Théâtre — Avant-première de « Black-out » de Mounir Argui à la Cité de la culture: La quête de lumière

Après le succès de « Dima Nadhak Dima Zahi », spectacle musical présenté dans les festivals l’été dernier, Mounir Argui a présenté en avant-première, à la Cité de la culture, sa nouvelle création théâtrale « Black-out » adaptée de l’œuvre « Les aveugles » de Maurice Maeterlinck.


Mounir Argui propose, dans sa mise en scène, un dispositif scénique dans lequel l’acteur se cache derrière le masque de la marionnette. Le processus de création emprunté par le metteur en scène consiste en un métissage entre les arts et un échange artistique par l’introduction de la marionnette. La pièce en un acte écrit en 1890 par Maurice Maeterlinck est difficile à mettre en scène en raison de son caractère figé et l’immobilisme des personnages. Ces derniers, une douzaine, égarés dans une forêt, tâtonnent dans leur obscurité. Ils se mettent à dialoguer entre eux. Leur guide a disparu. Comment faire jouer des aveugles perdus et abandonnés dans un lieu étrange ?

C’est à travers le masque que tout se joue sans pour autant effacer la présence de l’acteur. Il s’agit d’une autre façon plus élaborée de présenter le texte théâtral au spectateur en mettant à contribution la marionnette. Un dispositif immersif utilisé pour brouiller les pistes.

Bien que la situation de ces aveugles soit tragique et inquiétante, Mounir Argui introduit des éléments humoristiques dans les dialogues qui provoquent le rire des spectateurs pour dérider l’ambiance empreinte d’obscurité appuyée par une lumière clair-obscur. Les aveugles réagissent aux sons provoqués par le vent, les vagues d’une mer voisine dans l’attente de leur guide qui les a conduits dans ce lieu. Ils ne savent pas qu’il est mort parmi eux.

Des comédiens  et leur marionnette

Seuls les voix et les sons permettent d’établir le contact et de donner une orientation possible à une présence. Les mots essaient de traduire une émotion ou un espoir, alors que tout échappe à ces aveugles. L’univers sonore et musical est un pilier essentiel de la pièce. Il meuble l’espace en produisant les cris, le vent, le froid, les vagues, le silence…

« Black-out » est interprétée par des comédiens issus de l’Institut supérieur d’art dramatique (Isad) qui ont réussi à manipuler la marionnette et à lui insuffler des sensations fortes. A la fin de la pièce, la communauté d’aveugles se rend compte de la mort du guide. Mais une note d’espoir traverse la pièce : la naissance d’un bébé qui, lui, les guidera sans doute vers la lumière. Le climat créé est envoûtant. Il restitue l’ensemble des sensations : peur, angoisse face aux éléments de la nature comme le vent, la neige, le bruit des vagues et le désarroi face à la découverte du corps du guide. Et c’est tout le mérite de Mounir Argui, des comédiens et des concepteurs des marionnettes et de la musique et des bruitages d’avoir réussi avec brio à communiquer des sensations fortes sans ambages.

Laisser un commentaire