Politiques publiques: L’Ugtt ne cache plus son mécontentement

En dépit de la signature d’un contrat social et du parachèvement des négociations sociales avec le gouvernement, l’Ugtt s’oppose toujours à certaines politiques mises en place.

C’est le secrétaire général, Noureddine Taboubi, qui brise, à chaque fois, le silence pour rappeler cette opposition. Visiblement, le dernier rapprochement observé entre les deux parties était simplement nécessaire pour préserver la paix sociale.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, l’Ugtt ne cache plus son mécontentement et tient à chaque fois à rappeler ses positions complètement opposées à celles des autorités. Dernièrement, c’est la question des entreprises citoyennes qui a été soulevée par la centrale syndicale. En effet, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail, Noureddine Taboubi, a souligné «le refus de l’Union de l’octroi des terres domaniales illégalement  au profit des coordinations», affirmant que ces terres sont des propriétés de l’Etat et du peuple tunisien.

Taboubi a critiqué, lors de son intervention au congrès ordinaire de l’Union régionale du travail à Siliana, la position des autorités face au drame du naufrage de l’embarcation transportant des migrants irréguliers à Zarzis.

«Nos jeunes ont opté pour les embarcations de la mort, après la perte de l’espoir à cause des tiraillements politiques, de la pauvreté et de la marginalisation», a-t-il estimé.

Taboubi a par la même occasion exprimé sa solidarité avec les mouvements de protestation des enseignants suppléants, signalant que l’Union défendra leurs droits.

Au fait, la centrale syndicale s’oppose carrément au projet personnel du président de la République avant même son ascension au pouvoir.

Il y a deux semaines, le Président de la République Kaïs Saïed a donné le coup d’envoi de la réunion de préparation du lancement de la première entreprise citoyenne. Un nouveau concept, certes innovant, mais qui se heurte, selon les observateurs de la scène nationale, à de nombreux obstacles, dont notamment la capacité des citoyens à s’entendre autour d’un même projet.

Le coup d’envoi de ces entreprises a été donné à Beni Khiar dans le gouvernorat de Nabeul. Le projet consiste en l’exploitation de parcelles de terres domaniales à Béni Khiar. Et depuis, d’autres projets similaires ont vu le jour dans d’autres gouvernorats.

Il faut rappeler qu’un décret présidentiel stipule la création de ce genre d’entreprise. Le même décret définit la société citoyenne comme étant toute personne morale créée par un groupe d’habitants d’une région, et qui vise à réaliser l’équité sociale et une répartition équitable des richesses par l’exercice collectif d’une activité économique à partir de la zone où ils sont installés.

Pas que les entreprises citoyennes

Au fait, les entreprises citoyennes ne constituent pas seulement le point de discorde entre l’Ugtt et les politiques publiques engagées par le Président de la République et le gouvernement. Il faut dire que le dernier accord préliminaire conclu entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) est également source de tension avec l’Ugtt. Le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail et porte-parole de l’organisation, Sami Tahri, est revenu sur les négociations entre le gouvernement et le FMI.

II a indiqué que la Centrale syndicale était favorable aux réformes «mais pas tel que l’entend le gouvernement», expliquant que l’Ugtt a insisté sur «une réforme fiscale profonde, clémente et juste».  Des réformes orientées vers le sauvetage du pays et non des «mesures douloureuses». 

Sami Tahri a signalé que la nature des réformes était un point de divergence entre l’Ugtt et le gouvernement, assurant que celui-ci négocie actuellement avec le FMI «quelque chose dont l’organisation n’a pas connaissance». «Nul en Tunisie ne sait ce que le gouvernement discute avec le FMI», a-t-il ajouté.

En effet, dès le départ, les visions entre les deux parties étaient divergentes, mais le gouvernement a choisi un passage en force en dépit des réserves de l’Ugtt. Au cœur de cette divergence, le programme de réformes que compte appliquer incessamment le gouvernement pour débloquer les financements du FMI. D’ailleurs, c’est la question de la levée de la subvention qui dérange le plus. Taboubi soupçonne même «des tactiques préméditées adoptées par le gouvernement pour provoquer certaines pénuries».

Il a assuré récemment que «les pénuries de certains produits sur le marché sont une tactique préméditée par le gouvernement».

Il a expliqué que le gouvernement veut habituer le citoyen aux difficultés de s’approvisionner, en vue de lui imposer la levée totale des subventions.

«L’Ugtt n’a jamais donné son accord pour la levée des subventions. 80% des familles tunisiennes, et non pas seulement les familles nécessiteuses, ont un besoin vital de subventions», a-t-il soutenu. 

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