Etals anarchiques : Un laisser-aller sans précédent !

 

La qualité souvent douteuse, le prix alléchant, les étals anarchiques attirent le Tunisien à moyen et à faible revenus, surtout que la cherté de la vie continue à peser très lourd sur les économies des ménages. Au point qu’on n’arrive pas à arrondir ses fins de mois.

La banalisation de l’anarchie bat tous les records ! A la capitale, dans les quartiers chics et autres, populaires, dans les agglomérations les plus profondes et même sur les routes, les étals anarchiques poussent comme des champignons. Leur prolifération est telle qu’elle en dit long aussi bien sur l’ampleur de l’informel que sur son contrôle de moins en moins performant.

En effet, en sortant de chez soi, le regard perçoit toute sorte de marchandises qui s’affichent dans la rue. Pas besoin d’aller chez le marchand de fruits et légumes pour trouver les produits potagers de saison. Sur la route, ces produits sont exposés dans des camions avec des prix, immanquablement, tentants en comparaison notamment avec les prix de référence. Et quels que soient leur niveau social et leurs moyens, les consommateurs n’hésitent aucunement à s’arrêter pour faire l’acquisition de fruits et légumes « frais à souhait » provenant, tout droit, du producteur. Reste à savoir comment ces produits agricoles ont-ils été traités ? Par quels pesticides ? Quel est l’état de l’eau utilisée pour l’irrigation ? Y a-t-il une usine qui déverse des déchets liquides nocifs juste à proximité de la terre cultivée ? Faute de contrôle, autant de points, pourtant de grande importance, restent sans réponses.

La quête au moins cher

Outre les produits agricoles, les étals anarchiques nous exposent des produits de toutes sortes : vêtements utilisés, vêtements bas de gamme, des accessoires, des vêtements made in Tunisia qui devraient être vendus uniquement dans les boutiques, des sacs à main, des sous-vêtements, des jouets et des produits cosmétiques. Bref, tout ce qui pourrait intéresser le consommateur. La qualité souvent douteuse, le prix alléchant, les étals anarchiques attirent le Tunisien à moyen et à faible revenus, surtout que la cherté de la vie continue à peser très lourd sur les économies des ménages. Au point qu’on n’arrive pas à arrondir ses fins de mois.  Ainsi, tenter de convaincre le consommateur — qui peine à subvenir à ses besoins les plus élémentaires —  et le marchand clandestin — qui n’a d’autres solutions pour gagner sa vie — de la dangerosité du commerce parallèle sur l’économie du pays relèverait plutôt d’un dialogue de sourds.

Que des guets !

A vrai dire, le problème des étals anarchiques persiste depuis bien des années, et ce, en dépit des idées et projets suggérés dans le but de rassembler les marchands clandestins sous l’enseigne d’un espace bien défini ; des idées qui n’ont jamais été concrétisées, d’ailleurs, en raison de l’absence de faisabilité et d’efficacité, surtout que le nombre des marchands ne cesse de grimper chaque jour… Ce phénomène dispose, en fait, de toutes les assises socioéconomiques jouant en sa faveur et légitimant en quelque sorte «le travail», «le gagne-pain» desdits marchands dans une société où même les diplômés du supérieur gémissent sous l’effet opprimant du chômage chronique. C’est que pour battre d’une main de fer et mettre fin à ce fléau, il faut avant tout disposer des solutions faisables et durables. Sinon doter les marchands clandestins d’alternatives professionnelles légales, à même de leur garantir le revenu nécessaire pour vivre et nourrir leurs familles, ce qui n’est pas évident.

Face à ce dilemme, l’on se contente semble-t-il de guets réguliers quoique à l’improviste, de jeu du chat et de la souris entre les patrouilles et lesdits marchands qui se terminent, éventuellement, par la saisie de certains articles étalés sur le trottoir. Ces étals qui continuent à conférer au paysage urbain un aspect chaotique. L’esprit anarchique des souks hebdomadaires s’incarne de jour en jour et d’année en année dans les villes et au centre-ville de Tunis. La camelote tient tête à la statue d’Ibn Khaldoun portant son «  Introduction » à la main : voilà où nous en sommes. La question qui s’impose, non sans crainte d’ailleurs, est : où va-t-on ?

Un commentaire

  1. Fatnassi Abdallah

    19/11/2022 à 20:10

    Ce que vous décrivez est sans nul doute vrai et gangrène, malheureusement, l’économie locale. Mais ce qui est aussi vrai c’est que ces marchands ambulants survivent quotidiennement au prix d’une répression implacable. Ce qui les condamne à tout entreprendre pour subvenir aux besoins quotidiens de la famille. Il faut traiter le mal à la racine en créant des vrais emplois et en leur fournissant des lieux pour commercer en toute légalité. Mettons nous à leurs place!!! je préférais ne pas y penser, mais je serai prêt à tout…

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