Le CSS en finale de la coupe de Tunisie : La grande révolution de velours

Le départ de plus d’un joueur-cadre et l’interdiction de recrutement ont obligé Karim Delhoum à jouer à fond la carte jeunes. Une option salutaire qui est en train de porter ses fruits.

Après un été des plus chauds connu par les Sfaxiens, les essais vains de garder des joueurs qui faisaient le bonheur de l’équipe, tels que Ben Ali, Dagdoug, Mâaroufi, Zamouri, Rayeh, Naccache, Karoui et Harzi, le bras de fer engagé désespérément par Firas Chaouat allant jusqu’à rompre unilatéralement son contrat, les nombreuses tentatives pour installer un comité de direction provisoire qui ont fini par amener M. Mohamed Trabelsi à la tête du club, on ne pouvait qu’être méfiants quant à la capacité des coéquipiers de Aymen Dahmen de surmonter rapidement les répercussions néfastes de cette rude épreuve sur fond de crise administrative et financière sans précédent dans l’histoire du Club Sfaxien. Tout refaire et reconstruire, repartir presque de zéro afin d’entamer la difficile remontée de la pente, en un temps très court, n’était pas un boulot facile pour Karim Delhoum, appelé pour une mission des plus délicates. La qualification, haut la main, pour la finale de la Coupe Farhat-Hached, avec la belle opportunité qui s’offre pour remporter un titre dans une année tumultueuse à oublier, a changé complètement la donne. On est passé dans le camp «des Noir et Blanc» à un revirement de 180 degrés, du désespoir profond à un optimisme démesuré. La rude bataille technique et surtout tactique menée avec brio et couronnée de réussite devant le Club Africain, en demi-finale, a montré qu’avec l’effectif actuel (composé essentiellement de jeunes auxquels manque le grand vécu, mais pas la volonté et la solidité mentale), on peut entreprendre une grande révolution de velours et couper avec la politique de recrutement tous azimuts, un peu à tort et à travers, qui a fait du CSS un «client privilégié» de la Chambre de résolution des litiges de la Fifa avec, à l’arrivée, un tas de dossiers et des amendes à coups de milliards qu’il faut payer pour pouvoir lever la sanction-couperet d’interdiction de recrutement.

A quelque chose malheur est bon

Karim Delhoum était donc devant l’obligation de composer avec les moyens du bord et de piocher dans le riche réservoir des jeunes. Surtout pour une défense complètement remaniée. Avec trois joueurs d’âge olympique : Mahmoud Ghorbel, Mohamed Nasraoui, Alaâ Ghram auxquels s’est ajouté un talent inconnu, Oussama Bahri. Ce quatuor a réussi, sur un seul match, à faire oublier les grands partants Houssem Dagdoug, Mohamed Ben Ali, Ghaïth Mâaroufi et Nour Ezzamen Zamouri. Sur le flanc droit de cette arrière-garde remodelée, Mahmoud Ghorbel a fait étalage d’un gros potentiel physique dans le marquage d’homme à homme et dans les montées et courses sur le couloir. Oussama Bahri a surpris par son abattage et sa grande débauche d’énergie sur le côté gauche et a même prouvé qu’il est un défenseur polyvalent capable de se reconvertir en arrière droit et même en axial. La satisfaction est également et surtout venue de la paire centrale Ghram-Nasraoui. Ces deux joueurs ont de la personnalité et de la force de caractère malgré leur jeune âge et le peu de matches dans les jambes et ont montré une assurance dans les interceptions comme dans la relance qui ont découragé un attaquant aussi doué dans le un contre un qu’est Adem Garreb. À l’entrejeu, le vétéran Chadi Hammami a trouvé des soutiens de poids dans le travail de récupération et de projection vers l’avant en phase de transition rapide défense-attaque : le jeune Fares Néji, auteur du but libérateur de la 122 minute et Bilel Hamrouni qui a fait son entrée en cours de jeu en demi-finale. L’apport de ces joueurs sur le plan défensif et offensif a libéré tactiquement Achraf Habbassi sur le couloir gauche et Hussein Ali comme régisseur au jeu fluide pour donner la bonne dernière passe dans le cœur de la défense centrale adverse. Cette variété de choix a permis à Karim Delhoum de faire du Mauritanien Ismail Diakité un électron libre en pointe. Avec sa bonne vitesse de course et ses qualités de grand dribbleur, ce fin technicien est utile comme ailier droit classique, mais possède aussi un bon flair du but et peut servir comme fer de lance et finisseur. Le technicien sfaxien en a fait un avant-centre contre le CA et il ne l’a pas regretté. Le but égalisateur de la 82’, qui a fait revenir le CSS dans le match et lui a donné des ailes dans le dernier quart d’heure et dans les prolongations, a été l’œuvre de cet ailier reconverti en numéro 9.

Le CSS, avec cette profonde métamorphose de son effectif et le changement de système de jeu qu’elle impose, a un nouveau visage. Avec un jeu plus en bloc, plus engagé et agressif qui privilégie le collectif et qui prend la place de ce jeu ouvert, séducteur et spectaculaire qui s’appuie sur les prouesses individuelles, Karim Delhoum attend que ses joueurs brandissent le trophée de la coupe demain pour continuer allègrement sa grande révolution de velours.

crédit photo : © Mokhtar HMIMA

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