Armes blanches et drogues en milieu scolaire : Le tocsin sonne dans les écoles

On ne parle plus de violence, mais plutôt d’ensauvagement en milieu scolaire accompagné d’un taux très élevé en termes de décrochage scolaire avec plus de 100 mille depuis 2012.

Deux élèves poignardés depuis le mois de septembre, le premier a succombé suite à des blessures graves et le second a été transporté à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires. L’année scolaire commence très mal et le tocsin sonne aux écoles à défaut de mesures draconiennes et de réformes susceptibles de redorer le blason à un système éducatif tombé en désuétude.

On ne parle plus de violence, mais plutôt d’ensauvagement en milieu scolaire accompagné d’un taux très élevé en termes de décrochage scolaire avec plus de 100 mille depuis 2012.

Attaques au couteau et vente de cannabis

Dans la soirée du 26 septembre, un élève de septième année de base, âgé d’à peine 14 ans, a été poignardé à l’intérieur d’un collège par son camarade de classe suite à une dispute. Ce dernier lui a asséné trois coups de couteau au niveau de la poitrine dont l’un a atteint le cœur, provoquant ainsi un grand état de choc au sein du milieu éducatif et des habitants de la région.

Malgré son transfert à l’hôpital Bougatfa de Bizerte, où elle a été admise en soins intensifs, la victime a succombé à ses blessures.  L’agresseur a été arrêté  et  le juge d’instruction du tribunal de première instance de Bizerte a autorisé la mise en garde à vue de l’agresseur.

Comme pour mieux marquer cette dangereuse dérive dans le milieu scolaire qui nous renvoie à un profond malaise sociétal causé par d’autres facteurs aux multiples facettes dont notamment la marginalisation et la démission parentale, considérées comme élément catalyseur pour la montée de la délinquance juvénile, une autre agression est venue confirmer ce grave recours à la violence dans le milieu scolaire. L’incident s’est déroulé, cette fois, au collège Romila à Nabeul mercredi 5 octobre.

L’agresseur, qui a tout de suite pris la fuite, n’est autre qu’un camarade du collège. Une dispute qui a vraisemblablement mal tourné et la victime a reçu deux coups de couteau au niveau de la cuisse, ce qui a nécessité son transport à l’hôpital régional.

Plongé dans les revendications  syndicales,  somme toute légitimes en raison de la dégradation de leur situation qui les a acculés, à maintes reprises, au recours au débrayage, les enseignants sont dans l’incapacité  d’assumer pleinement un rôle  préventif  en raison surtout de la démission des parents. Cela explique la prolifération de la drogue en milieu scolaire qui inquiète à plus d’un titre et conduit à d’autres comportements violents. Un mal récurrent mais qui ne doit pas passer sous silence.  

Plusieurs propriétaires de kiosque profitent de la proximité des institutions scolaires pour vendre des produits psychotropes. Rouler un joint de cannabis en catimini devant les lycées, notamment de la banlieue nord, s’apparente à un secret de Polichinelle, seuls les parents démissionnaires sont aux abonnés absents.

La litanie de la réforme

Les campagnes sécuritaires effectuées à proximités des institutions scolaires ne peuvent apporter leur fruit en l’absence d’autres mesures impliquant les diverses parties intervenantes, à commencer en prime lieu par la famille. Les arrestations et autres mesures privatives de liberté ne peuvent contribuer qu’à l’aggravation de la situation. Tous les ministres de l’Education nationale qui se sont succédé au pouvoir, dont tout récemment Fethi Sellaouti, ont appelé à une réforme en profondeur d’un système «vintage» qui a marqué ses limites, mais en raison de la situation générale du  pays marquée  par l’instabilité politique, la réforme est restée lettre morte.   

Khaled Boughzou, universitaire, a expliqué dans une étude élaborée  autour de l’abandon scolaire en Tunisie que « malgré les grands efforts investis dans l’éducation ainsi que les diverses réformes introduites dans le système éducatif tunisien, le rendement interne ne s’est pas amélioré et est resté en deçà des aspirations et des attentes espérées ». Un constat d’échec  regrettable.   Et d’ajouter que « plus de 100 000 élèves du primaire et du secondaire ont quitté l’école avant d’avoir terminé un cycle pour la seule année 2012-2013 ».

Il s’agit, conclut-il, d’un seuil psychologique qui a été dépassé et qui a mis en échec tout un système éducatif : notre école va de plus en plus mal, et remet en cause les choix et les options mis en œuvre».

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