Commentaire | Un dérapage en appelle un autre

On ne demande pas certainement  à des partis et des hommes politiques de renoncer à une activité dans laquelle ils n’ont plus de place. Seuls quelques ignorants de la chose politique peuvent transformer un rêve en exigence. Mais de penser et de se résoudre à un pacte national autour duquel seule la Tunisie sera gagnante. Ils ont intérêt à s’y inscrire avec toute la moralité et l’honnêteté que cela impose.

La corruption, les abus, la spéculation, le monopole et tous genres de déviations observés dans les différentes entreprises publiques constituent  des aberrations  et des inconvenances aux répercussions négatives sur l’économie tunisienne et sur le pouvoir d’achat des Tunisiens.

Pour le simple citoyen, et pas seulement les observateurs avertis, les promesses pour lutter contre ce fléau n’ont jamais dépassé le stade des paroles, ou encore les campagnes électorales des partis politiques.

Tout le long de la décennie noire, rien n’a été accompli dans ce sens. Les travers étaient toujours les mêmes. Des hommes et des dirigeants politiques, des décideurs et des responsables de tous bords n’ont jamais réussi à défricher plus loin. Ils n’avaient au fait ni stratégie, ni ambition, ni envie pour trancher à ce sujet. Déjà, les réactions timides et conditionnées dans ce sens ne pouvaient en aucun cas générer le moindre changement, encore moins une quelconque fierté.

Le gâchis prenait davantage une plus grande dimension lorsque, à peu près mot pour mot, les discours, la démagogie, le populisme au sujet de la lutte contre la corruption étaient pratiquement les mêmes. 

Face aux dérives de beaucoup de responsables, dont la plupart manquaient de vécu et d’expérience, la Tunisie se doit aujourd’hui de renverser cette trajectoire déclinante.

Le Président de la République a ordonné, mercredi, l’ouverture de deux enquêtes — l’une administrative et l’autre judiciaire — sur les abus enregistrés au sein de l’Entreprise tunisienne des activités pétrolière (Etap). Dans la foulée, il a mis en garde contre la destruction des productions nationales, insistant sur l’importance de faire face aux spéculateurs et à tous ceux qui menacent de détruire certains produits pour en augmenter les prix et rappelant la nécessité de la coordination entre les différents appareils de l’Etat. Le Chef de l’Etat a appelé à poursuivre quiconque tenterait de détruire les productions nationales, à l’instar des pommes de terre, tout en évoquant la possibilité de confisquer les productions qui risquent d’être détruites. Il a, à ce propos, précisé que le stockage n’est pas interdit par la loi, contrairement à la spéculation et au monopole.

Des hommes et des partis politiques, accusés d’être impliqués dans la détérioration du pouvoir d’achat des Tunisiens, ne sont pas prêts à se racheter une nouvelle conduite. Quand ils donnent l’impression de retrouver la raison, le temps d’une éclaircie dans la grisaille, ils tombent rapidement dans leurs travers. La spirale ne semble pas finir et chaque dérapage en appelle un autre.

L’acte de remise en cause n’est-il pas une obligation plus qu’un choix, dans la mesure où il est censé remettre chacun à sa place et à sa juste valeur.

Jusqu’à présent, il n’y a pas de changement dans le raisonnement et les manœuvres des hommes politiques qui ont conduit le pays au bord de la faillite et qui continuent encore à lui porter préjudice. Mêmes convictions, mêmes motivations. Même agenda et même stratégie.

Une chose est sûre : il y a des partis politiques et des hommes politiques qui ne peuvent plus continuer à se justifier à travers des arguments peu convaincants. On a pu le remarquer, tout ce qu’ils ne cessent d’entreprendre est  devenu l’incarnation d’un manque évident de crédibilité. On ne leur demande pas certainement de renoncer à une activité dans laquelle ils n’ont plus de place. Seuls quelques ignorants de la chose politique peuvent transformer un rêve en exigence. Mais de penser et de se résoudre à un pacte national autour duquel seule la Tunisie sera gagnante. Ils ont intérêt à s’y inscrire avec toute la moralité et l’honnêteté que cela impose.

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