Quand l’équipe de Tunisie se transcende : Quel régal !

Plus que le trophée glané au Japon, c’est la confirmation qu’on a enfin  une équipe capable de séduire et de ravir.

Le sélectionneur Jalel Kadri a le droit d’être aux anges. Après le nul contre le Botswana qui a inquiété les fans de l’équipe de Tunisie, à quelques mois de la Coupe du monde, il était parti au Japon avec des points d’interrogation. Son avenir immédiat à la tête de la sélection était en jeu et même en question. Les rumeurs qui circulaient concernant son éventuel remplacement l’a mis sous forte pression et devant l’obligation de résultat immédiat. On peut dire que le fait d’avoir fait le voyage dos au mur ne lui a pas porté préjudice, mais lui a plutôt servi pour sortir du marais et de bien riposter. Il a su avec rapidité se remettre en question, remettre de l’ordre dans ses idées et dans son projet. Un entraîneur, comme dit Arsène Wenger, est, durant toute sa carrière, en phase d’apprentissage et les critiques autant que la pression sont faites pour le faire progresser et pour l’inciter à corriger ses erreurs de coaching et de managérat. On peut reconnaître à Jalel Kadri le mérite de ne pas avoir failli à cette règle et d’avoir attaqué ce tournoi avec beaucoup de volonté de réussir un exploit et d’en avoir fait un énorme défi. Une stratégie qui a été, à son grand bonheur, un pari gagnant. Un premier succès plus que probant en demi- finale devant le Chili par deux buts à zéro, suivi d’une véritable démonstration de force qui a ébahi en finale face au Japon et qui a été concrétisée par un score cinglant de trois buts à zéro. Deux exploits de taille qui ont fait de lui et de ses joueurs les vainqueurs et les héros inattendus que l’on regarde aujourd’hui avec un œil sympathique.

Organisation défensive sans faille

Le sélectionneur de l’équipe de Tunisie a compris que pour construire une équipe solide, il faut commencer par poser un bon socle défensif. Jalel Kadri a trouvé la bonne formule équilibrée avec un système de base en 4-3-2-1 qu’il n’abandonnera sans doute plus comme système de départ. La colonne vertébrale de ce plan de jeu est de bâtir une bonne animation défensive avec un double rideau : quatre arrières et trois milieux récupérateurs, soit une défense à 7 quand l’équipe est en phase de repli, qui cède le moins d’espaces à un adversaire qui reprend le ballon et qui reprend le jeu à son compte. Les Chiliens, puis surtout les Japonais ont réussi à percuter dans les couloirs, mais très peu dans l’axe, ce qui n’a mis que rarement le gardien Aymen Dahmen dans des situations difficiles. C’est très important comme stratégie pour gagner en confiance au fil des minutes, avoir un mental de plus en plus fort et dévoiler des vertus de combattants qui croient en la victoire. Surtout quand il y a de la variété dans l’effectif et que toute absence passe inaperçue dans ce secteur-clé qu’est la défense, comme le non choix de Béchir Ben Saïd dans les buts qui passe ainsi au statut de portier numéro deux après Aymen Dahmen lequel a reconquis le poste. Comme l’absence de Nader Ghandri qui n’a pas empêché le suppléant Bilel Ifa de composer avec Montasser Talbi une excellente charnière de sécurité. Comme Ali Abdi qui a fait plus que faire oublier Ali Maâloul sur le côté gauche dans le travail offensif et qui ne se contentera plus dorénavant d’être un simple plan B à l’origine et une doublure pour meubler la vacance dans ce poste. Cette solidité défensive a apporté non seulement de la sécurité derrière, mais elle a garanti l’équilibre indispensable défense- attaque et permis de mettre de la vitesse et de l’intensité dans la transition rapide et la projection vers l’avant pour presser avec un grand nombre de joueurs l’adversaire déséquilibré dans sa zone de repli et créer le danger dans son périmètre du but. Les trois buts qui ont assommé coup sur coup les Japonais ont été le fruit de cette tactique du contre en masse et de la percussion dans les espaces. Avec un trio du milieu, comme Issa Laïdouni, Ferjani Sassi et Mohamed Ali Ben Romdhane, qui a fait preuve d’une inlassable générosité dans l’effort en phase de défense en combattant et en gagnant les duels et en position d’attaque en percutant et déséquilibrant l’adversaire, l’équipe de Tunisie a franchi un grand palier dans l’assurance du difficile équilibre défense-attaque qui est la base de tout fond de jeu qui repose sur des principes bien établis, bien clairs et qui donne une identité propre à un groupe et fait sa force.

Issam Jebali, le facteur X

L’un des gros mérites de ce voyage réussi au Japon avec la montée sur le podium et la conquête du trophée, c’est d’avoir découvert qu’on a aussi plusieurs variantes sur le plan offensif et ça, c’est nouveau. Trois excellents pourvoyeurs en ballons derrière les attaquants qui peuvent permuter en permanence (Youssef Msakni, Naïm Sliti et Anis Ben Slimane), qui sont bons manieurs de la dernière passe décisive autant que redoutables finisseurs sur la deuxième balle. Et aussi, après une longue période de pénurie, trois joueurs de pointe qui se relayent et qui se valent dans l’attente que Whahbi Khazri vienne enrichir la liste. Des fers de lance avec des profils différents. Taha Yassine Khénissi, c’est l’appel dans les intervalles et le poison des charnières centrales. Seifeddine Jaziri, c’est le bon jeu de tête et l’opportunisme dans les moments opportuns et Issam Jebali, la grande révélation, c’est le grand gabarit qui pèse sur la défense, le buteur de sang-froid qui manie aussi bien la finesse dans la conclusion avec des reprises de l’intérieur du pied que la force dans les frappes de loin, comme ce boulet de canon du troisième but contre ces Japonais à qui on a fait tant de misères dans une finale qui restera dans les annales. On ne peut donc que féliciter cette équipe de Tunisie qui a attaqué le tournoi de Kirin avec tant de générosité, avec une extraordinaire gourmandise, beaucoup d’énergie et un mental et des valeurs d’équipe de combat.

A cinq mois du voyage cette fois au Qatar pour disputer notre sixième phase finale de Coupe du monde, on est en droit d’être rassuré après les quelques frayeurs qui ont été vite dissipées.

Un commentaire

  1. Debizerte

    17/06/2022 à 19:10

    Alors sommes nous prêts pour battre la France au mondiale ? c’est mon souhait le plus cher

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