Skander Kasri (nouvel entraineur du Stade Tunisien) : «Le Stade jouera un football offensif et plaisant…»

Engagé pour une année renouvelable, Skander Kasri entend redorer le blason du Stade Tunisien, mais en procédant étape par étape. La première saison, il veut la terminer confortablemenlégende au milieu du tableau sans plus. Il veut également donner un cachet de jeu qui correspond à l’équipe du Bardo.

Vous entamez une nouvelle aventure à la tête du Stade Tunisien. Qu’est-ce qui vous a convaincu pour prendre en main cette équipe qui ne roule pourtant pas sur l’or ?

« C’est une grosse responsabilité d’entrainer un prestigieux club de la trempe du Stade Tunisien. C’est un grand challenge. On me pose souvent la question pourquoi je n’ai pas entraîné une des grosses cylindrées du championnat. Ces dernières années, j’étais à deux doigts, un certain temps, d’entraîner l’Espérance de Tunis. J’étais également proche de prendre en main les destinées du CSS et du CA. Quant à mon club de cœur, c’est le CSHL. D’ailleurs, on a dit que si je n’ai pas entraîné l’ESS, c’est pour cause d’appartenance au CSHL mais n’est pas vrai. Tout cela pour vous dire que, durant ma carrière, j’étais proche à un moment ou à un autre d’entraîner une grosse cylindrée du championnat, mais, pour une raison ou une autre, les négociations n’ont pas abouti à des accords officiels. Cela dit, l’occasion se présente aujourd’hui pour moi d’entraîner un grand et prestigieux club, le Stade Tunisien. Ce club a connu des difficultés, ces dernières années. Pendant un certain temps, il n’a pu jouer au Bardo. Puis, il y a eu la relégation en Ligue 2. S’ajoutent à cela l’instabilité administrative, mais aussi les difficultés financières qui ne sont pas un mal propre au Stade, mais à la majorité de nos clubs de la Ligue 1, y compris certaines grosses cylindrées. Oui, le Stade Tunisien ne roule pas sur l’or et il n’est pas le seul comme je viens de l’avancer. Mais je pars toujours avec l’idée de donner un préjugé favorable. Les membres du comité du Stade m’ont donné des garanties pour que le staff technique et les joueurs soient payés à temps, mais aussi pour que la préparation d’intersaison se passe dans les meilleures conditions possibles. J’espère que les dirigeants tiendront leurs promesses. Et je suis certain que le comité actuel tiendra ses promesses. La volonté de ma nomination à la tête de son équipe première a émané du comité directeur du ST qui estime que j’ai le profil adéquat pour veiller aux destinées de l’équipe première, la saison prochaine, et c’est tout à mon honneur. Le Stade vient de retrouver sa place naturelle parmi l’élite. Je souhaite faire revenir le club du Bardo à son rang naturel, celui d’être parmi les grands du football tunisien».

Quels profils de joueurs désirez-vous recruter ?

« Nous allons essayer de faire une bonne combinaison entre les joueurs qu’on compte garder, notamment les jeunes du cru, et ceux qu’on va recruter et qui coûteront sans doute cher à la trésorerie du club. Pour le moment, je ne peux pas me prononcer sur les profils des joueurs à recruter étant que je n’ai pas encore une idée sur l’effectif dont dispose le club. Les choses se sont passées si vite et j’attends toujours le rapport des temps de jeu des joueurs au titre de la saison qui vient de s’écouler, de savoir ceux qui restent et ceux qui sont en fin de contrat. Après, je définirai mes besoins si je dois recruter un défenseur axial, un demi-gauche, un attaquant de couloir, etc. Tout ce que peux vous dire pour le moment, c’est que je compte garder les joueurs qui ont l’expérience de la Ligue 1 et qui ont contribué à l’accession, mais aussi les jeunes du cru qui ont le talent et le potentiel nécessaires pour mériter une place en équipe première».

Quels sont vos objectifs pour la saison prochaine?

« Nos objectifs pour la saison prochaine seront réalistes. Mon objectif, comme je vous l’ai dit, est que le Stade Tunisien retrouve sa place naturelle parmi les grands du football tunisien. Retrouver la cour des grands, oui, mais cet objectif sera atteint par étapes. Il ne faut pas que l’euphorie de l’accession nous emporte. Pour notre première saison en Ligue 1, nous n’allons pas jouer ni pour le titre ni pour une place qualificative pour une compétition africaine, mais plutôt pour une place confortable au milieu du tableau. Il faut tout faire pour assurer un bon départ afin de s’éloigner le maximum possible de la zone rouge. Sur le long terme, notre but sera de construire une équipe solide.

Pour la petite histoire, quand j’avais pris en main l’USM à l’été 2017, l’équipe venait d’accéder difficilement en Ligue 1. L’objectif était le maintien. Après 14 matches, nous nous sommes trouvés quatrièmes au classement. De bons résultats qui nous ont poussés à revoir nos ambitions à la hausse. Mais il faut dire que, malgré des ambitions revues à la hausse, je ne disposais pas de joueurs étrangers de qualité, comme c’était le cas lors de la saison qui vient de s’achever. Je n’ai pas eu, malheureusement, cette chance. Tout cela pour vous dire que la stratégie du travail suit l’évolution des résultats. Il faut commencer par faire de bons recrutements, se fixer des objectifs réalistes et réalisables et avoir de l’envie et l’engagement de toutes les parties prenantes pour pouvoir les atteindre».

