Arrestations, tension politique, pressions étrangères : L’heure de tous les défis !

 

La situation en Tunisie fait la Une des médias étrangers et attire jour après jour l’attention des forces étrangères. Il ne se passe pas un jour sans que l’on entende parler d’un communiqué issu d’un pays étranger évoquer les derniers développements en Tunisie. Entretemps, les autorités poursuivent ce qu’elles appellent une guerre contre la corruption ponctuée notamment d’une campagne d’arrestations sans précédent.

La Tunisie est à la croisée des chemins. La situation est vraiment compliquée,   sur le plan politique, mais aussi diplomatique. Une campagne d’arrestations a été lancée suite à une affaire d’un éventuel complot contre la sûreté de l’Etat évoquée par le Président de la République alors que la justice maintient toujours le silence. Cependant, de nombreuses autres personnes ont été arrêtées sur fond de cette campagne et la liste risque de s’allonger. Mais actuellement, les Tunisiens n’ont que les apparitions médiatiques du Président de la République pour prendre connaissance des motifs de ces arrestations, tant que la justice n’a pas organisé une conférence de presse pour dévoiler les derniers éléments de ces affaires.

Pendant ce temps-là, ces derniers rebondissements sont devenus une arme de pression et de persuasion mobilisée par l’opposition politique à l’intérieur comme à l’étranger, et la crise politique ne cesse de s’approfondir.

Cette situation a également intensifié la pression diplomatique occidentale sur la Tunisie et les réactions étrangères n’en finissent pas. Sauf que le Président de la République s’est dit à maintes reprises attaché à la souveraineté de l’Etat.

D’ailleurs, le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a exprimé récemment l’inquiétude des USA concernant des informations selon lesquelles des personnes en Tunisie ont été poursuivies pénalement pour avoir rencontré ou eu des échanges avec des membres de l’ambassade américaine. Il a déclaré que cela faisait partie «d’une tendance croissante d’arrestations de personnes considérées comme critiques envers le gouvernement tunisien».

Bien qu’il n’ait pas identifié les personnes impliquées ni fourni de détails sur les circonstances entourant ces rencontres, il a souligné que toutes les ambassades américaines et tous les diplomates à travers le monde rencontraient diverses personnalités dans tous les pays.

La France préoccupée

De même, ces derniers rebondissements ont été au centre d’un entretien entre la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, et le conseiller de la politique de la Maison-Blanche au Moyen-Orient et coordinateur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au Conseil de sécurité nationale, Brett McGurk.

La discussion a porté, entre autres, sur les relations entre les deux pays et des liens historiques et étroits qui unissent les deux peuples. Les deux parties ont réaffirmé leur engagement mutuel à continuer de renforcer l’engagement diplomatique bilatéral, notamment en soutenant le travail des diplomates de l’ambassade des États- Unis à Tunis et de l’ambassade de Tunisie à Washington.

De son côté, la France a exprimé sa préoccupation face aux récentes vagues d’arrestations en Tunisie, et appelle les autorités tunisiennes à «veiller au respect des libertés individuelles et des libertés publiques, notamment la liberté d’expression».

«La Tunisie a fait des progrès considérables en matière d’État de droit et de libertés publiques depuis 2011. Ces acquis démocratiques doivent être préservés», a communiqué le ministère français des Affaires étrangères.  

Idem pour l’Union européenne qui a dit suivre de près la situation en Tunisie. En effet, lors d’une séance plénière au Parlement européen, la commissaire européenne à l’Égalité Helena Dalli, est revenue sur la situation en Tunisie ainsi que sur les dernières arrestations.

Elle a affirmé à cette occasion que l’Union européenne suit de très près et avec attention et inquiétude les dernières arrestations qui ont eu lieu ces derniers jours. «Nos valeurs sont claires et nous les avons exprimées avec force. Nous pensons que le respect du droit à un procès équitable et les exigences d’une procédure régulière, y compris la transparence judiciaire, sont fondamentaux», a-t-elle dit.

Tension politique inédite

Outre ces pressions étrangères qualifiées d’ingérence par le Président de la République, le pays fait face à une tension politique inédite. D’ailleurs, aujourd’hui samedi, l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) organise une manifestation pour s’opposer aux positions des autorités tunisiennes, mais aussi en faveur des libertés syndicales et contre les poursuites en justice visant des membres de la Fédération générale des transports.

Demain dimanche, le Front de salut national organise à son tour un grand rassemblement à Tunis, qui n’a pas été autorisé par le gouverneur. Ces développements risquent, en effet, de faire dégrader davantage le climat social et politique en Tunisie, dans une phase le moins qu’on puisse dire, compliquée. 

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