Un demi-million d’agriculteurs menacés !…

Editorial La Presse

L’indécision marque de plus en plus le quotidien d’environ un demi-million d’agriculteurs qui luttent pour assurer leur subsistance, mais aussi celle des Tunisiens. En l’absence de politiques publiques pour résister à l’accélération du réchauffement climatique, ils n’ont plus visiblement d’autres choix que de compter sur leurs propres moyens pour continuer à produire. 

D’un côté, ces agriculteurs sont dans l’obligation de contenir le coût de plus en plus élevé de la production, de faire face au manque de pluies et au spectre de la sécheresse (baisse significative des précipitations, dépassant 60% des taux enregistrés pour la même période des années précédentes) et, de l’autre, côté, ils sont condamnés à investir dans la culture des céréales sans aucune protection, notamment celle liée à la stimulation de la production, à l’augmentation de la rentabilité de la filière, mais aussi à l’évolution des prix des céréales, essentiellement lorsque le ministère de l’Agriculture s’oriente, dans sa stratégie destinée à atteindre l’autosuffisance alimentaire, vers les producteurs.

Tout ce qui a été entrepris, tout particulièrement les efforts et les sacrifices consentis, risque de voler en éclats. Les agriculteurs ont besoin d’un vrai soutien pour  survivre et affronter les astreintes d’un contexte particulier. Ils sont aujourd’hui  en proie à tous les désagréments et les déboires qui en découlent.

Comment faire face à tant de contraintes? Comment échapper à tant d’aléas qui ne semblent pas finir ? Comment retracer un processus pouvant englober  les différentes étapes à suivre et analyser les conditions émergentes d’un possible redressement ?

La stratégie à suivre suppose de dépasser les alternatives faciles, voire les solutions qui vont à contrecourant, à l’instar notamment de la réduction des superficies irriguées, l’augmentation des prix de l’eau destinée à l’irrigation et son rationnement. Autant de mesures qui ne font que condamner  les petits agriculteurs et renforcer leur exclusion du cycle de la production.

Il serait insensé de penser que de telles dispositions puissent résoudre à elles seules les problèmes auxquels sont confrontés aujourd’hui les agriculteurs. La production agricole a besoin de la mobilisation et de l’adhésion inconditionnelles de toutes les parties prenantes. Ce ne sont pas les moyens et les méthodes qui favorisent les bonnes et les grandes cultures. Mais plutôt  l’usage que l’on en fait…

Sur fond de confusion et de risques répétés, l’avenir d’environ un demi-million d’agriculteurs fait aujourd’hui l’histoire d’une véritable interrogation. Par quelque dimension que l’on saisisse, on  ne sait pas exactement, et l’on ne sait pas toujours, si on nage en plein relèvement du secteur, ou en plein dérapage incontrôlé…

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