation de résultat, sans cesse croissante, n’a fait qu’accentuer le recours à des tactiques qui visent moins à gagner, qu’à faire perdre ses repères à l’adversaire. Et c’est toute la base d’un renoncement mené avec insignifiance et imperceptibilité.

Sur fond d’innovation tactique faite essentiellement de restrictions et de manque d’audace, on ne voit plus des équipes proposer un beau football, conserver le ballon et imposer  leur rythme. Les tendances vont clairement dans le sens inverse et il est de plus que plus question de réinventer en profondeur les règles du football, sans le moindre souci pour l’esprit du jeu.

On distingue là, brièvement résumée, une tendance opposée à ce qu’on avait l’habitude de voir, d’apprécier et même de bénir et qui consistait à prendre le jeu pour principale ambition. Le niveau que la plupart des équipes laissent entrevoir  est réduit à sa plus simple signification. Comme s’il était interdit d’avoir des ambitions lorsqu’on en a pourtant les moyens !

La défaite est interdite et seul le résultat compte. C’est  comme cela qu’on qualifie la victoire du football pragmatique sur le football total. Triste constat : les équipes se bâtissent d’abord sur une défense solide, la créativité et le caractère offensif sont presque ignorés. C’est la méthode du football béton et la pensée unique qui imposent une ligne de cinq défenseurs et qui justifient cela par un illusoire apport des latéraux…

Il fut un temps où des équipes tunisiennes étaient surtout connues et réputées pour leur aptitude à se revendiquer dans un football tellement inspiré qu’il rendait toute construction de jeu possible. La plupart des équipes d’aujourd’hui ne disposent  pas vraiment de joueurs suffisamment techniques pour perpétuer une pareille tradition.

Plutôt que de prendre les solutions faciles et défendre plus pour gagner un peu plus, on aurait dû s’inspirer de la manière de jouer des équipes, comme Manchester City et Liverpool qui ont fait le choix de l’audace, qui sont déterminées à marquer plus de buts que ce qu’elles concèdent. Des modèles du pressing haut et de la règle des « cinq secondes», telle qu’elle a été inventée par Guardiola. Des équipes qui ont su développer et imposer leur propre identité de jeu. Un autre monde, d’autres acteurs.

Mais il s’agit là d’une option et d’un rôle que seuls quelques entraîneurs, mais aussi dirigeants visionnaires, peuvent sans doute assumer. Même si le jeu reste collectif, le comportement et le mode d’incarnation sont de plus en plus individuels.

Il est clairement défini que perdre fera sûrement perdre des points, des gens et des supporters, mais jamais les valeurs et les acquis du vrai football. Le jeu offensif et d’attaque n’apportera pas beaucoup de résultats. Mais il en apportera les bons.

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