Ghar El Melh: un joyau à sauvegarder

Mise en place d’un circuit écotouristique à Ghar El Melh pour des promenades de Birdwatching de la Zone Clé pour la Biodiversité de Jbel Nadhour et la Lagune de Ghar El Melh.

Ce circuit a été enrichi par des activités culturelles, culinaires et sportives pour diversifier l’expérience des visiteurs et faire connaître au mieux les spécificités de la région en dehors de la période estivale. La Tunisie regorge de villes magnifiques et de destinations de prédilection pour les férus de la nature.

Il suffit de se rendre à Ghar El Melh, ville côtière du Nord rattachée au gouvernorat de Bizerte, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, pour tomber sous le charme d’un coin de paradis où le visiteur est subjugué par la splendeur de Dame Nature, ses forts ottomans classés monuments historiques et surtout par la diversité ornithologique de son complexe lagunaire.

Une initiative régionale au profit de l’homme et de la nature

Il ne faut pas s’étonner pour autant, la ville est classée depuis 2018 comme ville des zones humides de la Convention Ramsar relative aux zones humides d’importance internationale. Elle offre un havre de paix pour les habitats des oiseaux d’eau. Ceci explique la mise en place d’un circuit écotouristique à Ghar El Melh pour des promenades de Birdwatching de la Zone Clé pour la Biodiversité de Jbel Nadhour et la Lagune de Ghar El Melh, avec des sentiers de visite pédestres et à vélo mis en valeur par l’Association « les amis des Oiseaux  » (AAO/bird/life en Tunisie) dans le cadre du projet Gemwet (Conservation et Développement Durable des Zones Humides Côtières à Haute Valeur Écologique) financé par la fondation MAVA et mis en œuvre par un ensemble de partenaires régionaux et nationaux.

L’AAO a même préparé un mini-guide qui sera disponible prochainement, illustrant 60 oiseaux sédentaires et migrateurs de cette région. Le but est de valoriser l’écotourisme en faisant découvrir aux visiteurs la diversité ornithologique du site par la présentation des espèces d’oiseaux les plus observés. S’ils sont trop gâtés, les oiseaux du complexe lagunaire de Ghar El Melh sonnent en quelque sorte l’alerte en cas où le taux de pollution dépassera certaines limites. « Ils partent à jamais » nous déclare le maire de la ville Othmane Ben Gara qui ne cache pas le fait que cette zone connaît des problèmes liés à la pollution.

Des lacunes à combler au plus vite

La coordination avec le pouvoir local et la société civile dans le cadre de la mise en application des accords inhérents à l’écotourisme est d’une importance primordiale, note de son côté le président de l’AOO, Hedi Issa. Il ajoute que des Bennes à Ordure Ménagère ont été livrées par son association à la mairie dans le cadre du projet Gemwet. Un projet qui vise la mise en valeur du tourisme environnemental dans cette zone riche d’une richesse exceptionnelle eu égard à sa situation géographique. Le président de l’AOO a regretté le problème persistant de la pollution dû aux déchets plastiques dans cette zone, notamment en été où le nombre des visiteurs qui ne portent pas un regard soucieux sur la nature peut quintupler et celui des voitures peut atteindre les 30 mille durant les week-ends. Ceci ne fait qu’augmenter le taux des déchets plastiques. 97% des oiseaux d’eau ont avalé du plastique selon une étude qui remonte à 2018, annonce amèrement Hedi Issa.

Ceci sans compter la chasse d’espèces d’oiseaux protégés qui se réfugient dans les îlots pour se reproduire et la fermeture depuis une année du musée « Dar El Bhira » (inauguré en 2013) situé dans l’ancien fort Ottoman (Borj Elloutani) suite à des inondations. Le circuit écotouristique mis en place se trouve ainsi privé d’un lieu de visite d’une grande importance puisqu’il retrace la diversité des zones humides en général et leur importance pour l’écosystème, ainsi que l’histoire de la région. Pollution plastique, braconnage et urbanisation galopante « En Tunisie, on peut observer 412 espèces d’oiseaux migrateurs et déjà dix espèces de vautours ont complètement disparu  » nous explique le coordinateur du programme scientifique de l’Association « Les Amis des Oiseaux ».

Hichem Zafzaf qui vient de recevoir à Budapest le Prix de la conservation des oiseaux d’eau 2022 de l’AEWA dans la catégorie individuelle. Quant à Ghar El Melh qui est d’une superficie de 28,5 Km2, on peut observer 51 espèces d’oiseaux migrateurs durant l’hiver, souligne notre interlocuteur. « Pour les oiseaux d’eaux, le pays compte environ 500 mille, dont 30 mille rien que dans la lagune de Ghar El Melh « .

Selon lui, parmi les grands problèmes auxquels font face les oiseaux d’eau, on peut citer la pollution plastique et le braconnage alors que la zone est classée Ramsar. Des contacts ont été déjà établis avec des tour-opérateurs en Tunisie et en Europe en vue de promouvoir le Circuit Ecotouristique de la Zone Clé pour la Biodiversité de Ghar El Melh. Une journée de formation pour l’information et la promotion de ce Circuit vient par ailleurs d’être organisée samedi dernier sous l’égide de l’association « Les Amis des Oiseaux » et en partenariat avec la Maison de la Culture de Ghar El Melh, la Municipalité de Ghar El Melh, l’Union Locale de l’Agriculture et de la Pêche de la région et l’Agence Tunisien Écotourisme. Le circuit a été enrichi par des activités culturelles, culinaires et sportives en vue de diversifier l’expérience des visiteurs et faire connaître au mieux les spécificités de la région en dehors de la période estivale. Parmi les moments forts, la visite du port punique, celle des forts, des cultures de Gataayas et enfin le marabout de Sidi Ali El Mekki, sans bien sûr oublier l’observation des oiseaux d’eaux présentes en cette période de l’année.

 

Photo: © Samiri DRIRDI

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