Commentaire | Générateurs de tensions

 

Que faire pour redresser la barre ? Existe-t-il des solutions-miracles qui rendraient à la ville de Sfax son éclat et sa pureté ? La brume se dissiperait-elle un jour ? Y a-t-il un lendemain ? Ne rêvons pas. La blancheur et la clarté ne sont plus de saison dans un environnement qui n’est plus le reflet du Sfax d’antan. Sfax n’est plus Sfax

L’actualité en témoigne chaque jour : les crises se succèdent et se ressemblent dans les régions. La forte dépression écologique à Sfax n’a d’égale que la conviction qu’ont ses responsables de disposer d’une vérité qui, selon eux, ne souffre aucune contestation. Des responsables qui ont toujours, en dépit de la dégradation de la situation, une réflexion, une réplique pour dénaturer la réalité et avoir le dernier mot. Des responsables qui partagent, en dépit de leur opposition politique, ou même intellectuelle, un point commun : celui d’être dans une bulle opaque qui les empêche de se rendre compte de l’amertume et du désappointement qui naissent de plus en plus chez les habitants de Sfax, de leur désenchantement de plus en plus répétitif. Impossible aujourd’hui de ne pas considérer tout le gouvernorat par un autre prisme que celui du brisement écologique et environnemental…

Le gouverneur de Sfax lance un appel au Président de la République, lui demandant de fermer Facebook pour, d’après son propre raisonnement et ses propres convictions,  « mettre un terme aux rumeurs qui circulent » à propos de l’incendie de la déchèterie du port et la crise environnementale que traverse la ville depuis des mois.

Inutile de préciser que de tels propos n’ont pas manqué de provoquer un tollé sur la Toile. Mais plus grave que cela, la reconversion des responsables régionaux en générateurs de tensions. D’ailleurs, la lecture, même superficielle, de leurs déclarations et les arguments qu’ils n’hésitent pas émettre attestent que les notions de responsabilité et de compétence sont de plus en plus bafouées.

C’est ainsi que fonctionne le pouvoir local dans la capitale du Sud. Avec cependant un nouveau constat qui ne manque pas de retenir l’attention : les personnes nuisibles au pays ne sont plus aujourd’hui uniquement les anciens décideurs qui n’arrivent pas à accepter le fait de ne pas être dans le pouvoir, ou encore les assaillants de la semaine qui deviennent les victimes du dimanche. Mais aussi ceux qui, pour une raison ou pour une autre, deviennent par leur excès de zèle des provocateurs de crises.   

Ne rêvons pas

On ne réalise ainsi qu’ils deviennent concernés par les dérapages et la  transgression que connaît la ville de Sfax. Une ville qui n’est plus à son plus haut niveau. Une ville entraînée dans une spirale qui n’a de cesse de tourner dans le sens opposé. Mais une ville qui se bat.

Dans la confusion généralisée, la tendance s’est orientée vers l’inhabituel qui a pris en otage non seulement tout ce qui a rapport avec l’environnement, mais aussi tout ce qui fait le quotidien du citoyen.

Il faut dire que les responsables qui s’y étaient succédé depuis 2011 ont brillé par leu incapacité à régenter, et encore moins à préserver Sfax à la place qu’elle mérite.

Le temps ne donne pas l’impression de faire son office. Le compte à rebours de la réhabilitation tant attendue et espérée, n’est pas toujours enclenché.

Que faire pour redresser la barre ? Existe-t-il des solutions miraculeuses qui rendraient à la ville de Sfax son éclat et sa pureté ? La brume se dissiperait-elle un jour ? Y a-t-il un lendemain ?

Ne rêvons pas. La blancheur et la clarté ne sont plus de saison dans un environnement qui n’est plus le reflet du Sfax d’antan. On ne sait pas toujours, on ne sait plus ce qu’il en sera d’une ville qui n’a jamais connu tout le long de son histoire ce genre de situation. Et l’on sait encore moins de quoi sera fait demain. Car le gâchis est énorme et il est difficile de se relever sans dégâts. Forcément, Sfax n’est plus Sfax. 

Serait-ce une raison pour baisser les bras. Pour  abandonner le combat ? Pour consacrer l’incompétence ?

Marquée par un passé pas trop flamboyant, des excès des faiblesses terriblement administratives, mais aussi fortement conditionnées par les intérêts et les calculs politiques de ceux qui font et défont l’histoire de la ville depuis 2011, Sfax ne mérite pas le traitement qu’on lui inflige, ni l’excès d’indignité dont elle est la victime de la part de ses responsables qui ont compromis tout ce qui a été entrepris, réalisé et obtenu avant eux. Des responsables qui ont bafoué toute une histoire.

Finalement, s’il n’est pas possible d’éliminer tous les vices qui souillent la ville, on peut tenter au moins d’en limiter les effets.

Ça bouillonne, ça râle à Sfax, et ça ne renonce pas.

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