L’entreprise autrement: Une incompétence généralisée

Oui ! Il le fallait bien, mais…Et l’incident mérite méditation. Un tollé général, rappelons-le,  a eu lieu chez nous, il  y a quelques jours,  à la suite de la découverte de quelques fautes flagrantes dans un manuel de français, officiel, destiné à nos élèves du primaire. Un tollé qui a emboîté le pas à celui ayant éclaté, il y a quelques semaines à la suite du fait que le marché de l’impression des manuels, soit remporté par les Turcs. Encore une bévue de l’administration qui n’a jamais su se hisser à un niveau de qualité des prestations acceptable et donner ses titres de noblesse aux services sociaux publics, que dire alors de toutes ses bourdes concernant les autres aspects de la vie publique, surtout celles ayant causé plein de dégâts à l’économie du pays. Et la réaction, spectaculaire et sociétale a été suivie par celle venue du sommet de l’Etat. Le locataire de Carthage a, en effet, exprimé, le 30 août dernier,  son indignation à propos de ce qui s’est passé  avec décision de faire endosser la responsabilité de ces actes à celui qui a donné le « bon à tirer ». Heureusement qu’il n’a pas crié, comme à la suite de l’apparition de chaque problème, au complot.  A se demander pourquoi Carthage s’intéresse-t-elle à ce grain de poussière et laisse, par exemple, la poutre des déchets ménagers qui polluent partout nos quartiers et nos villes et infectent notre vie ?   Autre question, pourquoi l’on constate un silence tombal en ce qui concerne  toutes ces  atteintes scandaleuses et généralisées  à notre langue nationale, pire à notre souveraineté culturelle? L’on pourrait dire sans risque de se tromper que nos manuels d’arabe renferment plusieurs fautes que personne n’a pu déceler, tellement le niveau du pays en langue arabe est honteux. Fautes dans un manuel de français oui, mais aussi plein de fautes non signalées, cette fois-ci,  dans plein d’autres manuels, dans des énoncés d’examens, dans des notes ministérielles, dans les journaux imprimés, électroniques et audio-visuels, dans les plaques et les pancartes,etc. Même l’appel à la prière est, chez nous, bourré de fautes de diction et de couacs aux modes musicaux. Nous sommes donc en plein dans l’incompétence, le laxisme et dans une culture de l’impunité, qui a trop duré et qui a, hélas, la peau dure. Incompétence multiple, car la question touche aussi bien le produit final que le processus en entier. Comment de telles erreurs se sont-elles glissées dans un manuel  scolaire, conçu et supervisé par une pléiade d’enseignants et d’inspecteurs ? Erreurs devenues fautes graves, qui ternissent nos jours déjà assombris par la très grave crise politique et économique qui risque de plonger notre pays dans le chaos. Erreurs dans un manuel scolaire, mais aussi des trains qui se tamponnent, des médicaments essentiels introuvables, des vaccins qui arrivent trop tard, une loi des Finances complémentaire qui n’arrive pas, des incidents diplomatiques dont certains sont graves et très coûteux . Des chefs de gouvernement mal choisis, des violations très graves et très dangereuses de la Constitution, etc. Cela sans oublier les négligences qui pullulent, les erreurs médicales, les défauts de fabrication qui vont du pain jusqu’à l’électronique et l’informatique, en passant par le prêt-à-porter, le bâtiment, les routes, etc. C’est dire que l’incompétence s’est non seulement généralisée, mais qu’elle a hélas touché aussi  tous les types (savoirs, savoirs- être, savoirs-faire, savoirs-dire, savoirs-prévenir, savoirs-devenir, etc.). Pire, elle a touché aussi ceux dont la responsabilité est de veiller à développer les compétences. Ce qui est réellement inquiétant,  c’est que rien n’est fait pour lutter contre ces fléaux, sachant que l’ignorance est partout et que le sixième de la population est analphabète. Rien n’est fait car, à côté de l’incompétence généralisée, qui empêche toute réaction positive,  il n’existe ni volonté sociétale ni volonté politique capables de renverser la vapeur. Rappelons que, dans plusieurs de nos chroniques, sur ces mêmes colonnes et dans le cadre de notre présente rubrique, nous avons appelé à la conception et à la réalisation d’un plan national de remise et de mise à niveau générale de la population et dans tous les domaines. Surtout pour les langues, bases de l’acquisition de toute compétence, mais aussi dans le domaine du politique, du juridique, de l’économique, sans oublier le Code de la route, la santé et la sécurité, etc. Avant de terminer, l’on pourrait se poser certaines questions. Si le texte du projet de la Constitution proposé au référendum du 25 juillet dernier était bourré de fautes, non d’orthographe, mais de contenu, ce qui a nécessité la publication de correctifs importants, pourquoi il n’y a pas eu un tollé généralisé comme ce fut a été le cas pour le manuel de français? Autre question. Qui va être puni à cause de ces fautes au sommet de l’Etat, puisque c’est l’auteur lui-même du projet qui les a commises?  Ah, j’ai oublié, le chef de l’Etat est, d’après ledit texte et non assujetti, et à vie, à la redevabilité.   

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