Ils ont dit

Rim Kolsi, directrice générale de la politique monétaire à la Banque centrale de Tunisie (BCT)      

«L’inflation ne cesse d’augmenter depuis le deuxième semestre de l’année 2021 et il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. La BCT avait alerté contre les pressions inflationnistes mais celles-ci sont devenues plus accrues après la guerre en Ukraine et l’augmentation des prix des matières alimentaires de base. La tendance haussière de l’inflation se poursuivra. Ceci a poussé la BCT à augmenter le taux directeur de 75 points de base, en mai 2022, et de 25 points de base tout récemment. Avant de prendre une telle décision, le conseil d’administration de la banque étudie toutes les données. On estime que l’année 2023 serait plus difficile que l’année 2022 concernant les pressions inflationnistes et ce problème commencerait à se résoudre en 2024. Et si aucune mesure n’est prise, le taux d’inflation approcherait les 10%.   

Les fruits de l’augmentation du taux directeur ne seront visibles qu’à moyen terme c’est-à-dire après un an et demi ou deux. L’impact de cette augmentation sur le taux d’inflation n’est visible qu’après 6 mois à un an. Pour ce qui est des conséquences de cette décision sur le TMM et le coût des crédits, il est minime. Ainsi, pour une personne payée 1..400 dinars par mois et ayant un crédit de 80 mille dinars. Celle-ci verra son crédit augmenter de seulement 8 dinars. Mais le vrai problème réside dans l’accès au financement et non dans le taux d’intérêt. Il est important de rationaliser les importations et de donner la priorité aux produits de base pour préserver le crédit de la Tunisie en devises étrangères qui est en recul depuis le début de l’année. Si l’inflation poursuit sa tendance haussière, il est possible d’augmenter le taux directeur, une nouvelle fois. Car le rôle de la Banque centrale est de préserver la stabilité des prix. Pour que la situation économique se débloque, il est nécessaire de reprendre la production, notamment pour certaines activités comme les énergies renouvelables et le phosphate».   

Nefaâ Ennaifer,  membre du bureau exécutif de l’Institut arabe des chefs d’entreprises   

«Le secteur des industries alimentaires, notamment la filière laitière, la filière avicole, le secteur des minoteries ainsi que la filière des pâtes alimentaires, connaît actuellement une situation très critique, voire dangereuse. Cela revient au manque d’écoute des professionnels en plus de l’absence, depuis des années, de procédures et de réformes. Cette situation serait le résultat d’un cumul, car si les gouvernements précédents avaient joué leur rôle correctement, cette conjoncture aurait été évitée. Aussi, si le gouvernement en place n’engage pas des mesures rapides, les répercussions seraient tragiques. Elles pourraient mettre en péril tous les systèmes. Le coût élevé est principalement lié aux prix mondiaux élevés des intrants alimentaires et des prix de l’énergie, car le coût de l’alimentation animale représente au moins 60 % du coût de production. Il est nécessaire de prendre des mesures rapides pour réduire le coût, à l’instar des augmentations immédiates qui doivent être appliquées pour réformer les filières, payer les cotisations dues auprès de l’Etat et annuler les paiements imposés sur les pièces de rechange et les intrants alimentaires. Les cotisations accumulées des industriels auprès de l’Etat dans la filière laitière sont estimées à environ 320 millions de dinars. Les industriels du secteur des minoteries et des pâtes alimentaires n’ont pas reçu leurs redevances de l’Etat depuis environ 20 mois. Ces redevances sont estimées à 300 millions de dinars».      

Laisser un commentaire