Des négociateurs aux mains vides

Editorial La Presse

A-T-ON le droit de faire la grève quand celle- ci représente une menace pour la santé ?

En effet, la grève observée par neuf éta- blissements de collecte, de transfert et de traitement des déchets médicaux dangereux, pour non-paiement de leur dû par l’Etat, représente une menace pour la santé et la salubrité publique. Etant donné que la capacité de stockage des hôpitaux ne dépasse pas les 24 heures, on ne peut que s’interroger sur les dégâts que pourrait occasionner ce genre de débrayage. Encore une fois, l’Etat se trouve englué dans un problème de règlement de dettes sans trouver le feu sacré pour le résoudre en temps opportun, poussant ainsi ses fournisseurs à brandir l’arme de la grève.

Encore une fois, les négocia- teurs de l’Etat, qui se lancent dans des rounds de négociation sans solutions concrètes, n’offrent aux fournisseurs privés que des promesses vaines et sans lendemain. On a l’impression que ces commis de l’Etat, qu’on envoie comme des pompiers pour éteindre le feu, ne sont que des émissaires aux mains vides. Mais à force de ronronner, leurs propos finissent par exacerber les fournisseurs qui doivent faire face à des dépenses urgentes et qui se saignent aux quatre veines pour payer leurs salariés. Le résultat est une grève qui coûtera à l’Etat plus que ses créances envers ses fournisseurs. Car le risque qu’engendre cette grève réside non seulement dans la propagation d’agents infectieux mais aussi dans le risque traumatique (blessures, coupures).

Parmi les personnes exposées à ces menaces, figurent en première ligne le personnel soignant, les patients (familles et visiteurs) et le reste de la population en général. Ce genre de grève dans un secteur aussi délicat que celui de la gestion des déchets toxiques pourrait avoir des impacts disproportionnés pour le pays tant sur la santé humaine que sur l’environnement.

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