Législatives françaises | 3 questions à Karim Ben Cheikh, candidat de «la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale», pour la 9e circonscription : «Je défends une ambition républicaine pour les Français établis hors de France»

Trois questions à Karim Ben Cheikh, candidat (avec Maïmouna Dieng comme suppléante) de «la Nouvelle union populaire écologique et sociale», pour la 9e circonscription. Une circonscription qui comprend le Maghreb et une bonne partie de l’Afrique de l’Ouest. Issu d’un milieu modeste, Karim Ben Cheikh a passé une bonne partie de sa jeunesse en Tunisie, particulièrement à Bir Mcherga. Diplomate depuis plusieurs années, il brigue aujourd’hui le poste de député des Français de l’étranger, avec pour principal combat : augmenter les budgets des consulats français. Les élections législatives se tiennent officiellement les 12 et 19 juin, mais le vote électronique a déjà été ouvert il y a quelques jours.

Quelles sont vos ambitions pour ces élections législatives ?

Cela fait un moment que je suis confronté aux problèmes des Français à l’étranger, ne serait-ce que personnellement, car j’ai grandi à l’étranger. Je suis issu d’une famille de classe très modeste. J’ai vécu les difficultés des Français établis à l’étranger mais j’ai vécu aussi tout ce que la République pouvait faire pour les enfants établis à l’étranger. Moi, j’ai fait mes études grâce à des bourses sociales.
C’est d’ailleurs comme cela que j’ai pu faire l’école française en Tunisie et mes études universitaires.
Grâce au concours de la République, je suis diplomate depuis déjà 16 ans. C’est donc aussi cette ambition républicaine pour les Français établis hors de France que je défends. Par ailleurs, j’ai été aussi confronté aux limites de ce qui est aujourd’hui proposé aux Français établis à l’étrangers.

Qu’attend un expatrié d’un élu à l’Assemblée ?

Je crois qu’on attend de la proximité, c’est-à-dire qu’un élu doit aller à la rencontre des électeurs, mais une fois les élections passées, il doit aller à la rencontre de ses concitoyens.
Depuis 6 mois, je suis sur le terrain. J’ai fait 22 villes de la circonscription.
Pour écouter ce que les Français ont à nous dire. Mais surtout, un élu doit légiférer, pour apporter des réponses et des solutions aux problèmes de ces Français. Il s’agit-là d’apporter des solutions pérennes.

Comment se faire entendre dans un parlement où il y a 577 autres élus ?

C’est du travail ! C’est du travail de tous les jours. Il faut savoir monter des coalitions autour des projets qu’on veut porter. Il s’agit du travail quotidien d’un élu. Il doit pouvoir dégager des majorités autour de questions précises. Cela demande une certaine volonté et surtout une vision claire de ce que l’on veut porter.
Il y a un second volet sur lequel l’Assemblée nationale est importante, c’est que l’ensemble des budgets y sont débattus. Par budget, j’entends aussi les moyens humains, à la personne près, dédiés aux services de l’Etat. Et s’agissant des Français à l’étranger, je pense que nous avons un manque cruel de moyens. Sur les 30 dernières années, le ministère des Affaires étrangères a perdu 50% de ses effectifs et de ses moyens. Cela a un impact certain sur le réseau consulaire et sur la qualité des services. Nous avons donc assisté à un véritable démantèlement de ce réseau et des moyens humains et afférents tout au long des 30 dernières années.

Vous avez sillonné la circonscription dans laquelle vous vous présentez, que vous disent les Français que vous avez pu rencontrer ?

Notamment, que les consulats sont injoignables. C’est aussi simple que cela. Et il y a une raison, ce n’est pas parce que la personne derrière le téléphone est débordée, c’est que cette personne n’existe pas. Pour les Français de l’étranger, les démarches administratives deviennent très vites pénibles. D’autre part, ils dénoncent la dématérialisation excessive.
Vous savez, je suis allé à Ouagadougou et à Nouakchott, on me dit que la démarche dématérialisée ce n’est pas toujours possible. Certains, comme les personnes âgées, n’y arrivent pas. Cette dématérialisation est devenue un facteur de creusement des inégalités.
Moi ce que je propose c’est une augmentation de 50% des moyens humains qui existent. Aujourd’hui, il y a 1.850 personnes à peu près, il faudrait revenir au niveau d’il y a une dizaine d’années, c’est aux alentours de 3.000 personnes.
A un moment donné, il faut regarder à quel niveau budgétaire nous sommes. Nous sommes aujourd’hui dans l’indignité. 1850 personnes pour servir 3.000.000 de français de l’étranger. Nous sommes très loin des standards du service public en France. Lorsqu’on fait le calcul, il s’avère que l’Etat français dépense à peu prés 5 euros par an pour chaque Français établi à l’étranger. Encore une fois, nous sommes très très loin de la moyenne des départements français.
Certains font le lien entre la résidence fiscale et le budget de solidarité. Il est vrai que les Français à l’étranger ne paient pas l’impôt sur le revenu, mais paient d’autres charges et d’autres taxes.
Encore une fois, si nous faisons le calcul, quand on sait que l’Etat dépense pour lui 5 euros par an, un Français de l’étranger de passage de la France qui fait le plein d’essence aura contribué au moins pour une dizaine d’années dans le budget solidarité. Mais au-delà de ces calculs, je crois fermement qu’il y a un devoir de solidarité à l’égard de l’ensemble des Français. La question est là, devons-nous laisser nos compatriotes dans l’indignité ? Je crois que non.

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