Les ressorts inquiétants du populisme

Editorial La Presse

Le drame qui a secoué la ville de Zarzis, où des migrants noyés ont été enterrés dans «le jardin d’Afrique» sans que leurs familles ne soient informées et sans procéder à la collecte des échantillons d’ADN, alimente la polémique de façon bien particulière. 

Il faut dire qu’il est désormais de plus en plus fréquent de voir des responsables manquer à leur devoir et se démarquer de la noblesse que représente leur fonction. Si on ne compte plus aujourd’hui les crises, aussi bien les excès que les manquements sont devenus fréquents. D’ailleurs, il n’est plus facile de dégager une logique de raisonnement cohérente et pertinente dans le mode de fonctionnement, mais aussi dans les attitudes et les discours de la nouvelle génération de responsables régionaux d’aujourd’hui. Dans chaque crise et dans les différentes épreuves, c’est toujours la même pédagogie, mot pour mot. Des secteurs d’activités, pourtant stratégiques, sont ainsi devenus des lieux de comportements évitables et de gestions défaillantes. L’efficacité et les solutions n’ont plus leur raison d’être.

Ce sont essentiellement les déficiences des autorités et des administrations régionales qui provoquent les tensions et les malaises dans pratiquement tous les domaines où ils interviennent. La manière avec laquelle les crises sont aujourd’hui gérées au niveau régional et local montre que cette nouvelle vague de responsables régionaux préfère prendre la tangente. Des responsables parachutés qui débarquent accidentellement et qui ridiculisent la mission dont ils sont investis avec leurs jugements inappropriés et à coups d’arguments inaudibles. Ce qui est entrepris ici et là en dit long sur les personnages. Il en dit long sur les ressorts inquiétants du populisme. Ce qui devrait être régi par la qualification, le savoir-faire et le professionnalisme bascule dans l’amateurisme, les maladresses et l’imprudence.

Dans une conjoncture économique et sociale difficile et où tout doit être évalué en termes d’efficacité et de résultat, il est vraiment regrettable qu’on ait substitué de nouvelles normes de travail et de compétences impérieuses pour la Tunisie, pour ses fondements et pour son avenir. Rien n’est plus vraiment exemplaire. Ni la gouvernance régionale, ni la gestion des crises, ni le mode de travail, ni les rapports humains, ni  l’ambiance…

Beaucoup de régions connaissent leur propre crise de gouvernance. Face aux dérives et aux dérapages successifs et accablants,  elles  fonctionnent dans une prosaïque de réalité amère.

Il s’agit assurément d’une crise institutionnelle qui recouvre plusieurs enjeux apparents et d’autres sous-jacents. D’où les conflits d’intérêts politiques entre les différentes instances, ce qui nous amène à nous interroger sur la gouvernance locale et  régionale. Qui détient réellement le pouvoir et qui décide ?

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