Censée présenter un service public gratuit ou presque gratuit, l’école publique tunisienne est en train de se transformer, depuis des années, en une école de plus en plus payante. Ce n’est plus au fait un service gratuit et abordable pour les Tunisiens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s’offrir un enseignement privé. La réalité le décrit et les témoignages des parents le confirment : notre enseignement public devient payant et cher. Il ne diffère pas beaucoup, dans certains cas, de ce que l’on demande dans les écoles privées. Explication : on demande aux parents de contribuer aux frais d’entretien des écoles, ce  qui se  répercute sur le budget familial. Ce n’est plus un acte de générosité où chacun des parents, selon ses moyens, participe bénévolement au financement des travaux d’entretien ou de la logistique quotidienne d’hygiène par exemple, mais une sorte d’obligation. Ce n’est pas tout: on demande aux élèves d’apporter dans plusieurs cas les fournitures que devaient apporter l’instituteur et l’institutrice comme la craie, le chiffon et autre matériel. Plus, on bombarde les élèves de travaux qui demandent des frais élevés de tirage de papier en couleur entre autres, alors qu’il y a d’autres approches pédagogiques moins chères et plus efficaces. Et on ajoute à tout cela l’inflation des fournitures scolaires en partie compensées par l’Etat, et les frais des cours particuliers à l’école qui, même si bon marché, alourdissent les charges des parents. Ceci sans oublier les cours particuliers «exigés» indirectement  par plusieurs éducateurs, et voilà une note salée et insupportable.

Une chose est sûre, la détérioration de l’enseignement offert par l’école publique s’accompagne d’une augmentation des coûts de scolarité au sens large. Du coup, le service perd de son essence étant devenu assez payant, trop payant pour certains budgets. C’est à l’Etat de protéger ce service et d’empêcher cette ruée exagérée vers l’enseignement privé inaccessible maintenant à la classe moyenne. Quelques charges, quelques actes de générosité avec des tarifs abordables, oui, mais que l’école publique coûte cher et facture tout ce qu’elle offre comme service, non. Cela est incongru avec la logique publique. Va-t-on alors vers le désengagement progressif de l’Etat de l’enseignement en faveur du secteur privé qui a plus de moyens mais qui agit de façon mercantile, et c’est son droit ? SVP, un peu de décence et de rigueur dans nos écoles et surtout un peu de solidarité avec des parents qui souffrent pour éduquer leurs enfants.

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Un commentaire

  1. Brahim

    26/01/2023 à 21:16

    Cher Si Rafik El Herguem. Votre éditorial est vraiment pathétique. Même sous le Protectorat français, il n’y avait pas eu une situation aussi absurde qu’indécente dans nos écoles. Je sais de quoi je parle [ mon premier jour d’écolier date d’octobre 1949 !]. Tous les efforts déployés depuis l’indépendance pour un véritable « enseignement public » dont bénéficie tout le monde avec l’égalité des chances pour tous, se trouvent anéantis. Votre article est une supplique à adresser à notre cher Président et accessoirement (je dis bien accessoirement) à sa cheffe de gouvernement et son ministre, un faire-valoir à la tête de l’Education prétendument nationale ! Merci de votre attention.
    PS : au fait à quoi servent les commentaires ? Je me le demande !

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