Cela nous amène à la question suivante. On vous a connu directeur technique et adjoint à l’EST. Vous avez eu, entre autres, des passages plutôt réussis comme premier entraîneur, à l’USM, l’ESZ et l’UST notamment…

J’ai eu d’abord un passage réussi avec l’ESZ. Nous avons passé une excellente saison 2014/2015. Nous avons formé une équipe très compétitive, composée d’Achref Krir, Mohamed Ali Jouini, Chaker Regaï, Jacques Besson, Radhi Bouchniba et Zied Ounalli, pour ne citer qu’eux…

Avec l’AS Gabès, les choses se sont bien passées aussi. Pour un club habitué à jouer une année en Ligue 1 pour se faire reléguer à la fin de l’exercice, nous avons fait une saison exceptionnelle. Nous nous sommes classés deuxièmes en Play-out. Nous étions à deux doigts de nous qualifier au Play-off.  Mohamed Kouki, alors à la tête de l’ES Métlaoui, a réussi le pari de se qualifier aux Play-offs. C’était un duel intéressant entre nous deux. A la tête de l’US Tataouine, lors de mon premier passage, nous avons fait une bonne saison. Par contre, mon come-back à Tataouine, je ne peux pas dire que c’était une réussite. Sans entrer dans les détails, tout ce que je peux dire à propos de mon second passage à l’US Tataouine, c’est que le football est parfois cruel.

Ce que l’on sait de vous, c’est que vous aimez, entre autres, développer un fond de jeu et jouer plutôt les premiers rôles…

Oui, mais tout dépend des circonstances des matches, du calendrier, de l’apport des joueurs sur le terrain et bien d’autres facteurs qui entrent en jeu. J’espère que le démarrage de la saison sera bon comme cela était le cas avec l’ESZ et l’USM. De mémoire, à chaque fois j’ai eu droit à un calendrier difficile. Sur les cinq premiers matches, on affrontait à chaque fois les quatre grosses cylindrées. Je souhaite disposer d’un calendrier clément avec le Stade Tunisien pour pouvoir arracher le maximum de points dès le début de l’exercice.

Quel entraîneur vous a marqué?

Evidemment, c’est André Nagy qui m’a le plus marqué. Il m’a entraîné pendant une année et demie. C’est une école à lui seul, un entraîneur en avance sur son temps. Je m’inspire de Nagy et d’autres entraîneurs aussi. Je me recycle aussi afin d’être toujours à la page. Le football moderne se base sur la sortie et la circulation sans déchet du ballon, le jeu de position bien étudié, la polyvalence comportementale et les permutations des postes. Je suis un adepte du football offensif. Pour moi, la meilleure défense, c’est l’attaque. Ma façon de jouer a été, d’ailleurs, le point de discorde avec le manager général du club saoudien Al-Adala qui m’a interpelé pour me dire qu’il veut un entraîneur à caractère défensif. Je lui ai répondu qu’on m’a appris que la meilleure défense, c’est l’attaque et que je ne pouvais faire autrement. Par ailleurs, le Stade Tunisien va jouer un football offensif, plaisant et attractif. Tout ce que j’espère, c’est de trouver un attaquant qui saura mettre le ballon dans les filets.

Que pensez-vous de la saison qui vient de s’achever. A-t-elle été intéressante sur le plan technique ?

La formule du Play-off et du Play-out est mauvaise. De toute manière, le championnat de Tunisie croule sous les problèmes liés à l’indiscipline. Il n’y a plus de football, le vrai. Le mot d’ordre qui règne, c’est la victoire à tout prix. La moyenne des buts marqués est faible. Et même quand une équipe gagne avec un score large, c’est que l’adversaire est trop faible.

Durant la phase du Play-off, on a eu droit quand même à deux bons matches. Il y a eu le classico CSS-CA qui fut un match plaisant. La rencontre USM-EST, aussi. Sinon, les derbies n’ont pas atteint leur niveau habituel.

Y a-t-il des clubs qui ont émergé, d’autres qui ont déçu ?

Des clubs qui ont émergé, je dirais non. Par contre, l’USM, version Faouzi Benzarti, a constitué la belle surprise de cette saison avec un effectif remanié, notamment avec le départ de Zied Machmoum. Il y a eu des recrutements d’étrangers de bonne qualité, Ouattara dans l’axe, deux milieux récupérateurs Roger Aholou et Youssouf Oumarou. Pour moi, Youssef Abdelli a été le joueur le plus en vue du championnat. Une belle surprise, d’ailleurs. Durant la première phase, l’AS Réjiche est passé à côté d’une qualification aux Play-offs.

D’autres joueurs-révélations cette saison ?

Il y a Aymen Dahmen en tant que gardien de but. Sincèrement, il a été le meilleur. Ayoub Tlili, l’arrière droit de l’USBG, n’est pas mal. Du côté de l’USM, Hichem Baccar a fait aussi une bonne saison. L’axial qui m’a beaucoup plu cette saison est l’Algérien de l’EST, Mohamed Amine Tougaï. Reconverti en axial, Nader Ghandri a fait de bons matches et a marqué de jolis buts. Mohamed Ali Ben Romdhane et Ghaïlène Chaâlali ont fait également  une bonne saison. En attaque, outre Abdelli que je viens de citer, il y a Diakité, le sociétaire du CSS. Dans la même équipe, Walid Karoui a plutôt réussi sa saison, aussi. Ce sont les joueurs qui ont plutôt retenu mon attention. A l’ESS, Mootez Zaddem est, certes, pétri de qualités, mais il est vite tombé dans l’anonymat. Une remarque pour finir : je ne comprends pas le décalage du coup d’envoi de la prochaine saison au 30 septembre. C’est un démarrage que je considère tardif. La programmation du championnat est à revoir. 

Laisser un commentaire