Ziara au Festival de Carthage : Un succès constant

Programmé hors session, le spectacle de chant soufi « Ziara » signé Sami Lajmi fait son retour à la 56e édition du Festival de Carthage le jeudi 4 août. Le spectacle haut en couleur et en lumière a drainé la foule : hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont rempli les gradins et chaises du théâtre romain.

Depuis sa création en 2013, « Ziara » connaît un succès constant. De festival en festival, le spectacle attire des milliers de spectateurs férus de musique sacrée. Ce soir-là à Carthage, le spectacle est à son énième représentation. Bougies, encens, étendards (Snajeq) et lumière de circonstance offrent une ambiance favorable au recueillement où se mêlent les odeurs et les lumières qui se transforment vite en séance de défoulement de masse.

Le spectacle, qui rassemble une centaine de membres entre chanteurs, danseurs et figurants, démarre avec une psalmodie liturgique (dhikr) puis les tableaux se succèdent représentant la Tunisie du nord au sud. Issus  du patrimoine culturel arabo-musulman, les chants des confréries sont revus et corrigés au goût du jour. Dès l’entame, le public est en extase. Une ferveur s’empare des spectateurs en nombre venus savourer et jouir des « Rouhaniyets » et réagir en dansant jusqu’à atteindre la transe.

Durant deux heures, « Ziara » présente une fresque de l’univers des confréries avec tous ses rituels et ses processions de bougies, de couffins, d’étendards et des représentations de transes exécutées entre autres par un « Akacha » excité à bloc. Exclusivement masculines, les voix puissantes des chanteurs, aidés par les fortes sonorités des bendirs, font déchaîner les corps qui se livrent sans réserve à des danses frémissantes. Une communion s’installe entre la scène et les gradins.

« Ana jaytek zaier », « Saida Manoubia », « Sidi Ben Aissa », « Wa Kabirou », « Om zine Jamalia », « Sidi Abdelkader », « Ya Baba Ammar », « Sidi Agereb », « Rakeb ala hamra », « Naghara » etc. un riche répertoire  interprété par un chœur ou des chanteurs dont Mohamed Ali Chabil et Mounir Troudi. Ce dernier a sublimé le spectacle avec sa voix et surtout ses trémolos en osant même chanter sur des airs de musique flamenco.

La mise en scène est étudiée offrant un spectacle visuel et olfactif plaisant : couffins de la Ziara, visite de la mariée au marabout, étendards, foulards, encens, transes. Entre profane et sacré, la fête est à son apogée. Le public déchaîné lance des youyous à profusion et fait des rappels auxquels la troupe  répond en reprenant le titre tant apprécié « Naghara ». Une soirée réussie qui consacre à la fois le spirituel et l’usuel dont le public est toujours friand.

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