Ils ont dit…

 

Walid Ben Salah, président de l’Ordre tunisien des experts comptables

« Les mesures fiscales décidées dans le cadre du projet de loi de finances 2023, en cours de finalisation, auront un impact négatif, prévoyant l’augmentation de la pression fiscale en Tunisie à un niveau dépassant 34%. La décision relative au relèvement de la TVA sur les professions libérales qui passera de 13% à 19%, soit les avocats, les experts comptables, les architectes, les conseillers ainsi que les cabinets médicaux de chirurgie plastique qui étaient exemptés puis ajoutés. Or, ces augmentations de la TVA sont de nature à favoriser l’inflation et à affecter négativement le pouvoir d’achat des citoyens. Je dois aussi mettre l’accent sur l’augmentation de la contribution au titre de la solidarité, dont les taux passeront de 1% à 2%, pour certaines entreprises et de 2% à 3% pour les entreprises soumises à l’impôt de 35% sur les bénéfices, telles les banques, les assurances, les sociétés pétrolières, les entreprises de communication. Le montant minimum de l’impôt passera de 300 dinars à 500 dinars, soit l’impôt des entreprises perdantes ne réalisant pas des bénéfices. On attend de connaître les mesures portant sur l’incitation à l’investissement et l’encouragement des exportations afin de redynamiser l’activité économique. Les réformes fiscales n’auront pas lieu dans la loi de finances pour l’année 2023, car il s’agit de simples mesures d’ajustement ».

Amine Ben Gamra, expert comptable

« Au Liban comme en Tunisie, ce sont les décennies d’incompétence, de corruption… qui ont provoqué cette crise. L’explosion de la dette publique, le recul de la croissance et le gonflement du secteur public, causes économiques déterminantes, sont couplés à des facteurs internes spécifiques, aboutissant à la situation dramatique actuelle des deux pays… Au Liban comme en Tunisie, on connaît précisément quelles sont les réformes à adopter. Mais la situation actuelle est une vache à lait qui rapporte tellement à quelques partis politiques et économiques que les réformes sont reportées aux calendes grecques depuis déjà une dizaine d’années. Résultat : l’inflation, la chute du pouvoir d’achat et le chômage transforment le quotidien des Libanais en calvaire. Aujourd’hui, 80% des Libanais vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’inflation, la chute du pouvoir d’achat et le chômage transforment le quotidien des Libanais en calvaire… Les Libanais les plus vulnérables risquent de mourir de faim en raison de cette crise. L’histoire des crises financières nous enseigne que, pour combattre la méfiance et le discrédit ambiants, il convient de repenser l’action publique avec plus de courage pour imposer une discipline budgétaire plus équitable, et réformer en profondeur l’économie loin des « mesurettes » sans saveurs ».

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