L’exposition figure les différentes approches de ces cinq artistes, en consacrant à chacune, à travers les trois salles de la galerie, un espace où l’on peut avoir un aperçu sur leurs parcours au gré des œuvres qu’elles ont elles-mêmes sélectionnées et qu’elles ont jugé représentatives de chaque période de leurs vies artistiques.
Meriem Bouderbala, Aïcha Filali, Rym Karoui, Feryel Lakhdar et Insaf Saâda ou la dream Team de la peinture tunisienne, comme le note la journaliste, auteur, critique d’Art et galeriste Alya Hamza, exposent actuellement dans «PluriElles», à la galerie TGM à La Marsa.
Ces artistes ont été choisies par cette dernière qui trouvait que ça allait de soi de les réunir pour cette exposition-parcours, tant elles ont en commun, car partageant la même génération, celle des années 60, elles ont, aussi, démarré ensemble à la galerie Gorgi. Soulignant qu’elles sont toutes les cinq inventives sans cesse dans l’exploration et l’expérimentation, rigoureuses avec beaucoup d’humour. Semblables par ces aspects, aux parcours à la fois convergents et divergents, c’est ce qui donne tout son sens et son intérêt à cette exposition.
Dans «PluriElles» figurent les différentes approches de ces cinq artistes, en consacrant à chacune, à travers les trois salles de la galerie, un espace où l’on peut avoir un aperçu sur leurs parcours au gré des œuvres qu’elles ont elles-mêmes sélectionnées et qu’elles ont jugé représentatives de chaque période de leurs vies artistiques.
Ce sont les œuvres de Meriem Bouderbala qui nous accueillent en premier. On reconnaît tout de suite sa signature à travers sa céramique et ses autoportraits en grands formats et techniques mixtes. Photographe, peintre, céramiste, commissaire… Meriem Bouderbala est née le 30 mai 1960 à Tunis. Elle a été formée à l’Ecole des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence et à la Chelsea Art School de Londres. Elle vit et travaille entre Paris et Tunis. C’est dans sa double origine et sa double culture — française et tunisienne — qu’elle puise son inspiration créatrice. Elle choisit de travailler entre les deux et de poser un regard lucide et critique sur ces deux rivages que l’histoire a, à son tour, rapprochés et séparés. Elle s’intéresse particulièrement au monde oriental, en développant des recherches sur la vision occidentale de la femme dans le monde arabe. Lauréate du Prix Fondation Ricard en 1998 et du Centenaire de Michelin en 1999, elle a été décorée en 2010 Chevalier des Arts et des Lettres en France. Son travail fait partie de plusieurs collections publiques et privées, telles que celles du ministère des Affaires culturelles en Tunisie, de la Fondation ELF à Paris et l’Institut du Monde arabe à Paris ainsi que le Ministère de la Culture en France et la Mairie de Valbonne-Sophia Antipolis.
«Entre l’art de l’Orient et l’art contemporain, deux directions que je tente de conjoindre. D’un côté, la géométrie oppose son récit codifié à l’interdit de la représentation du corps. De l’autre, l’art occidental contemporain répond par la présentation sans arrière-plan à l’académisme des représentations. Mon parcours est une tentative d’échapper à une alternative que je réfute. Je veux retrouver ce point où la figure humaine est à la fois de chair et de signes. Je fais de mon corps, de son exposition photographique altérée, bouleversée, une scène, un praticable éphémère pour une tragédie sans origine et qui n’a pas de fin», écrit Meriem Bouderbala.
Pas loin dans la même salle, ce sont les œuvres de Insaf Saâda que nous rencontrons. Artiste-peintre, et sculptrice, elle est née en 1961 à Tunis. Après avoir fréquenté l’atelier du peintre Masao Haijama à Paris, elle s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de la même ville, et se spécialise en peinture dans l’atelier Pierre-Carron. Elle prend part à plusieurs résidences artistiques, de 1997 à 1999 à la Cité des Arts à Paris, de 2005 à 2007 au Centre des Arts Vivants de Radès, et au Centre des Arts Céramiques de Sidi Jellizi à Tunis. Artiste protéiforme, Insaf Saada s’est fait connaître grâce à une esthétique bien particulière et son souci d’explorer différents matériaux et supports : toile, marbre, céramique, métal… Un souci esthétique que dévoile «PluriElles» à travers une très belle sélection d’œuvres entre sculptures et techniques mixtes où est bien soulignée cette subtile diversité des matériaux.
