Les arguments fallacieux de la bonne gestion des deniers publics n’empêcheront pas la parution de nos journaux : Les trouble-fêtes

Deux présidents ont sauvé Snipe-La Presse d’une mort annoncée : Bourguiba et Kaïs Saïed. Le premier a décidé de maintenir la parution du journal La Presse de Tunisie en 1967, quand a éclaté au grand jour une affaire de trafic de devises dans la quelle aurait été impliqué le fondateur du journal, Henry Smadja, dont les biens ont été confisqués par la suite, y compris le journal.

A cette époque-là, des voix se sont élevées pour revendiquer la liquidation du journal mais Bourguiba a vite tranché la question en insufflant une nouvelle vie au quotidien francophone et avait même l’ambition d’en faire Le Monde de Tunisie. Le deuxième est sans doute Kaïs Saïed qui a rendu visite au siège de Snipe-La Presse samedi dernier et dans laquelle il a affirmé son attachement à la presse écrite et notamment ses deux journaux La Presse de Tunisie et Assahafa. C’était un message fort qui a mis fin aux tergiversations et à l’hésitation sur la destinée et la pérennité de Snipe-La Presse et Assahafa. Un geste qui a été hautement salué par les employés de l’entreprise, journalistes et techniciens.

Mais il semble que ce message du plus haut sommet de l’État n’a pas trouvé bon écho chez certains hauts commis de l’État, encore englués dans une bureaucratie sans limites qui bloque, dérange ces têtes pensantes qui ne fonctionnent que pour créer des problèmes futiles et non pas pour proposer des solutions à la hauteur de l’engagement du Chef de l’État. C’est dans ce cadre que les salaires servis hier, après 13 jours de retard, ont été sabrés et ont connu des coupes conséquentes. Ces coupes ont concerné les primes de nuit, le travail des dimanches et jours fériés. Quand on sait que les journaux sont édités le soir et sept jours sur sept, une telle mesure  va à contresens du message du Président puisqu’elle a pour objectif de mettre fin à ces heures de labeur à la sueur du front de ceux qui l’ont accompli. C’est aussi un arrêt de mort pour les journaux qui ne peuvent continuer de paraître que si ce travail de nuit se poursuit. En effet, faut-il rappeler que le rôle de la tutelle est de réunir les conditions nécessaires à la poursuite de l’édition des journaux de Snipe-La Presse et non pas de l’étouffer par des saisies sur les comptes et de la privation de ses journalistes et techniciens de leurs droits.

Les commis de l’État censés veiller sur la pérennité des journaux publics sont devenus des acteurs effectifs dans la stratégie et la liquidation pure et simples de ces supports. Car, quand on tire à boulets rouges sur ces journaux, quand on prend en otages les journalistes et les techniciens, on ne peut que baliser la voie de son propre échec. Un échec qui sera de toute façon cuisant pour tous. En effet, il est simple, voire facile, de se dérober de sa responsabilité et d’utiliser les arguments de la bonne gestion pour saboter ces médias, mais ce sera peine perdue. Car nos journaux continueront de paraître malgré tous les défis et les employés de Snipe-La Presse seront là pour relever tous ces défis en attendant les mesures qui seront bientôt annoncées. Car la visite du Président de la République n’était pas une simple visite de courtoisie mais un ordre pour redonner vie à la presse écrite. A bon entendeur, salut !

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