Cocher «oui» ou «non» sur le bulletin importe grandement, mais pour la majorité, il s’agit d’accomplir son devoir électoral en vue de voir émerger un pays vers la stabilité politique et la prospérité économique, malgré le scepticisme ambiant…
Au bureau de vote d’Ennasr 1 à Riadh Ennasr (Ariana), la participation des électeurs est allée crescendo, faible et parsemée le matin, jusqu’à s’amplifier nettement aux alentours de midi. Les Tunisiens ont bravé la chaleur caniculaire pour accomplir leur devoir électoral. Au moment où la participation à l’étranger est jugée très faible, on est certain qu’en Tunisie, la mobilisation est plus forte et le taux de participation plus élevé et déterminant. Au sortir des urnes, les votants souvent en solitaires, parfois accompagnés de leur conjoint ou de leur famille font part de leurs choix et motivations. Le premier interrogé, un cinquantenaire, affirme sans hésiter : «J’ai voté oui, parce qu’il n’est plus question d’entendre parler d’aucune pénurie dans le sucre ou la farine pour le pain, ni quoi que ce soit. Il faut mettre un holà définitivement sur la contrebande des produits de base». Une dame médusée avoue n’avoir voté pour aucune option, faute de conviction. Il faut donc s’attendre à des bulletins blancs dans les urnes, déjà que les abstentions et le boycott de certains électeurs sont prévus à cause du désintérêt et de la lassitude, surtout auprès des jeunes.
Différences de convictions
Les personnes sondées sur place portent des avis et des regards différents sur le référendum alors que d’autres veulent garder secrètement leur choix. En effet, plusieurs votants ont gardé le silence et ne veulent pas communiquer leur opinion, ni leurs impressions, ce qui en dit long sur l’état d’esprit qui les anime… Mais certaines électrices ont décidé de cocher «oui et avec conviction», affirme l’une d’elles. Les personnes du 3e âge penchent en faveur de l’application de la nouvelle Constitution publiée au Jort de la République le 30 juin dernier et modifiée le 8 juillet 2022 pour «faire barrage au parti Ennahdha», affirme crânement l’un d’eux. Cependant, un jeune, la trentaine, cigarette à la bouche et nerveux ne mâche pas ses mots non plus : «J’ai voté catégoriquement “non” parce que je ne suis pas d’accord avec le processus politique mis en place». Toutefois, on remarquera une faible couverture médiatique de l’événement sur les télévisions tunisiennes où seule la télé nationale «Watania» a présenté un plateau pour donner les premières données de ce référendum, où on apprend une faible participation des femmes rurales, un taux de participation de 10% dans le sud de la Tunisie au matin. On peut estimer une amélioration du taux de participation au référendum l’après-midi avec le retour des estivants en ville et un temps moins chaud…
En somme, on a eu droit à toutes les réponses possibles et imaginables et seul le verdict des urnes à compter de ce soir va déterminer la portée de la nouvelle Constitution à la sauce Kaïs Saïed. Le Président de la République tente de remettre le pays sur les rails et attend l’approbation du peuple en sa faveur pour parachever son œuvre.
