Fita 2022 | Partenariat entre la Tunisie, la Libye et la Corée du Sud : Jouer la carte de la triangulation

Plus d’une cinquantaine d’hommes d’affaires coréens ont participé à la 5e édition de la conférence internationale Fita pour prospecter les opportunités d’affaires et d’investissement que fait miroiter la reconstruction de la Libye.

Le partenariat triangulaire gagnant-gagnant entre la Tunisie, la Libye et la Corée du Sud a fait l’objet d’une table ronde à laquelle ont pris part une cinquantaine d’hommes d’affaires coréens venus en Tunisie pour prospecter les opportunités d’affaires et d’investissement que fait miroiter la reconstruction de la Libye. Il semble, également, que le marché africain suscite l’intérêt des Coréens qui soupèsent les avantages de l’entrée sur un nouveau marché auquel les entreprises  du pays du matin calme ne sont pas habituées. “Les Coréens ne connaissent pas l’Afrique. La chambre tuniso-coréenne veut accompagner les hommes d’affaires coréens qui souhaitent investir en Afrique. On leur a proposé que la Tunisie soit la porte d’entrée pour l’Afrique”, a souligné Slim Sellami, président de la Chambre tuniso-coréenne dans une déclaration accordée à La Presse.

Slim Sellami : “Cette première rencontre est une réussite”

Sellami a précisé que l’intérêt de cette table ronde qui a réuni des hommes d’affaires et des responsables  tunisiens, libyens et coréens  consiste avant tout à voir comment pouvoir accéder ensemble au marché africain.“Notre objectif est aussi de promouvoir le marché libyen. Nous souhaitons construire un partenariat entre la Tunisie, la Libye et la Corée du Sud grâce à des projets de triangulation”, a-t-il ajouté. Il estime que cette première rencontre d’affaires est une réussite et jette les bases d’une coopération encore plus développée entre les trois pays. “Il y a de véritables opportunités qui peuvent profiter à toutes les parties.  Les secteurs prometteurs où on peut développer de tels partenariats sont multiples. L’IT (information technologique), la  construction et l’infrastructure, le secteur médical, l’agriculture et le tourisme sont tous  des secteurs qui intéressent les Coréens. Aujourd’hui, pour une première édition, nous avons plus de 50 hommes d’affaires coréens qui sont présents. Ce qui montre l’intérêt que portent les Coréens à ces marchés prometteurs. Et je pense que c’est une réussite”.

La table ronde a été rehaussée par la présence des ministres du Commerce de la Libye et de la Tunisie qui ont présenté les moult atouts dont jouissent les deux pays, notamment la proximité avec l’Afrique subsaharienne et l’appartenance aux zones de libre-échange africaines, telles que le Comesa et la Zlecaf. 

Profiter des accords de libre-échange conclus avec la Tunisie

Dans son allocution d’ouverture, la ministre tunisienne du Commerce et du Développement des exportations, Fadhila Rabhi, a mis l’accent sur l’importance de la position géographique  de  la Tunisie et  de la Libye, comme étant un atout  clé leur permettant de jouer le rôle d’un hub pour l’Afrique.

Elle  a appelé les hommes d’affaires coréens à développer des partenariats avec leurs homologues libyens et tunisiens, et ce, dans le cadre d’une vision commune qui tient compte de la compétitivité des secteurs identifiés comme  prioritaires. “Cette vision commune doit également prendre en considération les possibilités d’accès aux marchés africain, arabe et européen, et ce, grâce aux divers  accords de libre-échange conclus avec la Tunisie”, a-t-elle précisé.   

La ministre du Commerce a par ailleurs indiqué que les  technologies, l’industrie des composants électroniques et mécaniques, l’industrie pharmaceutique, les énergies renouvelables ainsi que la construction et le bâtiment sont des secteurs prometteurs qui peuvent faire l’objet d’un partenariat tripartite avec la Corée du Sud.

Par ailleurs, elle  a appelé à promouvoir l’échange d’expériences entre la Tunisie et la Corée du Sud  dans les domaines du  commerce électronique, de l’intégration dans les marchés virtuels et de la cybersécurité. “La Tunisie devrait tirer profit de l’expérience pionnière de la Corée du Sud  dans ces secteurs porteurs pour qu’elle puisse  se mettre au diapason de l’évolution technologique accélérée dans ces secteurs” a-t-elle ajouté. 

La ministre du Commerce a, en outre,  indiqué que les projets de  la zone franche de Ben Guerdane ainsi que  la plateforme industrielle du Centre ( actuellement en cours de réalisation) peuvent servir de rampe de lancement vers un partenariat triangulaire avec la Corée du Sud et la Libye.

Mohamed El-Houweij: “Nous devons sécuriser notre alimentation”

De son côté, le ministre libyen de l’Economie et du Commerce, Mohamed el-Houweij, a souligné que de par leur position géographique, la Tunisie et la Libye aspirent à être la porte d’entrée de l’Afrique. Il a affirmé que le partenariat avec la Corée du Sud sera le levier technologique et le bras d’investissement qui va permettre, à ces deux pays nord africains,  d’atteindre cet objectif. Evoquant la recomposition de l’économie mondiale comme conséquence directe de la crise Covid et  de la guerre en Ukraine, le ministre libyen a souligné que l’économie mondiale est en train d’évoluer  vers un nouveau modèle basé sur la technologie et la réduction des coûts de production.  “Nous devons sécuriser notre alimentation. Nous devons travailler ensemble pour assurer la sécurité alimentaire de nos peuples. Pour ce faire, il faut  coopérer et investir de concert dans les domaines de l’agriculture, l’industrie agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, etc. Cela nécessite également une infrastructure solide qui favorise  le commerce frontalier”, a-t-il précisé. Houweij a, par ailleurs, annoncé  que deux grands projets routiers reliant la Libye avec d’un côté le Niger et de l’autre le Soudan,  sont en cours de réalisation. Le premier projet concerne  une route qui relie Misrata au Niger, tandis que la deuxième route  traverse tout le pays  en partant de Benghazi pour atteindre le Soudan. “Nous sommes conscients qu’après la guerre en Ukraine et la crise Covid-19, il y a une redistribution des cartes économiques à l’échelle mondiale. Nous devons penser hors des sentiers battus et passer à l’action à travers un secteur privé fort”, a-t-il souligné.

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