Billet : Comment rebondir ?

 Par Jalel MESTIRI
Il y a certainement des leçons à retenir de la prestation de la sélection lors de sa première apparition à la CAN 2019 face à l’Angola. On ne saura ignorer le fait d’avoir fait un fort mauvais usage des notions de jeu. L’on remarquera en passant qu’on ne fait pas disparaître magiquement le cumul d’un héritage très lourd.
Par rapport au système de jeu et des schémas tactiques préconisés par Alain Giresse, par rapport à sa tendance à chambarder d’un seul coup l’ossature de l’équipe, des associations improvisées à l’occasion, par rapport enfin à la formation alignée, on ne voit pas, sinon très peu, les arguments qui font vraiment l’unanimité. D’ailleurs, le sélectionneur a été la cible de critiques virulentes après le match.
Et la part des joueurs sur le terrain et en dehors? Ils sont aussi impliqués dans ce dérapage. Lors de cette première apparition de la sélection, nous étions en effet en présence de joueurs ordinaires, ou presque, qui avaient beaucoup perdu de leur éclat au point qu’ils n’arrivaient plus à soutenir le rythme imposé par un adversaire, pourtant considéré à la portée. Nous pensons qu’il y a un grand décalage entre ce qui a été présenté lors de la période de la préparation, essentiellement tout au long des matches amicaux, et ce qui a été dévoilé par la suite. Certains, notamment les joueurs que l’on considérait comme étant des joueurs cadres, ont participé au développement d’un certain malaise au sein de l’équipe. Nous sommes conscients du fait que le football est aussi fait d’erreurs et de maladresses parfois inévitables, mais toutes les défaillances lors de ce match ne peuvent constituer une excuse à certains comportements. Plus que des histoires de résultats, le rendement de la sélection offre les contours de plusieurs interrogations. Joueurs, mais aussi staff technique, voici qu’apparaît devant chacun une marge de responsabilité évidente dans ce qui a été concédé. En l’absence de stratégie, de complémentarité et d’homogénéité, les travers étaient nombreux. Ils sont connus en sélection: incompétence, inconstance morale et physique, et, dans tous les cas de figure, fragilité de ceux qui veillent à l’encadrement de l’équipe.
Les joueurs et le staff technique auraient ainsi besoin de comprendre que le parcours de la sélection dans cette CAN ne peut être que la conséquence de toute une série d’attitudes et d’adoption de valeurs. C’est l’issue inévitable d’une équipe qui ne peut pas aspirer à un nouveau statut en l’absence des dispositions requises. Si les problèmes sont connus par tous, les solutions deviennent aujourd’hui presque impossibles à la vue des dérapages qui n’en finissent pas…
Evoquer aujourd’hui les problèmes de la sélection dans une épreuve comme la CAN, c’est provoquer les fantômes du passé. La sélection a très longtemps cumulé les ennuis de ce genre dans une échéance de cette envergure. Cela dépasse largement le débat autour du rendement des joueurs individuellement et collectivement. Mais c’est aussi le devoir de pointer ce que nous considérons comme des erreurs, ou des dérives.
Aujourd’hui, la question essentielle est de savoir si l’équipe a vraiment de l’avenir dans cette CAN, notamment face à autant de défaillances et à l’égarement de ses acteurs.
Parfois, les difficultés permettent d’avancer, mais la sélection ne devrait en aucun cas céder aux aléas d’un football dénaturé. Entre l’essentiel et l’accessoire, la manière d’alterner temps de jeu, formules et raisonnement, on reconnaît désormais l’impératif d’une mobilisation et d’une adhésion inconditionnelle à tout ce qu’il y a de mieux pour l’ensemble. Pour l’équipe.
Le mérite auquel peut aspirer la sélection ne peut pas être seulement lié au résultat, ou encore à une régularité dans le rendement. C’est une philosophie de jeu. Une vocation. Un style plus qu’un mode de comportement. Une équipe capable d’épouser tous les styles, jouer tous les rôles. Que ce soit en match officiel, ou en amical, elle aurait toujours besoin de s’imposer sur le terrain.
Plus que dans leurs clubs, les joueurs ne devraient pas ignorer qu’au stade où ils en sont et à travers leur statut, ils sont constamment attendus. Chaque match devrait constituer une nouvelle remise en question et une nouvelle opportunité pour aller de l’avant. Cela devrait être une conscience au quotidien
Des changements à l’occasion du prochain match face au Mali ? Il y en aura certainement. Mais encore et toujours tant qu’on n’a pas trouvé la bonne formule et tant que l’équipe tarde à rebondir. Des changements, ou plutôt des rectifications, s’imposent d’eux-mêmes.

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