Festival Manarat à Hammamet : Du cinéma à la belle étoile

Les projections cinéma estivales poursuivent leur route de ville en ville. «Manarat» prend place à Hammamet le temps de deux projections de films gratuites et ouvertes au grand public.

Deux films ont été projetés jeudi soir sur la plage de Hammamet, en face du lycée Mohamed Boudhina de la ville : le court métrage tunisien «Visa» de Brahim Letaief, suivi du film franco-libanais datant de 2020 «Sous le ciel d’Alice» de Chloé Mazlo. Face à un écran, installé à l’occasion, le public, composé d’enfants, de jeunes et de familles curieux, se rassemble en petites foulées, prêt à vivre l’expérience dans une ville qui voit défiler rarement des événements culturels en dehors de son festival d’été annuel.

Pour la plupart, peu connaisseurs des deux films, les spectateurs tiennent à vivre l’expérience sur la plage, à la belle étoile. En fin d’après-midi, l’évènement s’ouvre en musique. Une prestation remarquable suivie de l’intervention de Nidhal Chatta, président de «Manarat Mediterranean Film Festival», qui a rappelé les enjeux de cette troisième édition transitoire, «Celle qui augure un avenir meilleur pour le plus grand bonheur des cinéphiles, voulant voir et vivre le cinéma en plein air et dans différentes régions de la Tunisie», cite-t-il.

L’évènement s’est déroulé en présence de la ministre des Affaires culturelles, Mme Hayet Guettat Guermazi, et du directeur du Cnci, Khaled Al-Azeq. Jeunes bénévoles, photographes et journalistes ont été également présents.

«Visa» d’Ibrahim Letaief, réalisé en 2004 avec à l’affiche feu Lotfi Dziri, Jamel Madani et Jamila Chihi, traite du sujet épineux de l’immigration et du droit universel à la libre circulation sans visa, en référence à son titre. Dans ce film de 26 mn, les pays de l’espace Schengen décident, en effet, de promulguer une nouvelle loi relative à l’immigration. Il faut réussir la dictée de Pivot pour pouvoir obtenir un visa d’entrée en Europe. Rachid, candidat à l’immigration, doit subir ce test.

Le long métrage de Chloé Mazlo «Sous le ciel d’Alice», projeté juste après, traite aussi, mais différemment de la même thématique: de l’immigration sur fond de guerre civile et d’instabilité politique au Liban depuis les années 50 jusqu’aux années 70 et ce semblant de paix précaire atteint. Cartoonesque et fantaisiste, le film traite avec grâce d’un sujet sensible. Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d’envoyer le premier Libanais dans l’espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s’immisce dans leur paradis, lit-on dans son synopsis. Crises personnelle, familiale, identitaire, le film parvient au final à exprimer ce sentiment de malaise collectif, enduré par une nation en pleine tourmente.

Le film a pu retenir des spectateurs jusqu’au bout malgré le brouhaha des passants. La plupart se sont réconciliés avec une plage, qui a eu une vocation autre ce soir-là, celle de permettre à des projections d’avoir lieu. L’équipe de Manarat est passée par Bizerte la veille, avant de se poser à Hammamet, assurant ainsi ce volet du festival titré «Manarat de Cap en Cap» qui a pris fin hier 2 septembre.

Crédit Photos : Club de photographie à Bizerte

Laisser un commentaire