Agir dans le respect de la loi

Editorial La Presse

Tous ceux qui transgressent la loi en voulant amasser de l’argent facile au détriment des intérêts de base des Tunisiens sont dans le collimateur des douaniers qui sont au carrefour de toutes les menaces et de tous les dangers. Mais à la première «bavure», une campagne de dénigrement se met en place contre ce corps sécuritaire et vient épingler un moral déjà en berne pour ceux qui se battent avec un impératif sécuritaire, sanitaire, économique et financier pour protéger le pays, les entreprises et les citoyens. En effet, l’affaire du décès par balle d’un contrebandier en plein centre de Tunis a provoqué une levée de boucliers contre les agents de la patrouille douanière où trois agents comparaîtront devant le juge d’instruction du Tribunal de première instance de Tunis dont l’un d’entre eux fait déjà l’objet d’un mandat de dépôt en attendant la parution des résultats des tests  balistiques. Ce genre de décision qui incombe à la justice devrait suffire pour calmer les ardeurs des voix qui s’élèvent pour dénoncer les bavures douanières mais ne fait que fragiliser l’action des douaniers exposés à des pressions multiples, étant donné l’enjeu financier qui en découle et qui rapporte à l’Etat plus du 1/5 de ses ressources à travers les différentes saisies qu’ils réalisent. Mais ce que l’on déplore, c’est que, chaque fois que la victime est un douanier, ces voix se taisent à jamais.  C’est pourquoi les douaniers haussent le ton et déplorent la mainmise des barons de la contrebande sur leur corps et pointent du doigt l’implication directe des hommes politiques influents pour couvrir leurs entourloupettes. Ils revendiquent le droit à la protection et réclament l’engagement de plusieurs réformes. Ils exigent des décisions et du courage politique pour mieux permettre à la douane de jouer pleinement son rôle dans la préservation des deniers de l’Etat et son économie.

Etant donné que la surveillance est au cœur de la mission de la douane, leur déploiement territorial ne cesse d’inquiéter les barons de la fraude, du trafic et de la contrebande. Leur présence dans les points névralgiques dérange aussi les éléments terroristes qui les prennent pour cible. Dans cette vaste entreprise, la douane a une place toute particulière et un rôle bien spécifique à jouer pour un pays ouvert en permanence à d’immenses flux de biens et de personnes. Seule la douane est à même d’appréhender ce genre de risque, d’un bout à l’autre de la chaîne.

Mais pour que les douaniers puissent mener à bien cette mission indispensable et la remplir avec succès, il faut que leur protection soit renforcée. Ils sont en première ligne face à tous les réseaux de fraude internationale et ils ont le droit d’agir en toute sécurité dans le respect total des droits et des valeurs républicaines. En effet, pour mieux aborder les enjeux qu’ils ont à affronter à tous les niveaux et qui sont essentiels pour la vie économique et sociale de notre pays, le projet de loi organique relatif à la protection des forces de sécurité intérieure et de la douane est un outil nécessaire pour eux. Or, ce projet de loi a été délaissé cinq années durant par l’Assemblée des représentants du peuple dissoute pour son caractère polémique. C’est le dernier moyen à leur disposition pour mettre un terme aux répétitions à l’identique qui sont cependant surprenantes et montrent une politique de girouette, alors que les barons de la fraude et du trafic illicite agissent en toute impunité. 

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