Point de vue | Chettali et non Lemerre !

Point de vue

 

Le documentaire-série produit par la Télévision tunisienne est quelque chose de bien. C’est bien imaginé, bien tourné avec, dans la plupart des cas, des témoignages des artisans et des gens qui, à chaque fois, étaient au cœur de l’événement. A chaque Mondial sa génération de joueurs, son sélectionneur, son contexte, ses coulisses. Peut-être qu’à part quelques témoignages ratés (diplomatiques), ou des personnes qui étaient loin des coulisses de la sélection (tels les commentateurs télé qui ont longuement parlé pour ne rien dire), les dires des joueurs et du staff éclaircissent des points mystérieux des qualifications aux différentes coupes du monde. La partie consacrée à la qualification au Mondial allemand de 2006 est intéressante à revoir. Entre les lignes et parfois texto, la période de 2004 à 2006 ou entre la CAN gagnée jusqu’au Mondial, ce sont deux visages contrastés (statistiques et témoignages des joueurs) de Roger Lemerre. D’abord cette réussite qui va jusqu’à la coupe des Confédérations et puis le sélectionneur français qui rate la période de 2005 à 2006 (et jusqu’à 2008).

Les joueurs avouent que la préparation était médiocre, que l’ambiance était tendue, que le groupe n’était plus uni. Ecoutez Jaziri, Saïdi, Jaïdi, c’était clair : Lemerre, celui intouchable et idolâtré d’une manière exagérée, a perdu le contrôle des choses.

Un mondial raté dans un groupe abordable, une CAN 2006 qui pouvait être meilleure, ça prouve bien que Lemerre n’est pas le meilleur sélectionneur national de tous les temps, même avec cette CAN gagnée. Il y a eu six ans dont deux ou trois maximum sont pleins et le reste raté et tumultueux. Chettali sera à jamais l’homme qui a révolutionné l’équipe de Tunisie : il a emmené la meilleure génération de joueurs, il a réussi, même en lésant injustement de grands noms, à créer la saga qu’on n’oubliera jamais.

C’est Chettali et non Lemerre, c’est lui qui reste le génie de son époque pour avoir guidé l’équipe qui a fait trembler l’Allemagne, qui a mieux joué que la Pologne et battu le Mexique. Sans oublier ce magnifique parcours qui élit une seule sélection de l’Afrique au Mondial.

Quel que soit le critère retenu, Abdelmajid Chettali est celui qui a illuminé la sélection, celui qui a marqué son empreinte sur le football tunisien. Tacticien, leader auprès de joueurs-stars et fort de personnalité (il faut être Chettali pour écarter le grand Attouga et lancer un jeune appelé Naïli), il reste présent dans la mémoire collective tunisienne comme le «patron» de joueurs emblématiques qui ont émerveillé leur nation. Epargnez-nous donc ces comparaisons faciles entre Chettali et les autres, il est sur une autre planète. Les autres ont pu réussir plus ou moins, mais lui est allé plus loin. Il a marqué avec ses joueurs et grâce à son style toute une époque. Et jusqu’à maintenant, son image est glorieuse et intacte. Il est hors comparaison !

 

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