Phénomène de société : La cancel culture ruine le patrimoine culturel

L’exemple emblématique, et le plus frappant de cette cancel culture, est sans aucun doute les attaques subies, il y a quelques années, par un conte pour enfants qui faisait l’unanimité et qui a bercé la jeunesse de tant d’entre nous. Il s’agit du conte de «La belle au bois dormant» ou «Blanche neige». Certains activistes féministes avaient, en effet, attaqué le conte et certaines attractions le représentant à Disneyland, en raison de ce qu’ils considèrent être comme le «baiser non consenti» du prince charmant à Blanche neige ou La belle au bois dormant.

Apparue à la fin des années 2010, la «cancel culture»  ou la culture de l’annulation gagne du terrain en Occident et désormais sous nos cieux. Il s’agit en fait de remettre en question, au nom de certaines valeurs créées par l’évolution de la société, des œuvres, des sketches, des positions, des déclarations de quelques secondes qui ressurgissent sur les réseaux sociaux, et qui suffisent à ternir l’image d’une personne (ou l’œuvre) qu’il faudra «annuler». La personne est alors sommée de s’excuser ou de disparaître de la scène publique.

L’exemple emblématique, et le plus frappant de cette cancel culture, est sans aucun doute les attaques subies il y a quelques années, par un conte pour enfants qui faisait l’unanimité et qui a bercé la jeunesse de tant d’entre nous. Il s’agit du conte de «La belle au bois dormant» ou «Blanche neige». Certains activistes féministes, avaient, en effet, attaqué le conte et certaines attractions le représentant à Disneyland, en raison de ce qu’ils considèrent être comme le «baiser non consenti» du prince charmant à Blanche neige ou La belle au bois dormant.

Dans les médias, certains sketchs et un certain humour qui pouvait passer sans problème sont désormais bannis, à tel point qu’il est désormais très difficile pour un humoriste d’imaginer un sketch comique, sans tenir compte de l’impératif de ne heurter la sensibilité de personne, ni les gays, ni les handicapés, ni les femmes, ni les religieux, ni les athées, ni les gens de petite taille, ni les gros, ni les noirs, ni les blondes…

En France, comme un peu partout ailleurs dans des pays occidentaux, certains appellent au déboulonnement de statues de personnages controversées de l’Histoire. Ainsi des activistes antiracisme appellent à déboulonner la statue de Jean-Baptiste Colbert, célèbre ministre de louis XIV, mais dont le nom est également associé à la mise en place du «code noir», un cadre législatif organisant l’esclavage dans les colonies françaises.

En Tunisie, certains aimeraient bien voir disparaître la rue Charles-de-Gaulle, dont le nom est associé à des massacres de civils Tunisiens pendant la lutte anticoloniale. D’autres s’horripilent à chaque fois qu’ils passent devant la statue de Ibn Khaldoun, qui, dans certains de ses écrits, n’a pas hésité à décrire les Noirs comme des sous-hommes.

Dernièrement, sur les réseaux, le comédien et humoriste, qui a fait tordre de rire des générations, fait les frais de cette cancel culture. Revenant sur ses sketchs des années 1990, on l’accuse de ridiculiser les habitants de la Tunisie profonde et leurs accents, alors qu’à l’époque, «Mekki et Zakia» se jouait à guichets fermés du nord au sud de la Tunisie et personne ne s’offusquait de ses sketchs. Par ailleurs, pour ceux qui ont eu la chance de voir «Mekki et Zakia» savent très bien que la pièce est aussi une critique des habitants de la capitale.

Evidemment, les accusations portées ne sont pas forcément dénuées de sens, pour la plupart, elles sont même justifiées. Mais le problème de la cancel culture, c’est qu’elle refuse le débat et demande la destruction de ce qui fut. Déboulonner, effacer, ne supprime pas l’Histoire et ceux qui l’ont fait. Au lieu du diktat de la cancel culture, il est préférable peut-être de faire un travail d’explication, de débattre de quelques aspects d’une œuvre ou d’une personne. La société évolue, on ne peut pas juger une époque passée à la lumière de l’époque présente.

Et puis, il n’est pas raisonnable, ni possible d’ailleurs, de «supprimer» l’œuvre gigantesque de Ibn Khaldoun en raison de ses égarements intellectuels couchés sur le papier en seulement quelques lignes.

D’un autre côté, il n’est pas non plus raisonnable de sacraliser les personnages de l’Histoire et de refuser de les critiquer.

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