Enquête | Collectivités locales (Partie II) : Korba malade de sa commune !

 

L’on vient de faire, dans notre premier article, un constat à la fois quasi exhaustif et alarmant à juste titre, sur la situation précaire et inadmissible de la ville de Korba. Situation ayant finalement conduit le ministre de l’Intérieur de siffler la fin de la récréation et de décider le gel des activités du récent bureau communal. Puis, tout récemment, le Chef de l’Etat de décider finalement la désignation si salutaire d’une délégation spéciale provisoire, en attendant l’élection d’un nouveau bureau.

Ce qui devait provoquer le soulagement de tous, communaux et contribuables confondus. Lors du vide à la tête de la commune, les autorités régionales ont dû désigner le sous-directeur financier, M. Imed Khemir, pour assurer provisoirement la coordination et l’expédition des affaires courantes. En attendant la mise en place d’une délégation spéciale. On se propose, cette fois-ci, de vous présenter les résultats de notre enquête, effectuée auprès des diverses parties prenantes, ayant été pour beaucoup dans le pourrissement de la situation au sein de la commune et de dévoiler les tenants et les aboutissants de cette grave affaire. Puisque, selon certains témoins oculaires et auriculaires, des membres du syndicat de base se sont aventurés, en fin de séance unique estivale, à s’attaquer à la voiture de la bonne dame assurant les fonctions de secrétaire générale de la commune, tout en la traitant de tous les noms d’oiseaux et en lui lançant à la figure le fameux slogan, aujourd’hui anachronique et dépassé : ‘‘Dégage !’’. Sous prétexte que ‘‘l’intéressée envenimait l’atmosphère et le climat de travail et semait sans discontinuer la zizanie et l’esprit de clans dans les rangs des cadres et agents de l’administration’’.

La gratification du Ciel

Et, depuis ce regrettable incident, l’agressée, par mesure de sécurité, a été autorisée par la hiérarchie, à ‘’travailler à distance’’ à partir de son domicile. Selon les cadres et agents en exercice au sein de la commune, l’intéressée n’a, depuis des mois, aucun lien professionnel avec la commune, n’a mis le nez dans aucun dossier et qu’elle est tout bonnement gratifiée par le Ciel d’un long congé payé qui a tout l’air de perdurer. Cela étant, il semble grand temps d’en finir avec cette irrégularité fort édifiante sur le caractère boiteux et trébuchant de la gouvernance. Car, au cas où il s’avérerait impossible pour ce cadre, ingénieur architecte de son état, de collaborer utilement et de faire bon ménage avec le personnel de la commune. Et qu’elle constituerait un obstacle au bon fonctionnement de son administration d’attache, on aurait dû, sans beaucoup attendre, la réaffecter, par permutation par exemple, ailleurs, là où elle pourrait être utile et mériter son salaire.

En sursis…

Quant aux assaillants, ils ont été attaqués en justice pour leurs répréhensibles méfaits. Ce qui a coûté, en premier ressort, à quatre éléments, des peines de prison avec sursis, allant de trois à cinq mois, pour les chefs d’inculpation suivants: *entrave au cours normal du service dans un organisme public,* voie de fait, *atteinte à la liberté de travail. Lesquelles peines ont été jugées par beaucoup, très peu dissuasives et disproportionnées avec les faits perpétrés.

La SG s’explique

Approchée, la victime nous a précisé que les griefs qui lui avaient été reprochés sont sans aucun fondement. Puisque le syndicat lui en voulait considérablement pour son étroite collaboration avec le maire de la commune, estimant que celui-ci ne méritait pas ce poste, acquis à travers des manœuvres à la fois déloyales et sordides, lors de la tenue des élections au sein du nouveau bureau communal. Avis d’ailleurs partagé avec les autres représentants de la mosaïque de partis ne pesant plus lourd dans l’échiquier politique et ne cachant pas leur farouche opposition à Ennahdha. Et à la secrétaire générale d’ajouter : ‘’Il aurait été insensé de ma part, de faillir à mon obligation de collaborer avec mon chef hiérarchique direct et de me laisser soumettre à un diktat si absurde de la part de ceux qui s’entêtent à contester la légitimité du maire’’.

Le veto syndical

Concernant la dégradation de l’hygiène et de la situation environnementale de Korba, ladite responsable, dont le statut demeure jusqu’à présent ambigu, l’impute au veto syndical opposé contre le recours à la sous-traitance pour faire faire la grande toilette de la ville . Alors que l’enveloppe budgétaire y afférente avait été déjà, à l’époque, allouée et approuvée par le bureau communal, alors en exercice. Par ailleurs, notre enquête nous a permis d’établir que des facteurs à la fois exogènes et endogènes se sont conjugués pour précipiter la ville de Korba dans la déconvenue et le malaise actuels, allant crescendo. Commençons par le seul et unique facteur exogène.

Une extension mal venue

Il s’agit du nouveau découpage administratif visant l’extension des périmètres communaux aux zones rurales environnantes. Le périmètre communal de Korba s’est vu ainsi porté de 18.000 à 20.000 ha. De ce fait, le volume démographique couvert par la commune est passé de 50.000 habitants à 70.000 après l’annexion des Omdats de Boujrida, Boulidine, Béni Ayech, Garaat Sassi et Dar El Hojjaj. Ce qui a, un tant soit peu, alourdi les charges communales. Sachant qu’en pratique les prestations fournies aux contribuables supplémentaires ont été jusqu’ici presque insignifiantes. Cela, sans compter les énormes flux estivaux des vacanciers qui alourdissent davantage le fardeau communal et l’estocade se voit ainsi portée aux eaux de 100.000 résidents.

