La liberté au prix du sang

Editorial La Presse

 

La mort de Mahsa Amini continue de provoquer des manifestations à travers l’ensemble de l’Iran, notamment dans les grandes métropoles et les centres universitaires. La jeune fille a été réduite au silence par la sinistre police des mœurs, pour un voile jugé «mal mis». C’était le 16 septembre, à Téhéran.

Depuis, les familles iraniennes ne comptent plus leurs morts. L’ONG basée en Norvège, Iran Human Rights Watch, comptabilise plus de 500 morts. Un chiffre revu à la hausse au quotidien. Des hommes, des femmes mais aussi des enfants sont tués froidement, pour avoir osé manifester leur colère contre un régime saisi de folie meurtrière, prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.

La répression ne semble plus avoir de limites. Après les tueries à bout portant, les interpellations massives, les cas d’abus et de torture, les verrouillages d’Internet, les autorités policières et judiciaires passent à la vitesse supérieure et commencent à exécuter les manifestants publiquement.

Après Mohsen Shekari, exécuté sous silence, Majid Reza Rahnavard, un jeune de 23 ans, a été pendu lundi 12 décembre sur la place publique, à l’issue d’un procès expéditif. Durée de détention, à peine 23 jours. La menace d’exécution plane sur d’autres personnes. A l’instar de Amir Nasr-Azadani, ancien footballeur de 26 ans, arrêté le 24 novembre dernier pour avoir pris part à des manifestations. Selon Amnesty International, 28 personnes dont trois mineurs risquent de connaître le même sort.

De fait, la théocratie ne fait que renouer avec une pratique banalisée, qui lui est chère : la peine capitale. Selon Iran Human Rights, 267 personnes ont été exécutées en 2020, 333 personnes en 2021. Le sinistre comptage est en cours pour 2022.

La République islamique est également connue pour cultiver une haine profonde à l’endroit des femmes. Elles sont 185 à avoir été pendues depuis 2010. Autre record que détient l’Iran: 73% d’exécutions de mineurs dans le monde.

Rien ne semble arrêter ce régime sanguinaire, téléguidé par un clergé despotique, soucieux de préserver ses privilèges sous couvert de la religion et servi par une police impitoyable. Les dirigeants iraniens gouvernent par la haine, par les armes et la matraque une population civile terrorisée. Mais la marche inexorable de l’humanité vers le mieux aura raison d’eux tôt ou tard. Les Iraniennes et les Iraniens qui ont payé leur liberté au prix du sang trouveront un jour la lumière au bout du tunnel.

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