36e édition des Journées de l’Entreprise : Une réflexion profonde s’impose

 

Trois jours durant, les participants à cette 36e édition des JES auront à plancher sur une série de thématiques d’urgence.

Placée sous le haut patronage du Président de la République, Kaïs Saïed, et soutenue par différents départements ministériels dont celui du Commerce, de l’Économie et de la Planification, des Technologies de la communication, la 36e édition des Journées de l’entreprise se tiendra cette année du 8 au 10 décembre 2022 à Sousse, sous le thème « L’entreprise et la sécurité : libertés et souveraineté ».

Une nouvelle réalité s’installe

Lors d’une conférence de presse tenue hier au siège de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace) pour dévoiler le programme détaillé et complet de ce rendez-vous économique incontournable, les participants n’ont pas manqué de souligner qu’avec un contexte géopolitique et économique incertain, une nouvelle réalité économique s’installe partout dans le monde.

En effet, les deux dernières crises mondiales (la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne) n’ont fait qu’amplifier les effets d’une crise plus profonde qui est la stagflation. Cette stagflation est le résultat de deux problèmes sous-jacents, à savoir la dépendance à l’égard des matières premières essentielles et la stagnation de la consommation. Aujourd’hui, cette situation inédite a fait ressurgir des notions et des pratiques économiques qu’on croyait disparues telles que le productivisme, le contrôle des prix, la restriction de fonctionnement des marchés, les appels au protectionnisme sous des formes différentes…

« Préoccupés par la dégradation du pouvoir d’achat, les gouvernements quel que soit leur degré de libéralisme, se retrouvent obligés de prendre des mesures interventionnistes alors que le fonctionnement des marchés habituellement régis par l’offre et la demande se retrouve sujet de souveraineté économique et de sécurité nationale… C’est plutôt la répercussion de ces actions sur les entreprises et les marchés qui est plus significative et qui exigera par conséquent une révision des préalables sur lesquels de nouvelles politiques économiques seront établies… Cela engendrera la fixation de nouvelles priorités et, par conséquent, un nouveau cadre de fonctionnement des marchés et un changement également au niveau des entreprises », souligne l’Iace, dans une note conceptuelle.

L’autre voie de l’économie

Au cours de ces journées, les participants devraient aborder les priorités et les exigences d’une souveraineté économique, les nouvelles contraintes et les nouvelles stratégies, les troubles sociaux, la cybersécurité, la souveraineté budgétaire…

En effet, la préservation du pouvoir d’achat, la fixation des prix, la préservation des capacités de production, les circuits de distribution, l’organisation des filières… ont engendré des accusations de spéculation desquelles relèvent des questions d’organisation et de régulation des marchés et qui se sont transformées récemment de questions économiques à un problème de sécurité et de souveraineté. C’est face à cette situation alarmante que la question de « l’organisation et la régulation des marchés : liberté et sécurité » sera débattue lors du panel introductif.

Quant au premier panel de cette 36e édition, il portera sur la « Souveraineté économique : priorités et exigences » à l’heure où le problème fondamental des crises actuellement vécues est la stagnation de la consommation mondiale, combinée à la pression continue sur les matières premières. « La stagnation de la demande, la destruction des capacités de production et l’augmentation des prix des matières premières sont source d’une inflation qui n’épargne aucun pays, à l’heure où les politiques de relance classiques expansionnistes ont montré leurs limites et n’ont pas trouvé de solutions pour la reprise de la demande. Une réflexion plus profonde autant au niveau des pays qu’à celui des entreprises pour revoir leurs modèles économiques s’impose… De nouvelles approches telles que la « shrinkflation », que l’on peut traduire en « stugflation », se développent dans les prémices d’une récession qui s’installe », souligne le document.

Parmi les autres sujets qui seront abordés, on cite, mais sans s’y limiter, un panel qui portera sur les « Nouvelles contraintes, nouvelles stratégies de l’entreprise» pour proposer des solutions innovantes pour les entreprises face à la récession qui s’installe, aux changements de comportements en matière de consommation, à la rareté des matières premières et au renchérissement de leurs prix, qui sont autant des défis qui ont leur impact sur le climat social dans les entreprises en période de stagflation, sur la rémunération du capital, sur les sources de financement…

Se prémunir contre les troubles sociaux

Une session spéciale sera aussi organisée, consacrée aux « Troubles sociaux et pérennité de l’entreprise ». En effet, la montée des tensions sociales est la résultante de la situation actuelle de l’économie et sont susceptibles de réactiver des décisions populistes. Ce constat nécessite d’aller au-delà des politiques sociales traditionnelles ; il est donc fondamental de parler d’un modèle social progressif, innovant et inclusif en tenant compte des contraintes économiques et budgétaires du pays.

Par ailleurs, la situation économique critique ne devrait pas occulter la problématique posée par la digitalisation de l’économie, les risques cybernétiques criminels ou militaires compte tenu des réductions qui pourraient affecter les budgets de sécurité informatique en cette période de crise économique. Ce risque, qui est de plus en plus présent, menace la souveraineté numérique dans une période où la virtualisation de l’économie et des monnaies s’installe. Ces questions seront aussi débattues dans le cadre d’une session spéciale portant sur le thème : « Cybersecurity ».

Finalement, mais pas moins important, la souveraineté monétaire. Cette question clé qui définit le degré d’interventionnisme de l’Etat dans l’économie et celui des mécanismes de réponses relatifs à l’inflation et à la récession économique sera discutée dans le dernier panel portant sur le thème : « La souveraineté budgétaire et la sécurité des paiements ».

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