La dimission collective

Le principal facteur endogène est en rapport avec les deux derniers bureaux communaux qui se sont succédé. Le premier bureau élu en 2018 n’a pas fait long feu et n’a pu résister aux malentendus et à la discorde ayant dominé ses membres. Ce qui a conduit à la démission de la majorité de ceux-ci. Après avoir accusé le président et son équipe restreinte d’avoir constamment failli à leur devoir de veiller à l’exécution des projets, approuvés et budgétisés par le bureau communal, à travers un suivi à la fois régulier et convenable. Ce qui devait condamner fatalement ce bureau à la dissolution.

De mal en pis !

La situation est allée de mal en pis avec l’installation, au mois de juin 2020, du nouveau bureau. La crise devait d’emblée dire à tous: ‘‘Bonjour! Coucou ! Je suis là’’. C’est aux représentants d’Ennahdha de s’asseoir inconfortablement sur le fauteuil pivotant de la présidence. La levée de boucliers de la majorité des membres ne s’est pas fait attendre. Motif ? Les élections étaient, disait-on, le fruit de manœuvres manifestement frauduleuses. Même la validation des résultats par la justice n’était pas pour convaincre les contestataires qui n’étaient pas pour autant prêts à baisser les bras. Prétextant que la justice était alors ‘‘infiltrée’’ par Ennahdha.

Le gel s’est fait attendre

Deux clans se sont alors constitués. Celui, minoritaire du président, du secrétaire général et d’une poignée d’alliés d’une part, et celui du reste des membres du bureau, d’autre part… Bras de fer, échange d’accusations et de coups de bec, etc. Bref, tous les agissements de ce répertoire sont à l’ordre du jour dans la plupart des réunions. Cela au cas où les belligérants ne se seraient pas fait marquer aux abonnés absents. Il va sans dire que de tels dérapages, ajoutés aux éternels accrochages entre le secrétaire général en exercice sur les lieux et non ‘‘à distance’’, et le corps syndical de base, constituaient un obstacle de taille au bon fonctionnement de l’administration communale. Suite à quoi, le ministre de l’Intérieur a eu, quoique tardivement, à prendre le taureau par les cornes, en décidant le gel des activités du bureau de la belligérance. Et mieux vaut tard que jamais.

Le temps c’est de l’argent

Il demeure entendu que cette éternelle transe ne pouvait que précipiter le dysfonctionnement de la machine communale et de provoquer une cascade d’incurires. On en cite essentiellement :

La non-approbation du budget de fonctionnement au titre des exercices 2021 et 2022.

Les grands projets (afférents à l’amélioration de l’infrastructure de base), déjà budgétisés et longtemps attendus par la population de céans sont demeurés en éternelle instance d’exécution. Pourquoi ?

Eh bien, en raison du facteur temps, les coûts ont évidemment galopé d’une façon vertigineuse. La situation ne pouvait donc être débloquée qu’à travers l’actualisation de l’enveloppe budgétaire: (initialement prévue) par le bureau communal dont la constitution s’est fait attendre jusqu’à mardi dernier.

*Idem pour le marché portant sur l’acquisition d’un important stock de containers et de divers autres équipements indispensables à la réalisation normale des travaux de voirie.

Favoritisme quand tu es la !

Par ailleurs, au niveau de la gouvernance et de la gestion des ressources humaines, il nous a été donné de constater un fait à la fois paradoxal et scandaleux. Oui, malgré les difficultés chroniques que rencontre la ville en matière d’hygiène et de levée des ordures ménagères, on s’est permis le luxe , par favoritisme et complaisance, d’intégrer au sein de l’administration un certain nombre d’ouvriers, rien que pour se tourner les pouces et faire de la figuration ! Cela étant, et eu égard à la gravité de la chose, il serait indiqué d’engager une enquête administrative au niveau de la tutelle régionale pour délimiter les responsabilités et prendre les mesures appropriées, tout en veillant à faire regagner les intéressés leurs postes d’origine sur le terrain. Là où les risques d’épidémies menacent les citadins.

Mettre fin à la débâcle !

Et pour boucler la boucle, on a appris qu’à la commune de Korba, on a eu du mal, au mois d’octobre dernier, à trouver une quelconque plume ‘’ordonnatrice’’ habilitée à signer le bordereau des salaires du personnel. Et, n’eussent été la chance et la providence, on aurait commis le sacrilège de laisser tout le beau monde le nez dans le vent, le faisant sortir de ses gonds !

Tels sont donc, au final, brossés à grands traits les faits sayants ayant conféré à la ville de Korba un visage à la fois terne et sombre, rendant la vie des habitants, pénible et morose.

Pour clore avec une note d’optimisme, nos braves pairs de Korba ayant longtemps souffert le calvaire, sont aujourd’hui en droit d’espérer plus que jamais, voir leur ville dégagée de l’ornière et sortir de son marasme infernal actuel après la désignation si attendue, mardi dernier (8 novembre 2022) d’une délégation spéciale provisoire. Une équipe homogène de 16 éléments mixtes, une pléiade de cadres faisant bonne presse, sous la conduite éclairée de M. Ridha Rabeh, ingénieur agronome de son état.

Donc, bon vent et bon courage à tous et à toutes.

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