Crise économique et austérité : Il est temps que l’Etat donne l’exemple

N’est-il pas temps que nos ministres abandonnent la deuxième voiture ? Qu’ils acceptent de réduire le cortège sécuritaire ? N’est-il pas temps d’installer dans l’ensemble des ministères des ampoules économiques et qu’il y ait, à partir de 19 heures, une extinction totale des feux dans les administrations ? N’est-il pas temps de généraliser à tous les niveaux la communication par messagerie électronique et de diminuer drastiquement la consommation de papier et d’encre d’impression ?

Il y a quelques semaines, le Président français, Emmanuel Macron, déclarait la fin de l’abondance, en vue certainement de préparer l’opinion publique à une année 2023 qui risque d’être difficile à tous points de vue. La crise de l’énergie et la crise écologique sont les grands titres des années à venir. Dans la foulée, plusieurs décisions ont été prises dont notamment celle de diminuer le temps d’illumination du monument le plus célèbre en France : la Tour Eiffel. Ainsi, cette dernière devrait s’éteindre tous les jours à 23h45 au lieu de 1h du matin. Cette décision de la mairie de Paris suit plusieurs autres décisions du genre prises à l’échelle nationale.

En Tunisie, la fin de l’abondance n’est plus un spectre qui menace le pays, c’est une réalité quotidienne. À tous les niveaux, nous vivons au-dessus de nos moyens et de nos ressources et nous nous étonnons des pénuries en disant que «c’était mieux avant». Une réflexion presque pavlovienne qui refuse de voir que le monde a changé.

L’hyperconsommation couplée à un mépris de la question écologique pourrait à terme mener le pays à sa perte. Nous ne pouvons, ni nous devons, continuer à consommer comme nous le faisions jadis. Eau, électricité, pain, voiture ne doivent plus être perçus comme des biens à consommer sans modération et sans conséquence sur la planète, le budget de l’Etat et le budget du contribuable. C’est désormais officiel, l’économie mondiale, selon un rapport de la Banque mondiale, entrera en récession en 2023. Désormais, la parcimonie doit devenir une politique d’Etat.

Débauche consumériste

Après l’accord entre le gouvernement et l’Ugtt, l’accord avec le FMI, selon plusieurs agences de notation, se rapproche. Un accord qui n’est pas pour autant signe de résolution de la crise et ne signifie certainement pas que nous pouvons revenir à une vie de débauche consumériste. Le FMI veillera à ce que l’Etat tunisien serre la ceinture et dépense beaucoup moins. Le gouvernement Bouden d’ailleurs ne s’en cache pas et s’engage à mettre en place des réformes. Des réformes qui demandent des efforts. On demande ainsi aux Tunisiens de faire des efforts et d’accepter la levée progressive des subventions.

Mais qu’en est-il de l’Etat, avec ses appareils colossaux, ses entreprises publiques qui pourraient être représentées par un trou noir de l’argent public ? Qu’en est-il des institutions et administrations aussi diverses qu’inutiles, aux frais de fonctionnement disproportionnés par rapport à leur valeur ajoutée ? Qu’en est-il des voitures de fonction qui alourdissent les charges des entreprises publiques et des ministères ? Qu’en est-il des frais de fonctionnement du gouvernement en lui-même ? Il est vrai que ce dernier point est anecdotique par rapport aux hémorragies financières de notre pays. Cependant, lorsque l’Etat demande à ses citoyens de faire des efforts et se serrer la ceinture, il faut aussi que l’Etat de son côté montre la voie et s’érige en exemple.

N’est-il pas temps que nos ministres abandonnent la deuxième voiture ? Qu’ils acceptent de réduire le cortège sécuritaire ? N’est-il pas temps d’installer dans l’ensemble des ministères des ampoules économiques et qu’il y ait, à partir de 19 heures, une extinction totale des feux dans les administrations ? N’est-il pas temps de généraliser à tous les niveaux la communication par messagerie électronique et de diminuer drastiquement la consommation de papier et d’encre d’impression ? N’est-il pas temps d’abandonner aussi les grandes bâtisses staliniennes et les bureaux fermés en faveur d’une administration sans bureaux particuliers réservés aux responsables, avec des «open spaces» (espaces ouverts)? Une politique qui permettrait de mieux exploiter les espaces et de réduire les frais fixes. Des idées et tant d’autres qui ne cherchent qu’à être mises en place.

Encore faut-il que la volonté politique y soit.

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