Ils ont dit

Mohamed Sadok Jabnoun, expert en économie

« J’estime que les dernières déclarations du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, selon lequel l’impact de la guerre russo-ukrainienne a été plus dur pour la Tunisie que la crise sanitaire, traduisent véritablement  l’état des lieux de l’économie tunisienne et la conjoncture mondiale actuelle. La crise sanitaire et la guerre russo-ukrainienne ont lourdement affecté les pays importateurs de pétrole. En effet, la crise russo-ukrainienne vient se greffer à la crise sanitaire, dont les conséquences sont encore palpables en Chine et en Asie. Ces impacts ont particulièrement touché les pays dont le tissu économique repose sur les services et l’industrie. Cette crise a, également, affecté l’offre et la demande, les prix des matières premières, comme les céréales et les hydrocarbures, dont les prix ne cessent d’augmenter. La Tunisie, comme les autres pays du monde, n’était pas à l’abri de cette guerre. D’ailleurs, la régression du taux de croissance en Europe continue  et ce taux, qui devait atteindre les 4%, ne dépasse pas les 3%. Ce recul d’un point jettera ses ombres sur la Tunisie où le taux de croissance baissera, pour sa part, de près de 0,4%. Je suis étonné quant au dernier discours du président américain Joe Biden, un discours tendu, assurant que l’économie américaine reste résiliente face aux répercussions de la crise en Ukraine, malgré les craintes d’une éventuelle récession économique inévitable. Une crise économique d’envergure mondiale se dessine et il faut s’y préparer aussi bien au niveau économique que logistique. Pour ce qui est des négociations avec le FMI, les institutions financières internationales exigent tout d’abord la restructuration des entreprises publiques, l’amélioration du climat des affaires à travers l’adoption d’une stratégie d’investissement d’une forte compétitivité faisant appel aux nouvelles technologies, à l’industrie, au développement agricole pour garantir une plus grande valeur ajoutée. Ainsi, l’accès aux financements extérieurs sera plus facile si cela sera fait dans le cadre d’un consensus avec la partie sociale. L’impact de l’envolée des cours du pétrole et de la valeur du dollar sur la balance commerciale sera bien visible et le déficit commercial va atteindre un pic sans précédent en 2022 et 2023. Il faut prendre les précautions nécessaires face à une éventuelle dégradation supplémentaire de la note souveraine de la Tunisie, en veillant à renforcer notre politique monétaire et économique.

A mon avis, l’économie tunisienne a fait preuve d’une certaine résilience face aux crises consécutives. Il est impératif, également, d’assurer une relance réelle et à saisir l’opportunité de l’organisation de la Ticad 8 en Tunisie pour attirer de nouveaux investissements ».

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