Ramadan à Kairouan : Piété et solidarité

 

Au cours de ce mois saint, l’élan de solidarité est très importants dans notre pays.

Dans le gouvernorat de Kairouan, et à titre d’exemple, les familles nécessiteuses et à revenus limités ont bénéficié d’aides nationales, locales et régionales. Ainsi, l’aide sociale pour le mois de Ramadan, allouée cette année au gouvernorat de Kairouan, a atteint une valeur totale d’environ 550.000 dinars qui sera complétée par les aides prévues pour l’Aïd El Fitr.

M. Adnen Essid, responsable régional de la solidarité sociale à Kairouan, nous précise dans ce contexte que le programme spécifique du mois de Ramadan a prévu la distribution de colis alimentaires pour 9.700 familles nécessiteuses au niveau de toutes les délégations.

En outre, des repas d’iftar sont organisés au profit de 300 bénéficiaires, sachant qu’une partie de ces aides est livrée sur place aux besoins spécifiques et aux personnes âgées.

Par ailleurs, les familles aisées viennent en aide aux plus nécessiteux en leur offrant des repas à la rupture du jeûne. Et un grand nombre d’associations et d’ONG s’emploient à organiser des tables de rupture du jeûne et à distribuer des couffins de denrées alimentaires.

Lundi 3 avril, 12e jour du mois de Ramadan, à 18h20, les rues de Kairouan se dépeuplent et les rares personnes qu’on croise sont pressées de regagner leur domicile, chargées de toutes sortes de douceurs. Et au centre de protection des personnes âgées où le Comité régional de solidarité sociale organise des repas d’iftar au profit de 80 familles nécessiteuses, nous croisons Lotfi Rebhi, 60 ans, venu prendre son plateau comprenant une salade, une pièce de brik, de la soupe et du couscous au poulet : «D’habitude, on rompt le jeûne au sein de ce centre, mais depuis l’année dernière, tous les bénéficiaires viennent chercher leur repas et leur collation du s’hour à cause de travaux d’extension et de restauration… Ici, personne ne juge personne. La dignité c’est très important pour nous. Grâce à la solidarité sociale, notre vie est devenue plus digne. Par le passé, notre existence était austère et on était des mendiants qui faisaient le tour des maisons pour avoir un peu de nourriture…».

La table de l’hospitalité à Hajeb El Ayoun

La délégation de Hajeb El Ayoun, créée en 1956, se trouve à 75 km de Kairouan et couvre une superficie de 66.000 ha. En outre, 65% de la population vit du secteur agricole et de l’élevage. Beaucoup de campagnards, surtout des localités de Mnassa et d’Essarja, vivent du travail de l’alfa qu’on prélève des montagnes pour la confection de nattes et de couffins.

Arriver à Hajeb El Ayoun une heure après avoir quitté Kairouan, c’est vivre tout éveillé un rêve d’enfant : ruisselante de lumière, cette délégation offre au visiteur le somptueux reflet de toutes les splendeurs de ses paysages.

Deux grands jardins publics bien aménagés, une importante pépinière forestière et plusieurs vergers forment un lieu idéal pour le promeneur avide de calme et d’air pur.

Cela sans oublier la station thermale primitive dont l’eau chaude contient du soufre, conseillée pour le traitement des maladies de la peau et qui se trouve à Hdaya, à 7 km d’El Hajeb. Mais elle mériterait d’être aménagée et entretenue davantage, vu son état insalubre.

Par ailleurs, la vie associative à Hajeb El Ayoun est très active. On citerait l’exemple de l’association «Ijtihad et développement» dont les responsables et les adhérents ont organisé, au cours de ce mois saint, une tente géante sur la GP III pour offrir des repas d’iftar aux passagers transitant par cette route et originaires de Médenine, Nefta, Tozeur, Gabès, Kébili et même d’Algérie et de Libye…

Même les passagers sont servis

Madame Ourida Bouallegui, présidente de cette association, nous explique qu’au début du mois saint, on a organisé cette vaste tente pour y accueillir tous ceux qui passent par cette route, au moment de l’Iftar, afin de se reposer et de rompre le jeûne : «Et comme notre tente se trouve à proximité d’un restaurant fermé à cause du mois saint, son propriétaire nous a permis d’y accueillir tous les passagers afin qu’ils soient plus à l’aise. Et nous avons quand même gardé l’installation de cette tente afin d’attirer l’attention des passants. Un accueil hospitalier pour des conducteurs privilégiés !».

En ce mercredi 5 avril, 14e jour du mois saint, vers 18h50, nous pénétrons dans ce restaurant devant lequel des camions et des voitures de passage étaient stationnés.

A la radio, on passe des chansons religieuses. Ses responsables veuillent à ce que les hôtes du resto bénéficient de prestations de bon niveau. On retrouve parmi eux des chauffeurs, des pères de famille, des transporteurs…

Au menu, une salade tunisienne, une soupe, du brick suivi d’un couscous à l’agneau et enfin des oranges pour le dessert.

Salah Cherif, originaire de Tozeur, nous confie : «Je passais par cette route pour aller à Tunis pour des obligations familiales, et j’ai été agréablement surpris par cette tente d’Iftar gratuite pour tous les «Aber Sbil». Bravo à tous les responsables pour cette excellente initiative qui laisse un très bon souvenir…»

Autour de toutes les tables, l’ambiance était à la fête, on plaisante, on se raconte des histoires et on tisse de nouveaux liens, parfois professionnels.

Nous regardions ces gens reconnaissants et heureux, le temps d’un repas d’Iftar, nous nous abandonnions à leur sentiment de gratitude et un bonheur indicible nous envahit…

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