Crise des médias publics : Un combat pour la survie

 

« Un statu quo inconcevable, suite à quoi il n’y aura, semble-t-il, plus de choix que de livrer bataille pour faire valoir nos droits ».

Encore une fois, le Snjt est revenu sur la crise multiforme dont souffrent les quatre médias publics, à savoir la Snipe- La Presse et Assahafa et trois autres confisqués (Shems fm, Assabah, Cactus Prod). Leur constat professionnel et financier demeure toujours alarmant, bien que les cris de détresse n’en finissent pas et que les mouvements de protestation n’aient jamais fléchi face à l’entêtement obsessionnel du gouvernement. Un statu quo inconcevable, suite à quoi il n’y aura, semble-t-il, plus de choix que de livrer bataille pour faire valoir nos droits.

Atermoiements et fuite en avant

Dans une conférence de presse, tenue hier matin, à son siège à Tunis, le président du Snjt, les deux membres de son bureau, ainsi que la représentante du syndicat à Shems Fm, s’acharnent contre cette politique d’atermoiements et de fuite en avant  longtemps suivie par l’Etat. Cet Etat qui n’a pas encore répondu à l’appel, ayant failli à toutes ses promesses de soutien et de régularisation, publiquement, déclarées à ces médias en crise. « Notre combat sera celui de la survie du secteur et pour la dignité des ses professionnels.», lance Mohamed Yassine Jelassi, président du Snjt. L’occasion se veut, aussi, un point de la situation qu’il a fait sur les dernières actions en justice et l’ensemble des sit-in et mouvements de protestation déjà observés et qui vont avoir encore lieu, afin de mettre la pression sur le gouvernement Bouden. « Un gouvernement qui s’est avéré quasiment démissionnaire et n’ayant pas l’intention d’en finir avec ce dossier, à même de sortir ces médias de leur crise persistante », avait-il, d’emblée, fustigé. Alors qu’il y a, rappelle-t-il, trois mois un accord a été conclu avec le gouvernement, portant sur la convention- cadre collective et des revendications matérielles et professionnelles. Soit le versement des salaires et la régularisation de la situation de Shems Fm, Cactus Pro et Snipe-La Presse-Assahafa. Toutefois, l’accord demeure encore figé.

« Liquidation inavouée »

Cela dit, de son avis, le gouvernement ne prétend plus honorer ses engagements pris à cet égard. « Nos collègues, notamment à Cactus Prod et à Shems Fm, n’ont pas, jusque-là, touché leurs salaires. Sans compter leurs droits et indemnités depuis des mois!», révèle-t-il. Mais, cet acharnement contre nos médias ne date pas d’aujourd’hui. Cette mainmise remonte aux gouvernements successifs post-révolution. « L’on entend parler, aujourd’hui, d’une promesse de régularisation de la situation de ces médias précités, déguisée en projet d’assainissement, sans un vrai plan de salut. Avec en toile de fond une certaine “liquidation inavouée“ des droits professionnels », craint-il, mettant en garde contre cette politique répressive visant à faire taire les voix libres et domestiquer les médias publics. Outre la crise dans laquelle s’enlisent les médias dits confisqués, Snipe-La Presse-Assahafa n’a, elle aussi, ni sécurité sociale, ni couverture sanitaire. Cette entreprise, temple médiatique qui fête, très bientôt, ses 87 ans, soit plus ancienne que l’Etat lui-même, continue à souffrir dans sa chair, sans que le gouvernement ne bouge pas le petit doigt. Et même la décision portant la prise en charge par l’Etat des cotisations sociales de l’entreprise n’a pas encore vu le jour. Et on voit son devenir plonger dans le flou persistant. Du côté du gouvernement, silence radio !

Le Snjt compte porter plainte

Face au spectre du danger qui plane sur ces médias sinistrés, le président du Snjt compte porter plainte contre le gouvernement, Al Karama holding, ainsi que la commission de gestion des biens confisqués pour malversation et mise en faillite de ces médias. Entre-temps, l’élan de protestation se poursuivra sans relâche. « Jeudi prochain, 16 février, il y aura rendez-vous à la Kasbah, en signe de solidarité et de soutien à la cause de nos médias », annonce M. Jelassi. « Ces mouvements, nous y tenons absolument…», déclare Khaoula Sliti, journaliste à Shems Fm et représentante du Snjt. « Que l’Etat assume sa responsabilité juridique, politique et morale à l’égard de tous ces médias menacés », réclame-t-elle. Amira Mohamed, membre du bureau du Snjt, a fini par dire que la régularisation de la situation des médias est la bataille de tout le secteur. Celle d’aujourd’hui et de demain. « Il est temps d’agir ensemble pour avoir gain de cause, en commençant par la journée de colère prévue, le 16 de ce mois à La Kasbah », résume-t-elle.

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