Zoomactu: Difficile traversée du stress hydrique

Source de vie, l’eau est devenue aujourd’hui une ressource rare qui suscite encore et toujours des débats approfondis. Ce dossier d’actualité brûlante est au cœur des priorités de l’Etat, il est même au cœur d’une bataille livrée par les différentes parties prenantes (ministères de l’Agriculture, de l’Environnement, de l’Industrie… et de la Sonede) qui font face à une difficile traversée du stress hydrique qui persiste depuis des années.

Les appels alarmistes livrés par les experts n’en finissent pas, tirant quotidiennement la sonnette d’alarme sur la situation de l’eau en Tunisie.

Comme bon nombre de pays dans le monde, nous traversons une période très difficile marquée par un stress hydrique, imposée par le changement climatique mondial, d’où les répercussions sur les pluviométries (qui sont en nets reculs ces dernières années) sont désastreuses, sans ignorer le niveau des barrages d’eau qui, à leurs tours, ont connu une nette baisse, de quoi rendre la gestion et l’alimentation de l’eau potable un véritable défi. Cette source précieuse pose un sérieux souci, car le stress hydrique que le pays traverse actuellement est devenu très préoccupant.

Cette difficile situation a été évoquée récemment par Hamadi Habaieb, directeur général du Bureau de la Planification et des Equilibres hydrauliques, au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, qui a dû préciser que «le déficit pluviométrique, ayant atteint plus de 50% durant la période allant de septembre 2022 à la mi-mars 2023, a entraîné un manque de plus d’un milliard de m3 en termes d’apports aux barrages. Les réserves en eau disponibles dans les barrages (37 barrages au total) ont ainsi baissé de 390 millions de m3, par rapport à la même période de 2022».

Le responsable affirme également que le déficit pluviométrique a eu un impact sur le système hydraulique de l’extrême Nord qui regroupe plus de 18 barrages, alimente 7 gouvernorats en eaux d’irrigation (Béja, Bizerte, Grand-Tunis et Nabeul) et fournit l’eau potable aux gouvernorats du Grand-Tunis, Nabeul, Sousse et Sfax.

Et d’ajouter : le taux de remplissage du barrage de Sidi-Salem (Testour-Béja), le plus grand barrage de Tunisie (avec une capacité de 580 millions de m3), ne dépasse actuellement pas 16%, a-t-il précisé, soulignant la situation très critique de ce barrage très impacté par les changements climatiques.

Le ministère «œuvre actuellement à fournir l’eau potable et d’irrigation à partir des barrages de Sidi Barrak et Sejnane. Quelque 850.000 m3 sont quotidiennement transférés à partir du système hydraulique du Nord, pour assurer la disponibilité de l’eau potable. Il accorde, en effet, la priorité à l’eau potable, puis aux grandes cultures et à l’irrigation des arbres fruitiers».

Cette situation extrêmement délicate a poussé le gouvernement à opter vers d’autres solutions, durables et salvatrices, comme ce fut le cas pour les grands projets de réalisation des stations de dessalement de l’eau de mer. Ainsi, les choix retenus concernent l’orientation des eaux issues des stations de dessalement (celle de Djerba et les 3 autres en cours de réalisation à Gabès, Sfax et Sousse) vers les besoins en eau potable. De même, il est question d’intensifier «l’utilisation des eaux traitées dans l’irrigation des grandes cultures face à la rareté des ressources en eau, sachant que l’utilisation de ces eaux par le secteur agricole ne dépasse pas actuellement 8%».

De son côté, un responsable de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap) a fait savoir que le gouvernement projette de procéder au dessalement de 650 millions de m3 d’eau de mer et de recycler plus de 350 millions de m3 d’eaux usées, afin les utiliser dans le secteur agricole.

Il a, à cet égard, «mis l’accent sur l’impératif d’accélérer la création de stations de dessalement de l’eau de mer, afin d’alléger la pression sur les ressources hydriques conventionnelles ainsi que sur les eaux souterraines et de réorienter l’eau potable vers l’irrigation. L’objectif étant de garantir la sécurité alimentaire».

Face au stress hydrique et sa persévérance dans le temps, les spécialistes en eau préconisent, comme solutions, d’opter vers une nouvelle politique permettant une meilleure et plus efficace gestion et alimentation de l’eau potable au pays dans une conjointure hydrique pareille.

Toujours selon Hamadi Hbaieb , «il semble que la Tunisie se dirige, pour l’été prochain, vers le rationnement de l’eau potable, qui sera mis en place durant les nuits d’été». Cela concernerait certains gouvernorats où le stress hydrique est le plus extrême. L’objectif, selon le responsable, est de rationaliser la consommation d’eau potable.

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