Elle expose régulièrement dans les principales galeries tunisiennes et a participé à plusieurs expositions d’art, telles que Peintres de la Méditerranée à Rome, l’Exposition Universelle au Japon ou la Biennale de Pékin et d’autres événements artistiques dans le monde entier. Ses œuvres figurent dans les collections de l’Etat tunisien ainsi que dans des collections privées.
Dans une salle mitoyenne, on tombe sur les œuvres de Feryel Lakhdar. Née en 1965 à Tunis, elle étudie à l’École nationale supérieure d’architecture et à l’École des Beaux-Arts à Paris. Elle commence à exposer en 1986 au musée municipal de Sidi Bou Saïd, rebaptisé galerie Hédi-Turki. Elle réalise sa première exposition personnelle à la Galerie Ammar-Farhat (actuellement galerie A-Gorgi) en 1993. Depuis, l’artiste a exposé, entre autres, au Portugal, aux Émirats arabes unis, en France, en Italie et au Liban et a participé par ailleurs aux expositions universelles de 1992 à Séville et de 2000 à Hanovre.
Dans ses sculptures (dont et entre autres l’emblématique sculpture féminine devant la librairie el Kiteb à La Marsa) et ses peintures sur et autour de ses présentes et imposantes figures féminines, elle s’intéresse aux questions liées à la femme, son rôle et sa perception dans nos sociétés.
La troisième salle de la galerie est dédiée aux œuvres de Aïcha Filali et Rym Karoui. Artiste peintre et sculptrice, cette dernière est née en 1967. Elle réside et travaille en Tunisie. À l’âge de 24 ans, Rym quitte le pays pour poursuivre ses études d’art à Marseille. C’est dans cette ville multiculturelle qu’elle établit les fondations de son parcours artistique. Elle puise son inspiration dans son propre univers où la contemplation, la joie et la solitude s’entremêlent. Son éclectisme célèbre son appartenance africaine avec une palette riche de couleurs énergiques. Entre sculptures et peintures.
Elle a fait ses débuts à la galerie Ammar-Farhat de Sidi Bou Saïd avant d’exposer à la galerie Mille Feuilles de La Marsa, au Palais Kheireddine, au Musée de la Ville de Tunis et à la Galerie El Marsa. À partir de 2002, elle expose à l’étranger: Galerie «De Griffion» d’Anvers et à la Galerie Arcima à Paris. Elle participe également à l’événement «Peinture contemporaine tunisienne» à Washington et au «Mondial Culturel» à Montélimar (France), à «Artuel» foire de l’art à Beyrouth, ainsi qu’à MK Clurlionis-National Museum à Kaunas (Lituanie).
Elle a exposé trois années de suite à la Foire d’Art Contemporain à Paris «Art Paris» ainsi qu’à Dubaï et Abu Dhabi. Ses œuvres font partie de la collection permanente de l’État Tunisien et de plusieurs collectionneurs privés en Tunisie et à l’étranger.
Aicha Filali clôt en beauté cette déambulation artistique. Entre dérision, détournement, humour, clin d’œil, récupération, tableaux objets, dichotomies et anachronismes esthétiques, mémoire en question… Ses retables peints et collés, ses montages numériques, ses divers collages, ses tissus et autres matériaux imprimés, nous mettent plein la vue et l’esprit.
Née en 1956 à Tunis. L’artiste vit et travaille à Tunis. Diplômée de l’Institut Supérieur des Beaux-arts de Tunis (Arts plastiques) et de l’Institut des Beaux-Arts de Nabeul (Art et Communication). L’artiste est docteur en esthétique et sciences de l’Art. Professeur à l’institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis, elle dirige en parallèle le Centre des Arts Vivants de Radès.
Sa carrière d’artiste plasticienne démarre dans le domaine du design appliqué aux objets du patrimoine. Elle réalise de nombreuses collections de vêtements, de bijoux et d’objets qui ont reçu plusieurs distinctions à l’échelle nationale et internationale, dont le prix de l’Unesco pour la création artisanale (1994). Elle s’est ensuite consacrée à la sculpture et aux installations avec des matériaux divers, de la céramique aux tissus, en passant par la photographie et les collages. La plupart des thèmes abordés évoquent la question sociale dans ses multiples prolongements.
Aïcha Filali présente ses œuvres à l’occasion d’expositions personnelles ou collectives à partir de 1984, en Tunisie et à l’étranger (Biennale de Dakar, Sotheby’s Londres). Elle a également réalisé neuf timbres pour la Poste tunisienne entre 1979 et 1985.
Les cinq artistes exposent et s’exposent jusqu’au 26 février 2023. À voir absolument!