«NAMAA TOUNÈS» — SELON MAHER MEDHIOUB: « Le ministère public réclame l’arrestation de Ghannouchi »

  • Rached Ghannouchi : «Je n’ai pas de crainte pour ma personne. J’ai peur pour la Tunisie et pour les droits des Tunisiens»
  • Des sympathisants nahdhaouis manifestent devant le pôle antiterroriste. Seule Samira Chaouachi était parmi les manifestants

En attendant, hier, vers 18h00, au moment de la rédaction du présent article, la décision du juge d’instruction chargé d’interroger Rached Ghannouchi dans l’affaire «Namaa Tounès», de le laisser en liberté provisoire ou de l’arrêter, on avait pratiquement une seule indication. Elle a été donnée par Maher Medhioub, ancien député nahdhaoui, sur sa page officielle. Il a précisé, en effet, que le ministère public a réclamé un mandat de dépôt à l’encontre de Rached Ghannouchi, alors que les défenseurs du président d’Ennahdha poursuivaient encore leurs plaidoiries.

Comme La Presse l’a prédit dans son édition du mardi 11 juillet, les Tunisiens et les Tunisiennes ont vécu, hier, une journée particulière, très particulière même, à l’occasion de la comparution de Rached Ghannouchi devant le juge d’instruction près le pôle judiciaire antiterroriste à Tunis afin de répondre aux soupçons qui sont portés à son encontre l’accusant d’être impliqué dans l’affaire de l’association «Namaa» où sont poursuivis pour blanchiment d’argent et financement d’activités terroristes plusieurs responsables nahdhaouis dont Hamadi Jebali, chef du gouvernement de la Troïka I, Rafik Abdessalem, gendre de Rached Ghannouchi et ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de la Troïka I, et Mouadh Ghannouchi, fils de Rached Ghannouchi, outre le président de l’Association «Namaa», gendre de Hamadi Jebali, qui est en fuite.

Hier, donc, devant le pôle judiciaire antiterroriste, les Tunisiens ont assisté à deux mouvements de contestation ou deux sit-in. Le premier a rassemblé près de 200 citoyens venus crier l’innocence de Rached Ghannouchi et affirmer qu’il n’a aucun rapport avec l’affaire «Namaa Tounès» et souligner que même les pré- venus auditionnés déjà dans la même affaire ont reconnu que Ghannouchi est complètement étranger à l’association et n’a aucun rapport avec ses responsables. Quant au deuxième mouvement de contestation, il concerne de nombreux membres de la société civile venus faire entendre leur voix et demander à la justice de faire éclater la vérité, toute la vérité, sur l’assassinat des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et de tout dévoiler à l’intention de l’opinion publique sur les affaires «Namaa Tounès» et de l’appareil secret d’Ennahdha. Et le décor d’être planté pour que Ghannouchi d’abord et ses différents défenseurs ensuite se relaient dans le but de livrer toutes les déclarations-pressions possibles aux médias dans l’objectif d’impacter la décision que le juge d’instruction en charge de l’affaire devait prendre à l’issue de l’audition du président nahdhaoui, soit en le laissant en liberté provisoire jusqu’à sa comparution devant le tribunal, soit en émettant un mandat de dépôt à son encontre, c’est-à-dire de l’arrêter.

 «J’ai des craintes plutôt pour la Tunisie»

Et après avoir répété à plusieurs reprises, à travers des interviews accordées à l’agence Reuters et à la TV Al Araby et après avoir donné le feu vert à Néjib Chebbi, président du Front de salut national affirmant que le président nahdhaoui va être arrêté le mardi 19 juillet à la suite de son audition par le juge d’instructrion, Ghannouchi a changé de tactique défensive pour dire textuellement : «Je n’ai aucune crainte pour ma propre personne. J’ai plutôt peur pour la Tunisie et pour les droits socioéconomiques des citoyens face à la montée des discours haineux et violents».

Quant à ses principaux lieutenants, ils avancent que le président de leur parti est totalement innocent des accusations qui lui sont injustement adressées. Noureddine B’hiri, vice-président d’Ennahdha et ancien ministre de la Justice sous le gouvernement de la Troïka I, affirme : «Les vrais suspects dans l’affaire ont été libérés, que dire de quelqu’un (c’est- à-dire Ghannouchi) qui n’a aucun lien avec l’affaire ni de près ni de loin». Il ajoute : «Nul n’est au-dessus de la loi et les nahdhaouis n’ont guère de crainte de la justice». Pour Me Sami Triki, l’un des avocats de Rached Ghannouchi, «il s’agit d’un dossier monté de toutes pièces et d’une manœuvre portant atteinte à l’image et à la réputation du président du parti». «Mon client n’avait pas à être convoqué dans cette affaire, précise-t-il encore, les faits pour lesquels il est convoqué ne peuvent être considérés comme des crimes terroristes». Il est à préciser que parmi les personnes qui étaient venues manifester devant le pôle antiterroriste pour soutenir Rached Ghannouchi, on a remarqué la présence de Mme Samira Chaouachi, première vice-présidente du parlement dissous, alors que plusieurs parmi les ténors du mouvement, dont on peut citer à tire d’exemple Ali Laârayedh et Abdelkrim Harouni, ont brillé par leur absence.

Photo: Abdelfettah Belaïd

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