Fête nationale de la femme: La « condition féminine », une imposture ! 

Par Chema Ben Chaabene | Autrice |

La condition féminine est d’abord, et en fin de compte, une « condition humaine » au sens malrucien, car n’est-il pas de l’essence de l’être, féminin ou masculin, de choisir son destin ? Donner un sens propre à son existence ? Pourquoi alors ce « combat » pour la liberté de la femme, l’égalité des sexes ? Etc. Comment l’être humain a-t-il pu en arriver là, divertir cette évidence, ce postulat et « imaginer » autre chose que la condition humaine commune face à l’irréductible échéance de la mort :   le libre choix ?   

Et pourtant, cette déformation de la pensée a eu lieu et a duré au fil des temps, au gré des civilisations, biaisant les relations, le rêve, le progrès. Des temps et des civilisations vacillant entre des Antigone, résistantes, et des Shéhérazade, aux antipodes, qui, à défaut de « droit », feignent la soumission, usent de stratagèmes.

Puis arrive le dix-neuvième siècle… Un siècle fougueux,  intriguant, révolutionnaire mais aussi réfléchi, déterminé, voulant faire œuvre de synthèse. Evénements marquants et courants de pensées fusent ici et là. Où en était la place de la femme ? Qu’en dit la littérature par exemple ? Me vient à l’esprit forcément Flaubert, figure marquante de la littérature universelle, et l’image de la femme qui se dégage de son œuvre et de son analyse « exégétique » de l’âme « féminine ». Ombres et lumières d’un homme, d’une œuvre, d’une époque… Flaubert oscillant justement entre Bovary, la femme fourvoyée par sa sensibilité  exacerbée, son désir d’impossible et Salammbô, la femme fatale mettant tous à ses pieds… Mais dans le brouillard persistant de cette dichotomie arbitraire: femme de cœur-femme de tête, des prémices du mouvement féministe commencent à se dessiner. Des voix « ancestrales » proclamant les droits de la femme au travail, au vote, à l’égalité, de disposer de sa vie, de son être, de toutes ses chances, commencent à résonner ici et là.

Deux siècles traversés… Des « guerres » remportées, des mentalités bousculées, révolutionnées, des droits « reconnus », retrouvés, mais un statut de la femme toujours fragile dans la pratique de la vie comme dans l’expression de la pensée humaine, aussi moderne soit-elle.

Inhumain cet isolement de la femme dans sa « condition féminine », son placement dans « une case-cage féministe » à part, à défendre dans toutes les agoras, les divers cercles politiques, religieux, littéraires, artistiques… à grand coup d’étendards, à utiliser sans cesse, en toute sincérité et opportunisme. Quelle désolation ! Comment l’être humain a-t-il pu en arriver là ?

De pensée en pensée, d’interrogation en interrogation, l’esprit vagabond, libre, remonte aux origines, à la source du « Mal », de la distinction, de l’inégalité, du hiatus… trébuche contre l’idée singulière de l’Immaculée conception, s’y arrête, étonné.

La conception de Marie exemptée du péché originel, dogme de l’église catholique proclamé par le pape Pie IX en 1854. Maryam, Myriam, María… Figure majeure — prophétique ? — dans les religions monothéistes. Quelle place occupe-t-elle dans les Écritures et le Coran ? Quel rôle joue-t-elle dans l’imaginaire collectif des peuples et de l’individu ?

Qu’on se base sur une lecture « maculiste » ou une lecture « immaculiste » de la conception de Marie, cela aide-t-il au final la femme à quitter la zone de fragilité  à laquelle elle est encore acculée ?

L’Immaculée conception de Marie lui donne l’aura d’une femme exceptionnelle, prophétique, guide, au-dessus de toutes, leur montrant le chemin, mais quel chemin ? Elle n’est qu’exception qui confirme la règle d’Eve, la pécheresse. Une conception maculée lui ôte cette aura, la renvoie au rang des filles d’Ève, héritières du péché originel, de la culpabilité et de tous les maux conséquents.

Et s’il y avait un « Avant le Péché originel », des prémices dans l’Histoire d’un « Amour-Egalité » ? Rêve ou souvenance ? Libération d’un fardeau imaginaire, d’une imposture ancestrale, une bavure. Remonter le temps vers un nouveau départ. Etre, enfin, dans le bon devenir de l’humanité.  À suivre…

N.B. : L’opinion émise dans cette tribune n’engage que son auteur. Elle est l’expression d’un point de vue personnel.

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