Ce que l’on possède finit par nous posséder !

Smartphone et réseaux sociaux, deux alliés qui ont envahi notre quotidien, comme nul autre pareil. Ils sont omniprésents, au travail, à l’école, à la maison et même dans les lieux de culte.

La dépendance numérique, ou les liens forts que nous tissons à la technologie ne sont pas sans conséquences sur nos modes de vie, cette dépendance atteint dans certains cas une forme d’esclavage où la technologie nous prend en otage jusqu’à ce que nous perdions contrôle sur nos décisions.

Si l’esclavage moderne correspond à tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré, il est également question des dépendances au monde technologique, on parle, dès lors, d’un esclave numérique.

En Tunisie, comme ailleurs dans le monde, la mutation numérique est si forte qu’une nouvelle civilisation est en train de naître sous nos yeux. Nouveaux rapports à l’information, nouvelles pratiques et nouveaux usages, Internet devient ainsi peu à peu une sorte de second cerveau, une source d’information inépuisable et disponible en permanence. Est-ce une chance, une menace ? Les réseaux sont-ils un formidable vecteur d’intelligence collective, ou un éteignoir de l’esprit critique ?

L’écrivain Benoît Sillard, dans une synthèse remarquable des évolutions en cours, trace les contours d’un monde riche de possibles et qui invente jour après jour le vivre-ensemble numérique. Il met en lumière les enjeux majeurs des prochaines décennies : accès aux réseaux de la connaissance, nouvelles façons d’apprendre, de travailler, de penser, maîtrise de nouveaux modèles économiques, politiques et sociaux. Mais cette évolution, si remarquable, s’apparente à une nouvelle forme d’accès au quotidien, à la réalité, aux choses. Elle tend, en effet, à changer notre rapport à la vérité et notre interprétation du réel. Ainsi, une forte présence sur Facebook, par exemple, devient source de bonheur et de satisfaction.

Des servitudes nouvelles

En effet, tous les sociologues et les chercheurs en sciences de l’information et de la communication font le constat. Internet et réseaux sociaux font peser de servitudes nouvelles sur nos contemporains.

Le progrès technologique n’a eu de cesse de fasciner l’humain autant que de lui faciliter la vie. Sauf que l’intelligence des androïdes qui se confondent avec des humains a de quoi faire rêver. Enfin une solution pour alléger les tâches ingrates des travailleurs et se libérer du temps, sans exploiter ses semblables. Sauf que l’exploitation devient encore plus grave, lorsque l’humain perd le contrôle sur la machine.

Mais où va le web ? S’interrogent les philosophes. La réponse n’est guère facile dans la mesure où l’intelligence artificielle n’a plus de limite. Des puces de détection géographiques, à la médecine automatisée, passant par les satellites et les robots, nul ne peut prévoir la finalité de la technologie.

Si l’humanité a besoin d’intelligence et de liberté, la nouvelle économie de la finance a remplacé l’économie industrielle depuis plus de 40 ans. C’est ce qui explique la puissance de la technologie et du numérique dans notre quotidien, puisque l’information devient l’essence de la production.

Alors, pour certains auteurs, ce n’est pas le numérique l’esclavagiste, mais plutôt, notre propre manière de penser, de voir les choses et d’opter pour la technologie comme solution à nos problèmes, comme porte d’accès au réel.

Les métadonnées, une obsession

Au fait, ce qui accentue cette situation de dépendance n’est autre que la course vers les métadonnées engagée par les géants du Web. C’est l’obsession de la Silicon Valley, du Web en entier : les métadonnées. Une montagne de gestes en ligne qui finissent par nous définir. Du moins, aux yeux de ceux qui croient que notre existence se résume à ce que nous faisons sur Internet.

Car, dans ce sillage, l’enjeu de publicité est crucial.

Capter le maximum de personnes intéressées par nos produits s’avère primordial dans cette situation de dépendance.

Et ce sont les pratiques des nouvelles générations, hautement connectées, qui font craindre le pire. En effet, les nouveaux usages liés aux outils numériques créent de véritables inquiétudes chez les spécialistes, qui démontrent, études à l’appui, les effets néfastes des écrans sur les enfants… de toute catégorie d’âge.

La société actuelle ultra-connectée voit le développement de nouveaux comportements au sein de la population, dont celui de «l’addiction aux smartphones».

Il est désormais connu et admis que les outils numériques sont conçus et pensés pour toucher certaines zones du cerveau afin de déclencher des réflexes, conditionnements, manques et récompenses chez les utilisateurs.

Donc, l’esclavage numérique s’apparente à une forme d’éducation, voire de conditionnement dès les jeunes âges.

C’est un acte consentant qui démontre une faiblesse accrue au niveau des mécanismes de défense face à la fascination par la technologie, cet artefact qui finit malheureusement par nous posséder !

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