Accès à l’eau : Un potentiel hydrique gâché

 

La question de l’eau demeure aussi complexe que compliquée. Trop de barrages, sans trouver suffisamment de foyers, en milieu rural, raccordés au réseau d’eau potable.

« Droit à l’eau : bataille de tous pour tous », ainsi s’intitule la conférence de presse, tenue hier au Snjt à Tunis, à l’initiative de l’association Plateforme tunisienne des alternatives, en partenariat avec ses quatre alliés défenseurs de la même cause, en l’occurrence Nomad 08, Observatoire tunisien de l’économie, Cartographie citoyenne et Observatoire tunisien des eaux. Ceux-ci font partie d’une large coalition civile, unie sous un seul front plaidant pour un nouveau plan d’action, le but étant de garantir le droit d’accès à l’eau potable.

Code des eaux : un projet controversé

C’est bien là le cadre dans lequel s’inscrit la conférence d’hier pour aborder, de nouveau, le projet du code des eaux et les rebondissements qui y sont liés, dans la perspective de le repenser, à même de réviser la politique de gestion et de mobilisation de nos ressources hydriques et de l’adapter aux nouveaux modes de consommation. « Cela fait également suite au plaidoyer que nous avons collégialement avec nos partenaires conduit et continuons de mener à bon port, afin de trancher avec toute approche tronquée qui risque de reléguer à l’arrière-plan la question de l’eau, comme uniquement un service soumis à l’offre et non pas une source vitale dont chacun a droit d’accès », avait, d’emblée, clarifié Ala Mzoughi, coordinateur de l’Observatoire tunisien des eaux et directeur exécutif de Nomad 08.

Il a appelé ses alliés à s’unir contre le projet du code des eaux dont les différents drafts si controversés n’ont pas été adoptés, en raison des multiples points litigieux qu’il contient, n’ayant consacré, en aucune façon, le droit à l’eau, dans son acception la plus large. « D’autant plus que le dernier projet y afférent vient d’être soumis au Conseil des ministres par l’ancien ministre de l’Agriculture, Elyes Hamza, et dont on a une copie, n’a rien apporté de nouveau, quitte à revenir à la case départ, avec plein de failles et de manquements », fait-il aussi remarquer. De son côté, l’expert en eau et développement durable, Houcine Rhili, veut que la question de l’eau s’érige en sujet d’opinion publique que nous sommes tous appelés à discuter, afin d’apporter les solutions appropriées. Sinon, craint-il, on ne saura jamais sortir de la crise d’eau que nous vivons aujourd’hui.

Vision 2050 est-elle une fausse couche ?

Et d’ajouter qu’une stratégie sur la vision de l’eau 2050 est en cours d’étude, mais on n’en sait rien sur ses projets et ses objectifs d’avenir. Sachant que, indique-t-il, son élaboration est confiée à deux bureaux d’étude étrangers, ce qui pourrait se répercuter sur nos propres choix nationaux dans le domaine et compromettre, à ses dires, notre sécurité alimentaire. « Ses études faites derrière des portes fermées ne pourraient guère voir le jour, faute d’efficience et d’efficacité », juge-t-il, soulignant que l’objectif est la privatisation du secteur de l’eau. Car, selon lui, l’eau, cette source vitale inestimable,  ne peut être réduite à un simple secteur économique soumis à la gestion de l’offre et de la demande. « L’eau revêt plutôt une dimension vitale, économique et sociale », estime M. Rhili. Et partant, cette vision serait-elle une fausse couche ?

Plan d’action urgent !

Sous nos cieux, la question de l’eau demeure aussi complexe que compliquée. Trop de barrages, s’étonne-t-il, sans trouver suffisamment de foyers, en milieu rural, raccordés au réseau d’eau potable. A titre d’exemple, au bassin minier à Gafsa, 73 % des habitants possèdent de l’eau, mais cette eau n’est pas potable.

Alors qu’au nord-ouest, reconnu pour être un grand réservoir d’eau, 33 % des habitants n’ont pas accès à l’eau potable.

Ceci témoigne, d’après lui, de l’absence de plans de développement et d’approches justes de gestion de l’eau. L’on parle, ici, d’un stress hydrique bien réel, hérité d’un fiasco politique qui datait de dizaines d’années.

En guise d’un plaidoyer, la coalition associative militant pour la cause de l’eau a présenté un plan d’action à plusieurs recommandations, visant le retrait immédiat dudit projet du code des eaux, la tenue d’un dialogue effectif, parant à toute urgence pour désamorcer la crise de l’eau, le droit d’accès à l’information liée à l’eau. Et là, la coalition fait montre de son engagement à aller plus loin pour avoir gain de cause. Nous y reviendrons.

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