Une démission, un message

Editorial La Presse

 

Le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, a annoncé hier avoir remis sa démission au Chef de l’Etat. Ses propos devant les médias étaient touchants quand il a justifié sa décision par l’obligation en tant que père de veiller sur ses enfants orphelins de leur mère et que la charge de la responsabilité l’empêchait d’assumer cette responsabilité familiale. Cette décision, motivée par des raisons familiales, a été affectueusement acceptée par le Président de la République qui perd, par cette démission, l’un des piliers de son gouvernement en pleine guerre contre les spéculateurs, les contrebandiers et les comploteurs contre la sûreté de l’Etat. Il faut reconnaître aussi que le ministre de l’Intérieur est, depuis sa nomination, soumis à un rythme de vie épuisant. Pendant son mandat, il a été tel un lutteur dans la tempête et avec la perte de sa femme, un prince de la solitude. Mais par son ultime acte, il ne déserte pas en plein combat mais offre une occasion à Saïed pour apaiser ses relations avec l’Union européenne et les autres puissances qui estiment que les dernières interpellations en série contre des hommes politiques, des journalistes et des hommes d’affaires sont politiques et constituent une dérive sécuritaire. C’est donc une démission qui n’est pas dénuée de sens et de sacrifices pour un homme dont l’ambition n’a été que de servir son pays. Il en a eu le courage et il en a payé le prix par le décès accidentel de sa femme. Un douloureux souvenir dont Charfeddine portera une blessure à jamais, mais il quitte son poste avec honneur et dignité. Il n’a pas voulu en dire plus sur sa décision, mais on sait que ce droit de réserve nous rappelle l’attitude des grands hommes d’Etat qui se comptent désormais sur le bout des doigts dans notre pays. D’aucuns garderont de lui le souvenir d’un homme dévoué et patriote, mais d’autres n’hésiteront pas à affûter leurs armes pour le critiquer au scalpel. Mais l’histoire nous révèlera à coup sûr l’essence de cet homme, sa valeur ou ses failles. Toutefois, son argument de vouloir s’occuper de ses enfants est fort valable et compréhensible et, dans l’ordre des priorités, mérite pour le moment compassion et respect.

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