Billet: L’argent ne fait pas le bonheur du foot

La santé financière des clubs tunisiens s’est fortement dégradée. Cette inflation ne s’explique pas seulement par les effets engendrés par la pandémie du coronavirus et leurs répercussions sur les recettes, mais aussi par la structure du marché du football qui nécessite des moyens financiers en constante progression. Aussi et surtout par une gestion des ressources le plus souvent mal orientée.

La crise financière des clubs ne date pas de ces dernières années. Il y a longtemps, en effet, que le football tunisien est complètement intégré dans la sphère économique, qu’il est soumis à tous les aléas et les contraintes économiques et financières qui en découlent et que de nouvelles pratiques ont vu le jour et ont contribué à entretenir une spirale inflationniste.

Face à cette contrainte qui s’accumule de plus en plus, de nombreux clubs ne parviennent plus à assumer leurs engagements, encore moins maintenir leur position. Ils voient leurs dettes partir à la hausse. Le trou s’est encore creusé avec l’absence de recettes et notamment celles liées aux rentrées des stades. Certains mauvais élèves inquiètent. Même l’élite du football tunisien est fortement endettée. Un handicap plus que doublé d’une saison à l’autre. Et la majorité des clubs,  pour ne pas dire tous, sont à la peine au niveau financier.

Il est évident que le surendettement fait peser un risque de crise systémique sur le football tunisien. Il remet en cause l’équité de la compétition. Seuls les gros clubs qui peuvent s’endetter et acheter des joueurs à prix d’or ont des chances de rivaliser et de survivre. L’incertitude des résultats, pourtant pierre angulaire des valeurs sportives, est ainsi compromise.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la masse salariale des joueurs ne cesse cependant d’augmenter. La plupart des clubs ont une masse salariale supérieure à leur chiffre d’affaires. En même temps, la spirale inflationniste a engendré des conséquences d’un ordre différent : un engouement populaire quasi-universel pour les grandes compétitions, un intérêt non dissimulé et financier des médias déterminés plus que jamais à valoriser et à commercialiser l’événement sportif auprès des annonceurs.

Il est aujourd’hui impossible de faire revivre l’aspect amateur. Imaginer le football sans argent est devenu une utopie. La compétition, la recherche de la performance, les objectifs économiques, parfois même politiques, caractérisent le football tel qu’on le vit actuellement.

Il n’en demeure pas moins que l’état des lieux plaide pour la nécessité d’un encadrement plus étroit des indemnités des transferts des joueurs, du plafonnement de la masse salariale et de l’amélioration de la transparence et la traçabilité des comptes des clubs.

Peut-on  revenir à une économie réelle pour empêcher les clubs de financer à perte et pour faire face aux attributions et aux charges de la compétition sans être couvert de dettes ? La logique et l’efficacité du fair-play financier s’apparentent aujourd’hui comme un dispositif indispensable, même si le football n’est plus cet exutoire de passions collectives et même s’il s’est transformé en une obsession financière incontournable qui occulte tout le reste.

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