La vidéo dans laquelle est vandalisé un camion transportant de la bière, tombé en panne dans la localité de Lacagna, à Tunis, a suscité une grande polémique sur les réseaux sociaux. Outre l’absence criante de l’intervention de la police durant le temps de spoliation du chargement du camion en question, l’implication des femmes voilées dans cette rapine en dit long sur la déviation comportementale et sociale en Tunisie et augure une phase de pillage qui pourrait se répandre comme une traînée de poudre dans les jours à venir et se répéter à l’égard des camions de transport des matières alimentaires de base. 

Ecoliers, femmes, jeunes hommes…différentes catégories d’âge et de couches sociales ont participé à cet acte de vandalisme. Loin d’être assimilé à une simple incivilité, l’attaque à large échelle en dit long sur la dérive sociale dans notre pays et illustre le climat d’insécurité qui y règne depuis des années. En effet, la destruction massive des codes sociaux, l’impunité et l’absence de l’Etat ont formé un terreau propice à une criminalité galopante allant du simple vol à l’arraché jusqu’à l’homicide, l’enlèvement, les hold-up à main armée, le trafic de narcotiques, la falsification des diplômes, le blanchiment d’argent et le terrorisme.

De ce fait, l’échec social n’est plus une question d’indicateurs dont les experts et analystes décortiquent les effets, mais une réelle préoccupation populaire qui se traduit par la transgression récurrente des codes de conduite sociaux, du civisme, du respect du voisinage, etc. En effet, la paupérisation, l’envolée des prix des produits alimentaires de base et l’érosion sans cesse grandissante du pouvoir d’achat, conjugués à l’abandon scolaire et à l’émergence d’une génération à la dérive, ont conduit à une insécurité ambiante face à une nonchalance de l’appareil sécuritaire peu enclin à l’intervention rapide, mal équipé, moins formé. Une semaine après cet incident, on ne sait encore rien de l’issue à donner à cette affaire à part la convocation du chauffeur qui ne dispose pas d’une licence de transport et trois personnes identifiées parmi les pilleurs.

Ne nous voilons pas la face. L’échec de la transition démocratique a compromis le développement économique et social qui pourrait conduire le pays à la faillite et au chaos. La grogne populaire montante exacerbée par les effets de la pandémie, qui a mis à nu la fragilité d’un système politique employé au profit des lobbies politiques, économiques et financiers, ont fragilisé les institutions de l’Etat et lâché la bride aux laissés-pour-compte.

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Un commentaire

  1. KHEMIRI

    10/01/2023 à 21:18

    Je comprends parfaitement votre indignation à travers cet éditorial. Posons-nous franchement et sereinement la question : qu’a t-il fait de probant le Chef de l’État, ses deux ou trois gouvernements et tous les ministres ….? Rien ou presque rien !!! Un constat indéniable.

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