Une conjoncture difficile conjuguée à une inflation galopante

On ne peut pas imputer l’inflation exceptionnelle et insoutenable des prix en Tunisie et la réduction du pouvoir d’achat des citoyens au seul choc lié à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’année 2022 a été une morosité économique qui remet aux calendes grecques la possibilité d’une reprise économique qui résonne depuis des années.

Mais on ne peut pas parler de morosité économique sans évoquer l’un des principaux facteurs déclenchants. Il s’agit de l’inflation galopante (9,8% en novembre), de cette hausse des prix à la consommation qui réduit comme peau de chagrin le pouvoir d’achat d’une très large frange de la population et enfle les charges de fonctionnement des petites et moyennes entreprises et, partant, sape leur capacité d’investissement.

Evolution des prix

Selon les indicateurs fournis par la BCT, l’indice général des prix à la consommation familiale s’est inscrit, durant le mois de septembre 2022, en hausse de 1,1%, contre +0,4% un mois auparavant, et ce en relation avec l’augmentation des prix des produits alimentaires (+2,2% contre +1,4% le mois précédent) et des prix des produits manufacturés (+0,8% contre -0,5%).

Cependant, les frais des services ont connu un ralentissement (+0,5% contre 0,8% le mois précédent).

En glissement annuel, l’accroissement du taux d’inflation a atteint 9,8%, en novembre 2022, contre 8,6% un mois auparavant et 6,2% en septembre 2021. Cette évolution est imputable, essentiellement, à l’accélération des prix des produits manufacturés (+9,4% contre +7,2%) et des services (+6,1% contre +4,2%). Parallèlement, les prix des produits alimentaires se sont inscrits en forte hausse, passant à 13% contre 7,2%, d’une année à l’autre.

Au cours des neuf premiers mois de l’année 2022, l’inflation moyenne s’est établie à 7,8% contre 5,5% un an plus tôt.

Le taux d’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires et énergie) augmente à 7,3% après 7,1% le mois précédent. Les prix des produits libres (non encadrés) augmentent de 10,4% sur un an. Les prix des produits encadrés augmentent quant à eux de 5,2%. Les produits alimentaires libres ont connu une hausse de 15,4% contre 0,5% pour les produits alimentaires à prix encadrés.

Cette tendance haussière est induite par certains facteurs extérieurs dont notamment l’augmentation de la demande dans les marchés internationaux surtout après la crise sanitaire accentués par les effets de la guerre en Ukraine qui a engendré une augmentation des cours du pétrole. Les prix du blé ont également explosé en raison du poids de la Russie et de l’Ukraine dans la production mondiale de blé : (30% environ). Mais l’effet de ces facteurs sur l’inflation demeure relativement limité, compte tenu de la compensation

Les pressions inflationnistes demeureraient donc actives en raison de facteurs internes qui amplifient actuellement les pressions sur les prix à la consommation. Ainsi, la faiblesse du potentiel de production de l’économie face à une demande progressive constitue une source de tension inflationniste qui pourrait soutenir les effets haussiers importants provenant de l’extérieur.

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