Le pays va mal, tout est noir, le budget familial déréglé… : Les Tunisiens en pleine sinistrose

 

‘’Un poison administré à petites doses qui tue lentement mais sûrement’’.

La gymnastique quotidienne par laquelle experts, et nous nous sommes rendus compte que nous en avons un grand nombre, les pseudo-politiciens et politiciens de métiers, le commun des mortels qui n’ont pas vécu des jours aussi difficiles que ceux nous traversons et qui ont eu le privilège de bénéficier de l’apport de l’Etat providence s’y adonnent, est bien la sinistrose.

Ce pessimisme est à la fin choquant par l’absence totale de pédagogie, au point de plonger ceux qui les écoutent dans une inquiétude mauvaise conseillère. Et comme le mot d’ordre semble à qui court le plus vite vers le bord du précipice, tout, absolument tout, est noir. Il ne s’agit aucunement de cacher la vérité : le pays va mal. Il a été conduit, sous le couvert d’une «révolution» dont chacun veut accaparer les mérites, à sa perte, en lui faisant miroiter les apports d’un exercice verbal outrancier affublé du costume d’une liberté de parole qui nous a fait oublier nos valeurs et le respect que nous devons aux générations qui ont réussi à faire d’une «poussière d’individus» une nation respectée et…enviée.

Nos vrais experts sont partout, nos ingénieurs, nos médecins, notre personnel paramédical, nos informaticiens, nos ouvriers qualifiés, nos entraîneurs …sont de fiers représentants d’un pays qui a tout sacrifié pour la formation. Et voilà que cette décade malheureuse vient tout remettre en question.

Un malin plaisir

Tout cela nous le savons. Et même si nos organes d’information décident de ne pas le dire pour des raisons qui les regardent, ceux de l’étranger se font un malin plaisir de nous le rappeler avec une délectation et une mauvaise foi évidentes.

C’est une sinistrose avec laquelle on aborde ou on conclut tout thème, toutes discussions soulevées. Les répercussions sur le mental de ceux qui sont désormais à l’écoute pour essayer de s’en tirer le mieux possible sont immédiates.

Par voie de conséquence, on se précipite pour écumer les grandes surfaces et rafler tout ce qui s’y trouve.

On a peur qu’il n’y ait pas de pâtes, que les œufs se préparent à prendre leur envol, que le lait manque (personne ne rappelle que nous serons au mois de Ramadan, en pleine période de haute lactation), que l’essence augmente pour atteindre tel ou tel prix, que les salaires ne soient pas servis, que la récolte soit  mauvaise, que l’export soit en berne, que nos ports soient cadenassés et que leur horloge tourne à l’envers, et bien d’autres problèmes qui mettent en alerte les réflexes de survie.

Budget familial déréglé

Cette réaction de tout vouloir stocker dérègle le budget familial le mieux conçu et provoque une véritable destruction des prévisions les plus optimistes sur le plan économique. En fin de journée, les étals sont vides et les derniers arrivés retournent bredouilles. Difficile dans ces conditions de gérer un budget et de se fixer des limites à ne pas dépasser.

Déjà, on prépare, en prévision du mois saint, l’augmentation du prix des œufs avec l’habituelle excuse des frais et du coût des intrants. Les œufs, effectivement, coûtent plus cher et on voit régulièrement des personnes s’essouffler à transporter des caisses pleines d’œufs. Le lait demi-écrémé est de retour et un des producteurs le met régulièrement sur le marché alors que son concurrent direct s’en tient au zéro pour cent duquel on se détourne.

Les dérivés sont en pleine ascension et on ne voit plus le même empressement pour en acheter pour satisfaire tous les goûts. A ce propos, les pots de yaourt de 110 gr ont presque disparu. Les yaourts sont emballés dans des pots de 100 gr avec des prix plus élevés. Le consommateur n’y voit que du feu étant donné que l’emballage visuellement est presque le même.

Monopole déguisé

Les dattes sont revenues en force et leurs prix sont actuellement abordables, mais cela n’a pas empêché l’Observatoire National de l’Agriculture (Onagri) de préciser dans un bulletin publié vendredi fin janvier 2023 qui précise que «Les exportations des dattes tunisiennes au cours de l’année 2022 ont atteint 130,3 mille tonnes d’une valeur de 759,8 millions de dinars, soit une hausse en volume et en valeur respectivement de 8,8% et 6,0% par rapport à la même période de l’année précédente». Le prix moyen à l’exportation des dattes n’a donc pas dépassé 5,8 dinars en 2022 soit l’équivalent de 1,73 euro. C’est tout simplement du bradage (comme pour l’huile d’olive) et ces prix ne font nullement l’affaire des producteurs qui sont confrontés aux problèmes des frais de production, aux maladies et surtout à la pression des exportateurs qui fixent les prix et les soumettent à forte tension. Le seul moyen de mettre un terme à cette situation est bien de revoir ce «monopole» déguisé et d’encourager la mise en place de sociétés citoyennes capables de relancer ce secteur et de tirer plus de profit en s’orientant vers une transformation à même de donner une plus-value à ce produit.

Des petits producteurs

La quarantaine de pays se sont retrouvés à Dakar, du 25 au 27 janvier, sous l’égide de la Banque africaine de développement (BAD) et du gouvernement sénégalais, pour faire le constat d’une situation toujours aussi préoccupante pour le continent.

Les petits producteurs agricoles africains produisent en effet plus de 70 % des aliments du continent.

«Seuls des investissements en faveur des petits producteurs pourront nous permettre de sortir de cette spirale inquiétante», appuie M. Alvaro Lario, président du Fonds international de développement agricole. C’est une occasion de présenter des dossiers qui se tiennent pour conforter les sociétés citoyennes à même de tirer le meilleur profit de ces prédispositions et d’ouvrir de nouveaux horizons pour mettre un terme à ces monopoles qui appauvrissent et soumettent des producteurs mal protégés.

Plus seuls sur les marchés

Il faudrait signaler au passage que «deglet Nour» n’est plus seule sur le marché international et que d’autres variétés de très bonne qualité, prisées par les consommateurs étrangers, sont venues perturber cet ordre acquis.

Il s’agit de cesser de se considérer maîtres du marché (les Saoudiens ont pris le relais), de se plaindre et d’examiner la possibilité de revoir ses plans et pourquoi pas d’explorer cette filière de nouvelles variétés. Le désert tunisien est assez vaste pour renouveler l’expérience de Rejim Maatoug et son sous-sol regorge d’eau.

La saison des fraises est lancée. Mais là encore, les difficultés ne manquent pas. Cela va du renchérissement des plants au manque d’eau en passant par les dégâts occasionnés par… les sangliers.

La récolte atteindra celle de l’année précédente et ce fruit sera assurément en vogue durant le mois de Ramadan, période où on sera en pleine saison de production.

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